En janvier et février 2025, les forces de sécurité marocaines ont mené des opérations anti-terroristes spectaculaires. Le 19 février, une intervention simultanée dans plusieurs villes, dont Laâyoune, Casablanca, Fès et Tanger, a conduit à l'arrestation de 12 individus âgés de 18 à 40 ans.
Ces derniers, ayant prêté allégeance à Daech, étaient soupçonnés de préparer des projets terroristes d'une «extrême gravité» orchestrés par Daech depuis le Sahel.
Les perquisitions ont révélé un arsenal impressionnant : matériel explosif en cours d'assemblage, armes blanches de différentes tailles et une somme d'argent en dollars américains.
Le lendemain, le 20 février, les investigations ont conduit les autorités à une zone montagneuse reculée de la province d'Errachidia. Là, sous un relief rocheux difficile d'accès, une cache d'armes a été découverte, contenant notamment des fusils d'assaut Kalachnikov et des pistolets de différents modèles.
Les armes étaient soigneusement emballées dans des sacs en plastique et des journaux maliens datant du 27 janvier 2025, et auraient transité par des circuits de contrebande clandestins avant d'être stockées au Maroc.
Ces succès ne sont pas le fruit du hasard. Ils résultent d'une stratégie multidimensionnelle adoptée par le Maroc en matière de lutte anti-terroriste.
Le Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ), bras armé de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), joue un rôle central dans cette approche.
Depuis sa création en 2015, le BCIJ a démantelé près d’une centaine de cellules terroristes, en lien en majorité avec Daech. Rien qu’en 2024, 32 individus ont été interpellés pour terrorisme, dont 5 pour des projets d’attentats imminents.
L'efficacité des services marocains repose sur plusieurs piliers essentiels : renseignement pointu, rapidité d’intervention et coopération internationale. Cette approche vaut au Royaume une reconnaissance internationale, ses actions en matière de lutte anti-terroriste étant saluées tant aux Etats-Unis qu’au sein de l’Union européenne.
Membre très actif du Forum global de lutte contre le terrorisme (GCTF), le Maroc fournit ainsi régulièrement des renseignements de premier ordre permettant de neutraliser des menaces bien au-delà de ses frontières. Une preuve supplémentaire qu’il ne se contente pas de protéger son territoire, mais contribue activement à la sécurité mondiale.
C’est d’ailleurs dans le cadre de cette coopération internationale que le 3 février courant, la Garde civile espagnole a interpellé sept membres présumés de Daech grâce à des renseignements fournis par la DGST marocaine.
Le Sahel, une poudrière aux portes du Maroc
Si le Maroc parvient à contenir la menace sur son territoire, la situation est bien plus préoccupante dans la région du Sahel où la gangrène terroriste se propage dangereusement.
Cette vaste étendue désertique est devenue le terrain de jeu favori de multiples organisations terroristes. L'absence d'autorité étatique forte dans certaines zones, combinée à des conditions socio-économiques précaires, offre un terreau fertile pour l'expansion de groupes extrémistes.
Le Mali, le Niger et le Burkina Faso sont ainsi devenus des sanctuaires pour des groupes armés djihadistes, qui rivalisent de violence pour le contrôle des routes de contrebande et des ressources naturelles.
Selon Leonardo Santos Simão, représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, «le terrorisme est la cause principale des souffrances de la population» dans cette région. Les attaques répétées contre les civils, les enlèvements et les affrontements armés ont conduit à une crise humanitaire sans précédent.
Le Maroc, conscient de la porosité des frontières et des risques d'infiltration, renforce sa vigilance le long de sa frontière orientale. La découverte de la cache d'armes à Errachidia, près de la frontière avec l'Algérie, illustre bien cette réalité. C’est dire qu’avec un Sahel livré aux extrémistes, le Maroc est plus que jamais résolu à s’imposer comme un rempart face à l’expansion du terrorisme. Et c’est un combat de tous les jours.
F. Ouriaghli