Depuis l’allègement des mesures restrictives, il y a en effet une forme d’insouciance qui s’est insidieusement immiscée dans la conscience collective, poussant beaucoup de citoyens à reprendre leurs interactions sociales, sans aucune retenue ni prudence.
Les masques sont tombés, on s’oublie dans des accolades, on ne respecte plus la distanciation physique… Pourtant, nous sommes toujours en pleine pandémie, et le coronavirus, à force de muter, continue toujours à aligner ses victimes. Le variant Delta (indien) en particulier, réputé beaucoup plus contagieux, est agité par les scientifiques comme un épouvantail.
A raison d’ailleurs, car à cause de ce variant, dans beaucoup de pays, même ceux où la campagne de vaccination est très avancée, la situation sanitaire s’est considérablement dégradée, poussant les autorités à restreindre les libertés individuelles.
Rebond épidémique en Russie, hôpitaux saturés en Indonésie et Bengladesh, ralentissement du déconfinement et durcissement des restrictions au Portugal et au Royaume-Uni, reconfinement de Sydney pour deux semaines, tour de vis sanitaire en Afrique du Sud, troisième vague en Tunisie et confinement partiel de la capitale… Bref, le variant Delta, présent maintenant dans près de 100 pays, est en train de semer le chaos.
Et c’est pourquoi l’Organisation mondiale de la santé a alerté sur le fait que «nous sommes dans une étape très dangereuse de cette pandémie». Dès lors, ce qui se trame actuellement au Maroc n’est pas du tout de bon augure. Depuis quelques semaines, les autorités multiplient les appels à la vigilance et au respect des mesures barrières face à la détérioration «inquiétante» de la situation sanitaire.
Le ministre de l’Intérieur, qui dénonce des «comportements irresponsables» de la part de certains citoyens, a même dû recadrer les walis et gouverneurs afin qu’ils fassent strictement respecter les mesures de précaution (port du masque, respect de la distanciation physique, respect du couvre-feu nocturne…). De même le Maroc a ajouté l’Egypte, la Russie et la Tunisie à la liste B des pays qui connaissent une propagation des variants.
Sauf que le coronavirus semble circuler de plus belle dans le Royaume, avec une hausse des infections et des cas critiques et une détérioration du R0. Et les autorités sont d’autant plus inquiètes que les vols internationaux ont repris et que l’Aid Al-Adha (fête du mouton), qui induit un déplacement massif des populations, approche.
Dans pareil contexte, le gouvernement est dans l’embarras, d’autant qu’il fait face à un choix cornélien : durcir les restrictions, avec le risque d’étouffer la reprise économique et de plomber davantage des secteurs déjà sinistrés comme le tourisme, ou fermer les yeux, en prenant la responsabilité d’avoir à gérer une nouvelle vague épidémique dont les conséquences peuvent être dramatiques pour un pays qui est loin d’avoir atteint l’immunité collective. Il va falloir trancher en tout cas.
Par D. William