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Du gaz dans l’air

Du gaz dans l’air

L’air de rien, il y a du gaz dans l’air. Le gaz est devenu une arme géopolitique majeure dans cette conjoncture internationale particulièrement houleuse. Certains, à l’image de l’Algérie, l’agitent pour faire du chantage, d’autres, notamment la Russie, comme moyen de pression en guise de réponse aux sanctions occidentales à cause de la guerre en Ukraine.

Le voisin algérien, en décidant unilatéralement la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe (GME) en octobre dernier, croyait pouvoir asphyxier l’économie marocaine et la mettre à genou. Sauf que le Royaume a su anticiper le coup, Alger n’ayant cessé, bien avant, de multiplier les signaux d’hostilité. Appels à des attentats terroristes sur le territoire national, désignation du Maroc comme responsable des incendies de Kabylie, rappel de l’ambassadeur algérien au Maroc…, le pouvoir algérien a usé de toutes ces manœuvres perfides afin de pourrir les relations entre les deux pays. Il était alors aisé de décrypter le jeu d’Alger.

Le Maroc a su intelligemment diversifier ses sources d’approvisionnement et a effectué sa première sortie sur le marché international du gaz. Il a ainsi pu remettre en service ses centrales à cycles combinés de Tahaddart et Aîn Béni Mathar à partir du GNL (Gaz naturel liquéfié) importé du marché international. L’approvisionnement de ces deux centrales en gaz naturel est d’ailleurs assuré par le GME via l’interconnexion gazière Maroc-Espagne fonctionnant en mode flux inverse. Le Royaume assure ainsi son approvisionnement en gaz naturel en concluant des contrats d’achat de GNL sur le marché international et en utilisant les infrastructures gazières des opérateurs espagnols et le GME.

Aujourd’hui, même l’Espagne, qui se rend compte qu’elle a un partenaire peu fiable et adepte du chantage, se détourne progressivement du gaz algérien en réduisant drastiquement ses importations. Les achats de gaz en provenance d'Algérie ont chuté de 41,11% au premier semestre 2022 par rapport à la même période de l'année précédente. Les Espagnols misent désormais sur le gaz des Américains, qui consolident leur position de principal fournisseur de gaz de l'Espagne, avec 34,4% des achats (78.078 GWh), soit 4,3 fois plus qu’au premier semestre 2021. En Europe aussi, la Russie agite le gaz comme épouvantail.

«Les Russes ne peuvent pas nous changer ou nous affaiblir de manière significative. C'est un petit pays. C'est un pays plus faible. Leur économie ne produit rien que quiconque veuille acheter, sauf du pétrole, du gaz et des armes. Ils n'innovent pas. Mais ils peuvent nous impacter si nous perdons de vue qui nous sommes», dixit l’ancien président américain Barack Obama. Il ne croyait pas si bien dire. Avec son gaz, la Russie de Poutine a démontré sa capacité de nuisance et prouvé qu’elle peut faire mal à l’Europe.

Une Europe très inquiète actuellement, puisque la Russie a fermé lundi 11 juillet les vannes de Nord Stream 1, le plus gros gazoduc alimentant l’Europe de l’Ouest, qui avait déjà revu à la baisse ses livraisons de 60%. Motif de cet arrêt  : une maintenance qui devrait durer 10 jours. Sauf que dans ce contexte de guerre russo-ukrainienne, les Européens doutent fort de la réouverture des vannes après ce délai. Et s’inquiètent pour l’hiver qui arrive. En Allemagne, Autriche, Italie, France… on penche d’ores et déjà pour le scénario du pire, à savoir une coupure totale du gaz russe et des prix de l’énergie qui vont flamber. Comme dirait l’autre, à la guerre comme à la guerre. Poutine fait du gaz son allié. Son arme économique. 

 

 

 

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