Des gisements d'opportunités existent entre le Maroc et les pays de la CEDEAO dont l’exploitation profiterait conjointement aux deux parties, moyennant la suppression des droits de douanes jusque-là en vigueur, indique une récente étude de la Direction des études et des prévisions financières.
Plusieurs produits pourraient constituer un levier de progression de la part de marché détenue par le Maroc au sein de la CEDEAO notamment, des articles d’habillement, des engrais, des équipements pour distribution d’électricité, des produits agroalimentaires au même titre que les véhicules automobiles, selon cette étude intitulée "Echanges commerciaux Maroc-CEDEAO : Opportunités par pays et par produit".
De son côté, le Maroc pourrait constituer un marché porteur pour plusieurs produits originaires de la CEDEAO, en particulier, les produits énergétiques (pétrole et gaz), les produits alimentaires (cacao, café, graines et fruit oléagineux…), le coton, le bois et produits de bois, les cuirs et les minéraux, note l'étude réalisée en partenariat avec l'Administration des douanes et impôts indirects (ADII).
Outre la suppression des tarifs douaniers, la même étude appelle à lever d'autres contraintes structurelles pour libérer le potentiel du commerce entre le Maroc et la CEDEAO, dont les questions liées à l’insertion dans les chaînes de valeurs régionales, à la compétitivité logistique et à l’intensité de la concurrence qui se déploie au sein des marchés de cette zone, notamment, celle émanant de pays émergents réputés pour leur compétitivité-coût imbattable.
Le dépassement de ces contraintes est tributaire, selon la même source, du renforcement de la connaissance par les opérateurs marocains, particulièrement les PME, des spécificités intrinsèques des marchés de la CEDEAO, au même titre que l’optimisation des actions de la diplomatie économique en direction de cette zone pour assurer un accompagnement de qualité au profit de l’offre exportable nationale.
Le Maroc se distingue comme le pays qui possède le moins de spécialisations semblables aux autres membres de la CEDEAO, relève par ailleurs l'étude, précisant que le Royaume figure au sixième rang des pays de la zone en termes de complémentarité avec les autres membres avec un indice de 0,22 en moyenne et un maximum de 0,26 avec le Ghana.
Globalement, le Maroc et la CEDEAO effectuent des échanges sur 4.349 produits, fait remarquer la DEPF, ajoutant que pour 80,7% d’entre eux, le Maroc et la CEDEAO en sont des importateurs nets, ce qui exclut d’emblée les possibilités de concurrence pour la majeure partie des produits.
De même, 11,6% des produits sont des spécialisations du Maroc et pour lesquelles la CEDEAO est un importateur net, ce qui offre des "opportunités de complémentarité non négligeables" entre les deux parties. Il en est de même pour 5,2% des produits qui sont des spécialisations de la CEDEAO et qui constituent une opportunité de complémentarité pour la Communauté, puisque le Maroc en est importateur net.
De ce fait, les possibilités de concurrence ne concernent que près de 2,5% des produits, résume-t-on.
Pour leur part, les échanges commerciaux entre le Maroc et les pays de la CEDEAO ont connu une tendance haussière au cours des dernières années pour se chiffrer à 10,3 milliards de dirhams en 2017 contre 1,5 milliard en 2000, fait savoir l'étude, qui explique ce rebond "significatif" par le dynamisme des exportations marocaines, qui sont passées de 2,8 milliards dirhams en 2008 à 9,4 milliards en 2017.
Quant aux importations marocaines en provenance de cette région, elles ont augmenté jusqu’en 2011 pour s’établir à 2,7 milliards dirhams, puis se sont inscrites en baisse pour se chiffrer à 0,8 milliard de dirhams en 2017, révèle l'étude, notant toutefois que le solde commercial est globalement excédentaire en faveur du Maroc (+8,5 milliards dirhams en 2017 après 0,2 milliard en 2000).
A rappeler que la présente étude s’inscrit dans le cadre de l’axe stratégique du programme de travail de la DEPF, consacré à l’examen de la politique africaine du Maroc dans sa dimension économique financière et commerciale.