La formation et le développement des compétences sont indéniablement les deux moteurs qui servent à mettre un pays sur les rails de l’essor économique, social et scientifique. A l’instar des autres Etats du monde, le Maroc et la France sont de la partie en investissant massivement dans le capital humain.
La coopération entre le Maroc et la France dans le domaine de la formation est multifacette, allant de l'éducation formelle à la formation professionnelle, en passant par la recherche et le développement. Elle vise à renforcer les liens entre les deux pays et à contribuer au développement socio-économique du Maroc. Selon le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, le cadre institutionnel entre le Maroc et la France comprend plus de 476 accords interuniversitaires recensés depuis les années 1990.
En outre, ce cadre est toujours en pleine expansion, notamment avec le lancement, en novembre 2022, d’un appel à projets pour le développement d’accords de double diplomation entre les universités marocaines et françaises. C’est dans ce sillage que le ministre de tutelle, Abdellatif Miraoui, s’est entretenu récemment avec son homologue française, Sylvie Retailleau, au sujet de questions d’intérêt commun et des moyens de raffermir davantage la coopération bilatérale.
«La France est l’un des premiers pays partenaires sur le plan scientifique du Maroc», a affirmé Miraoui, soulignant que les discussions ont porté sur «les grands projets que nous allons mettre en place conjointement pour nos universités marocaines et françaises». Les principaux axes de ces projets portent en l'occurrence sur la mobilité des étudiants, des enseignantschercheurs et des administratifs, ainsi que la formation tout au long de la vie du capital humain dans les universités. Les deux parties ont également discuté du programme «doctorants moniteurs».
Il s’agit, selon le ministre, d’une initiative qui vise à former 1.000 cadres capables de relever le défi de la recherche scientifique, ainsi que la création de structures, de laboratoires et d’instituts de recherche communs sur des thématiques majeures telles que l’eau, l’énergie et l’intelligence artificielle. «Les enjeux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui sont d’une importance capitale, et aucun pays ne peut les relever seul. Dans le cadre de nos échanges avec la France, en particulier, mais également avec toute l’Europe, nous prévoyons de mener plusieurs activités conjointes», a-t-il insisté. Pour sa part, la ministre française a mis l’accent sur l’importance de «mettre en commun nos forces, nos compétences, notre savoir. Nous pensons pouvoir effectivement relever les défis d’aujourd’hui qui se présentent à notre jeunesse, de pouvoir leur offrir des mobilités, d’ouvrir sur des mobilités internationales via la recherche».
Chiffres clés
L’Hexagone apporte une assistance significative au Maroc dans le domaine de la formation professionnelle. Par exemple, le Programme compétences et emploi (PCET), lancé en 2017 avec le soutien financier de la France, vise à renforcer les compétences des jeunes et des demandeurs d'emploi marocains dans des secteurs prioritaires tels que l'industrie, le tourisme et les services. Aujourd’hui, le Maroc souhaite mettre le cap sur d’autres secteurs qu’il considère comme stratégiques. On parle ainsi de sept secteurs qui sont: l’automobile, l’aéronautique, l’offshoring, l’écosystème de la santé, le textile, l’agroalimentaire et l’énergie.
«Ces secteurs sont staffés qualitativement et quantitativement avec une planification annuelle sur trois ans, ce qui permet au dispositif de formation professionnelle qui a été délégué aux secteurs euxmêmes de pouvoir s’autonomiser», explique Ghita Lahlou, Directrice générale de l’Ecole Centrale de Casablanca & vice-présidente de la CGEM. Et de poursuivre : «Nous générons chaque année 180.000 diplômés de l’enseignement supérieur, et la croissance est très rapide, soit plus de 20% qu’en 2019. Nous diplômons environ 55.000 techniciens par an et 19.000 ingénieurs et assimilés, ce qui est à peu près dans la proportion française. Ces jeunes ont plus ou moins un âge médian de 29 ans».
Notons que ce sont quelque 46.371 étudiants marocains qui poursuivaient leurs études supérieures dans les établissements de l’enseignement supérieur français, au titre de l’année académique 2021-2022, d’après les chiffres de Campus France. Les étudiants marocains en France poursuivent des études dans une variété de domaines, notamment les sciences, l'ingénierie, les sciences sociales, les arts et les lettres, le commerce et la gestion, ainsi que la médecine et la santé. Plusieurs d’entre eux voient leurs études en France comme une opportunité d'acquérir des compétences et des qualifications recherchées sur le marché du travail international. Alors que certains choisissent de retourner au Maroc après leurs études pour contribuer au progrès de leur pays, d'autres décident de rester en France ou de poursuivre leur carrière à l'étranger.