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Eau rage, eau désespoir !

Eau rage, eau désespoir !

Vous l’aurez compris. Ce n’est pas le monologue de Don Diègue, dans Le Cid, de Corneille (Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !...). Mais convenons-en : le Maroc lutte désespérément pour résoudre le problème structurel du stress hydrique auquel il est confronté. Ce sujet restera au centre des priorités gouvernementales au cours des prochaines années. Parce que, sans vouloir être trop pessimiste, la situation est quand même assez critique. Selon le rapport du World Resources Institute (WRI), le Maroc figure parmi les pays qui souffrent le plus du stress hydrique. Sur un total de 164 pays, il se classe à la 23ème place du classement mondial, se situant dans la case des pays avec un taux de stress hydrique «élevé».

Ces données sont confirmées par la Banque mondiale, qui souligne qu’entre 1960 et 2020, les ressources hydriques renouvelables disponibles ont diminué, pour passer de 2.560 m3 à environ 620 m3 par personne et par an, entraînant le pays dans une situation de «stress hydrique structurel». Un constat partagé par le ministre de l’Equipement et de l’Eau.

Mardi dernier, au Parlement, Nizar Baraka a admis «un recul structurel des ressources hydriques en raison des changements climatiques et de la hausse des températures moyennes, avec un repli des importations d’eau durant les dernières années à 14 milliards de mètres cubes». Aussi, se désole-t-il, «les retenues des barrages ont atteint 4,78 milliards de mètres cubes, avec un taux de remplissage ne dépassant pas les 30%, ce qui constitue une moyenne très maigre». Le gouvernement n’est cependant pas fataliste. Il s’échine à trouver des solutions.

L’interconnexion entre les bassins de Sebou et celui de Bouregreg en est une. Ce projet, achevé à 99%, permettra l’approvisionnement des populations de Rabat et de Casablanca en 300 à 400 millions de mètres cubes d’eau potable annuellement. Les travaux de transfert des eaux du barrage de garde du Sebou vers le barrage Sidi Mohammed Ben Abdellah débuteront à la fin de l’été.

Parallèlement, la tutelle accélère le rythme de réalisation des grands barrages déjà prévus : les délais d’achèvement sont raccourcis entre 6 et 14 mois. De même, il est programmé la construction de 8 autres grands barrages entre 2023 et 2027, et le lancement d’appels d’offres pour réaliser les travaux de construction de 5 barrages moyens, avec une capacité de stockage totale de 63 millions de mètres cubes. En outre, s’agissant des petits barrages et des lacs collinaires, Baraka informe qu’il sera procédé, sur une base contractuelle avec les régions, à la réalisation de 129 barrages au cours des deux prochaines années avec une enveloppe budgétaire de 4,27 milliards de dirhams. Si tant est que ça peut nous consoler, la situation hydrique du Royaume n’est pas unique. Car, selon les Nations unies, la pénurie d'eau touche actuellement près de 700 millions de personnes dans 43 pays.

Et en 2025, 1,8 milliard de personnes vivront dans des pays ou régions touchés par une pénurie d'eau complète, et les deux tiers de la population mondiale pourraient vivre dans des conditions de stress hydrique. Par ailleurs, selon le scénario actuel sur le changement climatique, près de la moitié de la population de la planète vivra dans des régions soumises à un fort stress hydrique d'ici 2030, dont entre 75 et 250 millions de personnes en Afrique. De plus, la pénurie d'eau dans certaines régions arides et semi-arides poussera entre 24 et 700 millions de personnes à se déplacer. De quoi, au Maroc, voir le verre à moitié plein.

 

 

 

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