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Egalité genre: Le modèle de développement tord le cou aux clichés

Egalité genre: Le modèle de développement tord le cou aux clichés
Les enjeux d’égalité sont avant tout des enjeux de développement. 
 
Le Maroc moderne ne saurait se construire en marginalisant une partie de ses forces vives, la femme en l’occurence.
 
 
Par. F.Z.Ourighali
 
 
Le rapport général sur le nouveau modèle de développement (RNM) a ratissé large. Il a notamment mis à mal les clichés, idées préconçues et autres stéréotypes fortement ancrés dans la société marocaine et malheureusement véhiculés dans les plus hautes sphères de l’Etat. Il a surtout pris le contrepied de l’ex-chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui, dans une déclaration hallucinante, avait déclaré : «Il y a un problème par rapport au rôle de la femme dans la famille moderne (...) Lorsque la femme est sortie des foyers, ceux-ci sont devenus sombres (…). Vous qui êtes là, vous avez été éduqués dans des maisons où il y avait des lustres. Ces lustres étaient vos mères». 
 
Forcément, quand la femme est uniquement appréhendée sous ce prisme très réducteur, on voit mal, en effet, comment elle peut valablement laisser exprimer sa capacité à participer à la création de richesse dans le pays.
 
Le NMD se veut donc un fil conducteur pour remettre les choses à l’endroit. Ou, du moins, s’inscrire concrètement dans l’esprit de la Constitution marocaine en combattant les esprits rétrogrades pour conférer à la femme la place qui est la sienne dans le processus de développement économique.
 
La vérité est là  : le Maroc moderne ne saurait se construire en marginalisant ou en excluant une partie de ses forces vives de ce processus. Auquel cas, l’ambition de doubler le PIB par habitant en l'espace de 15 ans, pour le porter de 7.800 dollars actuellement à 16.000 dollars en 2035, soit un rythme de 6% en moyenne annuellement contre 3% actuellement, se réduirait à une simple vue de l’esprit. Et ce, d’autant que «la résorption des inégalités hommes-femmes, notamment en matière d’accès à l’emploi, générerait un supplément annuel de croissance du PIB entre 0,2% et 1,95%», note le rapport. 
 
C’est pourquoi le NMD s’est fixé des objectifs chiffrés ambitieux. Il s’agit notamment de porter le taux d’activité des femmes de 22% actuellement à 45% en 2035. L'ambition est donc d’arriver à des niveaux comparables à ceux de pays comme 
 
la Malaisie ou le Portugal. Cela, compte tenu du fait que «la participation économique des femmes au Maroc est parmi les plus basses au monde et accuse une diminution progressive au fil du temps».
 
L’objectif est aussi de pousser l’Etat à faire preuve d’exemplarité, en augmentant progressivement 
la part des femmes nommées par décret aux postes d'emploi supérieur, de 11% actuellement 
à 35% en 2035.
 
Un chantier colossal
 
Les enjeux d’égalité sont avant tout des enjeux de développement, encore davantage dans un pays comme le Maroc qui se modernise.
 
Mais dans une société où certains clichés sont fortement enracinés dans la conscience collective, difficile de changer les mentalités. Pourtant, il le faudra afin de pouvoir réduire les inégalités sociales, territoriales et de genre, surtout que le Royaume est tenu par ses engagements, au titre notamment de l’agenda de l’ONU relatif aux Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030.
 
Certes, de l’adoption de la Moudawana à la constitutionnalisation de la parité, en passant par l’égalité totale entre les hommes et les femmes dans le transfert de la nationalité marocaine aux enfantsnés d’un mariage mixte et la ratification du projet de loi relatif à la lutte contre la violence faite aux femmes…, le statut de la femme marocaine a beauccoup évolué. Mais ces avancées restent insuffisantes, se heurtant souvent à la rigidité au changement dans leur concrétisation au quotidien.
 
Dès lors, «le nouveau modèle vise à élargir substantiellement la participation des femmes dans les sphères économiques, politiques et sociales. Cette meilleure intégration, basée sur le développement des capacités, l’accès équitable aux opportunités et la promotion des droits, permettra aux femmes d’être plus autonomes et mieux outillées face aux aléas de la vie, et de consolider leur rôle au sein de la famille et de la société».
 
Cela se fera à travers, entre autres, la levée des contraintes sociales qui limitent la participation des femmes (renforcement de la protection sociale, parité salariale…), le renforcement des dispositifs d’éducation, de formation, d’insertion, d’accompagnement et de financement destinés aux femmes et la promotion des valeurs d’égalité et de parité, tout en assurant une tolérance zéro pour toutes les formes de violences et de discrimination à l’égard des femmes. 
 
Maintenant, au-delà du diagnostic formel, le grand défi du Maroc est de transformer l’essai. Et tout dépendra de la pertinence des politiques publiques et des dispositifs et mécanismes qui seront mis.
 
 
 
 
 
 
 

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