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Économie marocaine : Signaux mitigés

Économie marocaine : Signaux mitigés

Entre signes de résilience et défi s structurels, le Royaume évolue dans une dynamique économique complexe, où la croissance, bien que positive, reste freinée par des vulnérabilités internes et externes.

Au deuxième trimestre 2024, l’économie nationale a affiché une croissance de 2,4%, en léger recul par rapport à la même période en 2023 (2,5%). Cette stagnation masque une dualité marquée : d’un côté, une contraction notable de 4,5% de la valeur ajoutée agricole, reflet des sécheresses récurrentes et de l’aggravation du stress hydrique; de l’autre, une progression robuste de 3,2% des activités non agricoles, illustrant une diversification progressive mais encore insuffisante pour compenser les fragilités du secteur primaire.

Du côté de la demande, la consommation intérieure reste le principal moteur, contribuant à hauteur de 5,2 points à la croissance, tandis que les échanges extérieurs, grevés par un déficit commercial en hausse de 5,2%, ont pesé négativement (-2,9 points). Entre le troisième trimestre 2023 et la même période en 2024, l’économie marocaine a créé 213.000 emplois, principalement dans les services (+258.000), le BTP (+57.000) et l’industrie (+23.000).

En revanche, le secteur agricole continue de perdre du terrain, avec 124.000 postes supprimés. Cette dynamique a permis une légère hausse du taux d’activité (43,6% contre 43,2%), mais le taux de chômage, à 13,6%, demeure préoccupant, reflétant des tensions structurelles sur le marché de l’emploi.

Des comptes extérieurs sous pression

Les exportations marocaines ont progressé de 6,2% sur les dix premiers mois de 2024, grâce notamment aux secteurs automobile, aéronautique et phosphates. Toutefois, cette dynamique reste insuffisante pour endiguer la progression des importations (+5,8%), alimentée par les besoins en biens d’équipement et produits finis de consommation.

La facture énergétique, bien qu’en diminution, continue de peser sur la balance commerciale. Parallèlement, les recettes de voyages ont bondi de 9,3%, atteignant des niveaux record, et les transferts des MRE ont progressé de 3,9%, consolidant leur rôle crucial dans le financement du compte courant. Les finances publiques continuent de faire face à des défis structurels. Au cours des dix premiers mois de l’année, le déficit budgétaire s’est creusé à 49 milliards de dirhams, malgré une amélioration notable des recettes ordinaires (+13,6%). Les dépenses, notamment celles liées à l’investissement (+9,9%), reflètent les efforts du gouvernement pour soutenir la croissance, mais la charge de la dette publique, en hausse de 5,8%, demeure un enjeu majeur.

Inflation maîtrisée, mais vigilance requise

Après une flambée à 6,1% en 2023, l’inflation a nettement décéléré en 2024, atteignant 1% en moyenne. Ce ralentissement s’explique par la baisse des prix des produits alimentaires volatils et des carburants. Toutefois, l’inflation sousjacente, à 2,2% en octobre, traduit des pressions persistantes, notamment liées aux sécheresses et aux tensions sur les chaînes d’approvisionnement.

Les projections de BAM tablent sur une reprise modérée de la croissance à 3,9% en 2025 et 2026, portée par une hypothèse de campagnes agricoles moyennes et une dynamique continue des secteurs non agricoles. Toutefois, les risques demeurent élevés : stress hydrique, volatilité des marchés internationaux et incertitudes géopolitiques. Face à ces défis, le Maroc doit accélérer ses réformes structurelles, notamment pour renforcer la résilience de son agriculture, diversifier davantage son économie et optimiser la gestion de sa dette publique. 

 

 

 

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