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Flambée des prix : Les maths, selon Lekjaâ

Flambée des prix : Les maths, selon Lekjaâ

 Le ministre du Budget nous a donné une belle leçon de mathématiques. Il s’est plié à cet exercice en utilisant la partie des maths la plus familière au commun des mortels : l’arithmétique. 
 

N’est pas ministre du Budget qui veut. Il faut faire ami avec les chiffres et, surtout, savoir calculer. Jeudi dernier donc, Fouzi Lekjaâ nous a fait la totale…, juste pour nous expliquer pourquoi le Maroc fait face à une flambée des prix.

Mais, surtout pour nous dire : «Circulez, il n’y a rien à dire ni à voir» ! Vous vous imaginez bien qu’il est bien trop intelligent pour le dire en ces termes. Il a su être subtile, jonglant avec les chiffres, utilisant à souhait et avec habilité l’addition, la soustraction et la multiplication.
 
 
LA GRANDE DEMO
Lekjaâ, qui a donné un point de presse à l’issue du Conseil de gouvernement, a d’abord commencé par nous dire que la hausse des prix à la consommation dans le monde et au Maroc s'explique, principalement, par la reprise économique inattendue dans le monde et l'augmentation continue des prix des céréales et des produits pétroliers sur le marché international. 

Cela, on le savait déjà. Mais pour nous en convaincre davantage, il nous l’a démontré à force de calculs savants. En voici le résumé.
 

I/Céréales


          - Les prix à l'international sont passés à 315 dollars/tonne contre 290 dollars/tonne en 2021, soit une progression de 34% par rapport à une année normale.
 
          - Le prix d'un quintal sur le marché international s'est élevé à 340 dirhams en 2022, après 260 dirhams une année auparavant.
 
La réponse de l’Etat et ce que ça lui coûte


        - Suspension des droits de douane sur les importations de blé de février au 15 mai 2021 et de novembre 2021 à avril prochain. Facture pour l’Etat : 550 millions de dirhams.
 
        - Subvention de la farine qui se vend sur le marché à 200 dirhams le quintal. 


                 * Facture pour l’Etat en année normale : presque 1,3 milliard de dirhams.
 
                 * Facture pour l’Etat en 2021 : 3,28 Mds de DH, soit une perte supplémentaire de 2 Mds de DH.
 
                 * Facture pour l’Etat en 2022 : estimée à 3,844 Mds de DH.
 

II/ Produits pétroliers
 

          1/Gaz butane


           - Le prix du gaz butane est fixé sur le marché local à 3,33 dirhams le kilogramme, soit 40 DH pour la bouteille de gaz de 12 kg et 10 DH pour celle de 3 kg. Prix inchangé depuis 1990.
 
           - Au niveau international, le prix du gaz butane est (de janvier au 14 février courant) de 854 dollars la tonne contre 530 dollars la tonne en 2020, et de 509 dollars la tonne en 2021. Ce qui fait une hausse de 60% par rapport à 2020 et 2021.
 
La réponse de l’Etat et ce que ça lui coûte


- Au Maroc, le prix réel d’une bouteille de gaz de 12 kg est de 130 dirhams, ce qui signifie que l’État subventionne chaque bouteille à hauteur de 90 dirhams. 
 
          * Facture pour l’Etat en 2020 : 9 Mds de DH en 2020.
 
          * Facture pour l’Etat en 2021 : 14 Mds de DH en 2021, soit +60%.
 
 
          2/Produits pétroliers liquides
 
            - Le prix de l’essence était d'environ 70 dollars en 2020, avant de grimper à 88 dollars en 2021 et 97 dollars en 2022. Cela explique la hausse du carburant sur le marché national : il a franchi la barre des 10 dirhams en novembre 2021 et 10,9 dirhams en février 2022.
 
            - La taxe sur les produits pétroliers au Maroc s'élève à 10%. Dans les pays voisins, elle est de 20%. 
 
            - Le poids des taxes dans la composition du prix de vente final est de 37% pour le gasoil et 47% pour  l’essence, contre respectivement 53% et 62% dans plusieurs pays.
 Autrement dit : Contrairement aux pratiques dans plusieurs pays, l’Etat marocain taxe moins les produits pétroliers.
 
 
CONCLUSION
 
Il ne faut pas être dupe pour comprendre qu’à travers sa grande démonstration et tous les chiffres qu’il a brandis, le ministre du Budget tente de jouer sur notre psychologie. 

«Regardez tout ce que l’Etat fait pour vous !», nous dit-il en des termes à peine voilés. On pourrait même croire qu’il essaie de culpabiliser cette collectivité qui gronde de plus plus face à l’érosion de son pouvoir d’achat. 

C’est assez madré comme méthode. Mais cela n’occulte pas une réalité : cette flambée des prix grève le pouvoir d’achat des ménages marocains et aucune mesure supplémentaire n’est proposée par l’Etat. 

Au-delà de l’étalage des chiffres, Lekjaâ était davantage attendu sur cet aspect. Car, ne l’oublions pas, l’Exécutif nous a vendu une Loi de Finances qui avait comme principal objectif «la préservation du pouvoir d’achat». Pour l’instant, cela ressemble à une… promesse électorale.
 
F. Ouriaghli

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