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Hausse des prix: le gouvernement muet devant l’inflation

Hausse des prix: le gouvernement muet devant l’inflation

Le Maroc fait face à une inflation importée se traduisant par une hausse des produits alimentaires et des carburants.

Le gouvernement reste passif, alors que la grogne sociale monte.

 

Par D. William

La poussée de la reprise économique postcovid-19 a entraîné de fortes distorsions entre l’offre et la demande et de fortes tensions au niveau des chaînes logistiques mondiales. L’inflation s’est mondialisée. Et il ne s’agit pas d’une gonflette passagère. Dans la zone OCDE, elle a augmenté pour atteindre 6,6% en glissement annuel en décembre 2021, après 5,9% en novembre et seulement 1,2% en décembre 2020. Selon l’OCDE, «il s’agit ainsi du taux d’inflation le plus élevé depuis juillet 1991». Entre décembre 2020 et décembre 2021, les prix de l'énergie dans la zone OCDE ont augmenté de 25,6%, tandis que l'inflation des prix de l’alimentation a également augmenté pour atteindre 6,8% en décembre, après 5,5% en novembre et 3,2% en décembre 2020. «Sur l’ensemble de l’année 2021, l'inflation dans la zone OCDE a atteint 4,0%, après 1,4 % en 2020, soit le taux annuel d’inflation le plus élevé depuis 2000. Les prix de l'énergie ont augmenté de 15,4%. Il s’agit de la plus forte hausse des prix de l’énergie depuis 1981», fait savoir l’Organisation. Le Maroc n’est pas épargné par l’évolution de la conjoncture internationale. Il fait face à une inflation importée qui devient de plus en plus indigeste. Bank Al-Maghrib avait d’ailleurs fait ce constat lors de la réunion du Conseil tenu en décembre dernier, en soulignant notamment que «les données disponibles sur les prix à la consommation font ressortir des hausses sensibles ces derniers mois pour certains produits alimentaires et pour les carburants et lubrifiants». Selon la Banque centrale, «cette évolution résulte essentiellement des pressions externes liées à la flambée de leurs cours sur les marchés internationaux».

Conséquence : elle s’est traduite par une nette accélération de la composante sous-jacente de l’inflation qui est passée de 0,7% en moyenne au cours du premier semestre à 2% au troisième trimestre et à 3,3% en novembre. Elle devrait ressortir, selon les projections de Bank Al-Maghrib, à 1,7% sur l’ensemble de cette année et se situer à 2,7% en 2022, avant de revenir à 1,8% en 2023 avec la dissipation prévue des pressions externes. Malgré ce net accroissement de sa composante fondamentale, l’inflation devrait rester à des niveaux contenus, passant en moyenne de 0,7% en 2020 à 1,4% en 2021, à 2,1% en 2022, puis reculer à 1,4% en 2023, explique BAM.

Le gouvernement muet pour l’instant

Le gouvernement Akhannouch, qui a fait de la préservation du pouvoir d’achat des ménages l’un des marqueurs de sa législature en général, et du Projet de Loi de Finances 2022, en particulier, est en train de déchanter. Ainsi, depuis plusieurs mois, les citoyens font face à une hausse soutenue des prix alimentaires et énergétiques, conséquence de la flambée des cours des matières premières à l’international. Les 16 Mds de DH mobilisés au titre du budget de la Caisse de compensation, et brandis à chaque fois par l’Exécutif lorsqu’il est interpellé sur le problème du pouvoir d’achat, n’empêchent pas les ménages de ressentir le renchérissement du coût de la vie. Car il faut rappeler que ce montant ne garantit que la stabilité des produits subventionnés, à savoir la farine, le sucre et le gaz butane. Or, comme le précise Bouazza Kharrati, président de la Fédération marocaine des droits des consommateurs, «le panier de la ménagère le plus élémentaire compte au moins une quarantaine de produits de large consommation». Et face aux tensions persistantes sur les cours des matières premières à l’international, il faut s’attendre à une hausse généralisée des prix au niveau national de façon plus soutenue. Ce qui va contribuer à davantage rogner le pouvoir d’achat des Marocains, lesquels se plaignent déjà de la flambée des denrées de première nécessité et des prix à la pompe.

D’ailleurs, l’Association marocaine de transport et de la logistique (AMTL) a signifié, lundi 14 février, son ras-le-bol, invitant «ses membres à relever leurs tarifs de transport de 20% afin de pallier la hausse du prix du gasoil, tarifs qui stagnent depuis 2015, année de la fin de la subvention du prix du carburant». Le lendemain, elle s’est rétractée et a demandé à «ses membres d'annuler ladite augmentation, l'association étant en contact avec les autorités gouvernementales afin de trouver une solution optimale aux problèmes rencontrés par les transporteurs». Cela témoigne des tensions actuelles, qui remettent sur le tapis la fameuse libéralisation des prix des hydrocarbures.

Cette flambée des prix à la pompe est en effet le revers d’une décision prise en 2015, période durant laquelle les cours du pétrole étaient au plus bas et tournaient autour de 37 dollars le baril à cause de la surabondance de la production. La donne a maintenant changé. Mardi matin, le cours du Brent se situait à 95,57 dollars le baril, sur fonds de tensions politiques en Europe de l’Est (Russie – Ukraine). Selon certains experts, il pourrait même atteindre la barre symbolique des 100 dollars cette année. Dans pareil contexte, les distributeurs ne se font pas prier pour répercuter la hausse des cours du baril de pétrole sur les prix à la pompe; ce qu’ils font avec beaucoup de parcimonie quand, à l’inverse, le pétrole chute. Dans certaines régions du Maroc, le gasoil atteint actuellement 11 DH le litre, alors que l’essence sans plomb est à un peu plus de 12,5 DH le litre. Clairement, la facture devient de plus en plus salée pour les citoyens. Lesquels s’étonnent de l’inertie du gouvernement, spectateur passif devant ce renchérissement des prix qui nourrit une insidieuse grogne sociale. 

 

 

 

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