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Horizon 2030 : Derrière les grues et les budgets, Casablanca accélère

Horizon 2030 : Derrière les grues et les budgets, Casablanca accélère

L’édition du cycle des conférences-débats de La Vie Eco de ce mercredi 13 novembre à Casablanca s’est axée sur la transformation de la ville de Casablanca à l’échéance 2030. Elus, responsables institutionnels et acteurs économiques ont livré une vision d’ensemble d’une métropole en pleine mutation non seulement au niveau infrastructurel, mais aussi au niveau de la gestion de son portefeuille.

En effet, la métamorphose de Casablanca ne se lit pas seulement dans ses boulevards refaits à neuf, ses chantiers de tramway ou ses échangeurs ultramodernes. Elle se joue désormais dans les chiffres de sa gestion. En quelques années, la capitale économique a amorcé une véritable révolution basée sur une autonomie financière maîtrisée, préalable indispensable à sa modernisation.

Dans son intervention, Nabila Rmili, présidente du Conseil de la ville, a affirmé que «la ville de Casablanca a une autonomie financière à 100%, en dehors des quelques pourcentages de TVA qui nous sont versés. Tout le reste provient de nos propres ressources». Et de rappeler qu’à sa prise de fonction en 2021, la commune ne disposait que de 3,5 milliards de dirhams de budget annuel. Trois ans plus tard, grâce à une meilleure gouvernance et à l’élargissement de l’assiette fiscale, les recettes dépassent désormais les 5 milliards de dirhams, avec un objectif d’atteindre 5,2 Mds DH en 2025.

Cette évolution traduit une discipline nouvelle dans la gestion d’une ville longtemps perçue comme débordée par sa propre dynamique. Rmili détaille une équation complexe où les dépenses obligatoires absorbent déjà plus de la moitié du budget : «La propreté urbaine représente 1 milliard de dirhams par an pour la collecte de 4.000 tonnes de déchets quotidiens, la masse salariale s’élève à 1 milliard pour 8.000 agents, et le remboursement de la dette atteint 400 millions».

Pour maintenir cet équilibre, la maire mise sur la rigueur budgétaire et la fiscalité locale. «Beaucoup de Casablancais attendent un service de qualité mais ne paient pas toujours leurs taxes communales», reconnaît-elle. D’où un partenariat renforcé avec la DGI et la DGR pour élargir la base fiscale et optimiser la collecte.

La ville en mouvement

Cet assainissement financier de la métropole est la clé de voûte d’une transformation plus large. Car avec les moyens à sa disposition, Casablanca accélère ses projets structurants et change ce visage de ville autrefois appelée «Casa Négra» en une «Casa Blanca» des plus urbaines, avec une touche de durabilité de plus en plus visible, une dépollution de l’air acceptable et une gestion des ressources hydriques optimisée. L’objectif étant d’assurer le bien-être des Casablancais. 

«Nous avons voulu faire de Casablanca une ville durable, inclusive et propre», affirme la maire. En quatre ans, la métropole a gagné une nouvelle cadence : 100 km de tramway, 26 km de BHNS, 700 bus électriques et 750.000 voyages quotidiens. «La ville supporte un déficit de 300 millions de dirhams pour garantir une mobilité moderne et accessible à tous», précise-t-elle.

De son côté, Abdellatif Maâzouz, président du Conseil régional de Casablanca-Settat, a rappelé que cette effervescence repose sur une synergie institutionnelle rarement atteinte. «Rien ne se fait seul. Nous avons appris à travailler en complémentarité entre la région, la ville et les établissements publics», souligne-t-il.

Lui aussi insiste sur une approche fondée sur l’optimisation. Cette méthode a permis d’avancer sur des chantiers structurants en surface. On note entre autres le nouveau complexe portuaire, avec la gare de Casa-Sud comme emblème, ou encore le lancement des travaux du nouveau terminal de l’aéroport Mohammed V et du Grand Stade Hassan II.

De même, un travail énorme d’aménagement souterrain est réalisé en matière de canalisations pour la réutilisation des eaux usées et la prévention des inondations, des stations de traitement des déchets et surtout le RER métropolitain, qui comptera 18 stations dont 8 intra-muros, reliant le centre-ville à l’aéroport Mohammed V. Et ce, sans oublier les trois grands parkings bientôt opérationnels qui permettront de fluidifier la mobilité interurbaine, l’un des principaux défis de la plus grande ville du pays. 

Et pour relever ce défi, le réseau routier dans la capitale économique est en mutation accélérée. Mohamed Chouh, directeur de l’expertise et de l’innovation à Autoroutes du Maroc (ADM), a fait le point des travaux à date, révélant que «le nœud de Sidi Maârouf achevé sera mis en service le 18 novembre prochain à l’occasion de la Fête de l’Indépendance. C’est un passage névralgique qui enregistre 140.000 véhicules par jour. L’autoroute Tit Mellil-Berrechid sera lancée le même jour. Le nœud de Aïn Harrouda sera, quant à lui, mis en service d’ici la fin du mois de novembre». ADM planche aussi sur le déploiement de bornes de recharge pour véhicules électriques le long du réseau national : un pas concret vers la mobilité décarbonée.

La métamorphose de Casablanca est aussi technologique. En matière de connectivité, la ville se veut être à la page, notamment avec le lancement récent de la 5G. Comme l’a affirmé Mohamed Benali, Chief Technology Officer d’Orange Maroc, «le premier contact d’un visiteur, c’est le réseau. Les infrastructures essentielles à la connectivité sont généralement enterrées et peu visibles. On n’a pas forcément conscience des transformations qui sont menées depuis des années, et qui permettent aujourd’hui d’avoir la fibre et la 5G, ouvrant de nouveaux horizons pour les Casablancais, les entreprises, mais aussi les visiteurs». Evoquant les futurs câbles sous-marins reliant le Maroc à Marseille et les investissements dans le stockage de données, il a estimé que «Casablanca est en passe de devenir le porte-étendard du Maroc en tant que ville innovante et intelligente».

Toutes ces réalisations servent au bien-être des Marocains, mais elles offrent aussi un cadre de vie propice aux visiteurs du monde entier, des atouts que les acteurs du tourisme devraient capitaliser.  

Pour Hamid Bentahar, président de la Confédération nationale du tourisme, «Casablanca attire parce qu’elle promet des opportunités et de la prospérité. Mais l’excellence du service doit suivre. De nouveaux établissements prestigieux s’installent à Casablanca, ou sont en train de le faire. On ne s’en rend pas compte, mais Casablanca est une marque extraordinaire», a-t-il insisté. 

Il plaide pour un nouveau souffle d’attractivité, passant par la création d’un palais des congrès, d’une arène pour les grands événements et d’un meilleur accès aérien low-cost qui «ne coûterait rien, mais qui changerait tout», lance-t-il.

Casablanca 2030 ne se résume donc pas à une accumulation de chantiers, c’est une métamorphose systémique, où la gestion, la gouvernance et la planification financière prennent autant d’importance que le béton et les rails. «2030 n’est pas une date, c’est une dynamique», résume Abdellatif Maâzouz. 

D.M.

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