Où va rebondir Tariq Sijilmassi ? C’est la question que tout le monde se pose après son remplacement par Nourreddine Boutayeb, que le Roi Mohammed VI a nommé, mercredi, président du Directoire du Crédit Agricole du Maroc (CAM).
Dès jeudi 14juillet, la passation des pouvoirs a eu lieu entre les deux hommes, en présence du ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Mohamed Sadiki. Une occasion pour ce dernier de rappeler le rôle central que joue le Groupe CAM (GCAM) dans le soutien de l’agriculture marocaine, en particulier, et le développement économique du Royaume, en général.
Sadiki a ainsi souligné «le rôle du CAM en tant que partenaire financier de référence des stratégies nationales destinées au secteur agricole et au développement du monde rural», tout en rappelant «son engagement pour accompagner les différents piliers du Plan Maroc Vert (PMV) avec des solutions avant-gardistes qui ont fortement impacté le secteur et contribué de façon significative à l'opérationnalisation dudit plan». Plan Maroc Vert, Generation Green.., le GCAM est donc résolument au service des politiques publiques dans le domaine agricole et rural.
Rendons cependant à César ce qui appartient à César : si le groupe a atteint une telle dimension, c’est grâce à l’énorme travail accompli par Sijilmassi depuis deux décennies. Il y a déposé ses baluchons en 2001 pour piloter le pôle Clientèle, avant d’être nommé par le Roi Directeur général en 2003. Trois ans plus tard, il en deviendra le président du Directoire.
Une banque pas comme les autres
A institution particulière, management particulier. Le fort de Sijilmassi est d’avoir réussi à concilier la mission de service public de la banque et la rentabilité. Un exercice d’équilibriste assez périlleux dans un environnement bancaire singulièrement concurrentiel. Pourtant, en bon manager, cet homme discret a réussi à relever ce défi. En initiant une stratégie agressive de diversification de ses services, à travers des filiales érigées en pôles d’excellence, et le lancement de produits de financement innovants, et en développant des synergies optimales, il a fait du CAM un groupe fortement ancré dans le milieu rural, mais également moderne et performant. Des performances qui ont permis à cet établissement de se forger une aura internationale, grâce aux nombreuses distinctions qu’il a glanées : prix Green Mind Award (Fondation CAM - 2014); Meilleure institution de financement du développement en Afrique (GCAM – 2014 et 2017); 3ème meilleure institution de financement et du développement en Afrique (Tamwil El Fellah – 2017); Trade Award et STP Excellence Award – USD clearing (GCAM – 2014); certification Smart Campaign (Tamwil Al Fellah); Prix de la «Banque socialement responsable de l’année» (GCAM- 2017); STP Award 2017 (GCAM), Trophée de l’inclusion financière (GCAM – 2018).
Des distinctions qui confirment les choix justes de Sijilmassi. Des choix qui allient croissance, sécurité, rentabilité, productivité et engagement soutenu en faveur de l’agriculture et l’agro-industrie, tels que définis d’ailleurs dans le plan stratégique Afak 2021. Objectif final : consolider l’ancrage local fort de la banque qui, tout en étant au chevet du monde rural, est tournée vers l’Afrique où son expertise est fortement demandée.
A 59 ans, Sijilmassi quitte donc un Groupe bancaire en plein développement et aux assises financières solides : à fin 2021, l’épargne collectée a atteint 101 Mds de DH (+9%), pour des crédits distribués de 100 Mds de DH (+8%). Le PNB du Groupe s’établit à 4,3 milliards de dirhams, soit une hausse de 7% par rapport à fin 2020, tandis que le résultat net consolidé (387 MDH) et le RNPG (406 MDH) sont en hausse respectivement de 89% et 53% comparativement à fin 2020.
Cette tendance est maintenue au terme du premier trimestre 2022, le PNB marquant une progression de 2,3% à 961 MDH contre 940 MDH au T1-2021, tandis que le RNC (+8%) et le RNPG (+7,4%) s’affichent respectivement à 133 MDH et 140 MDH.
Il s’agira donc pour Nourreddine Boutayeb, qui a fait l’essentiel de sa carrière au ministère de l’Intérieur, de consolider la dynamique de développement et de croissance du Groupe bancaire, impulsée par Sijilmassi. Il compte d’ailleurs s’inscrire dans cette veine, d’autant qu’il a laissé entendre, lors de la passation des pouvoirs, qu'il «œuvrera efficacement et de concert avec les cadres du CAM pour traiter toutes les problématiques relatives à l'organisme, dont notamment les projets déjà engagés par M. Sijilmassi durant les dernières années».
La question est maintenant de savoir où est-ce que Sijilmassi va atterrir. De par son expertise et son expérience, ce polyglotte, qui parle couramment l’arabe, le français, le danois et l’anglais, et qui a été décoré en 2016 par le Souverain du Wissam Al Arch de 3ème classe (Officier), a encore beaucoup à apporter à ce Maroc qui se développe et se modernise.
F. Ouriaghli