Dans son dernier rapport consacré à l’indice de capital humain, dévoilé le 16 septembre, le Groupe de la Banque mondiale souligne qu’un enfant né aujourd’hui dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) n’atteindra à l’âge adulte que 57% des capacités productives qu’il ou elle aurait pu accumuler en ayant bénéficié d’une éducation complète et d’une parfaite santé.
L’indice 2020 calcule le niveau attendu de productivité des futurs travailleurs et propose un instantané des performances sur le plan du capital humain juste avant la survenue de la pandémie de coronavirus (COVID-19).
Il établit une référence pour suivre l’évolution du capital humain et apporte des éléments concrets en appui à la définition de politiques de protection des populations et d’investissement dans leur avenir, pendant la pandémie et au-delà.
Selon ce rapport, les performances des pays MENA en termes de capital humain sont très disparates et fonction du niveau de revenu et de l’exposition à la fragilité et au conflit.
Les États les plus riches du Conseil de coopération du Golfe (CCG) affichent des valeurs supérieures (indice HCI situé entre 0,56 et 0,57), distançant les pays en situation de conflit, comme le Yémen (0,37) et l’Iraq (0,41).
Certains pays — Émirats arabes unis, Maroc, Oman par exemple — ont amélioré leurs performances depuis dix ans, contrairement à d’autres où l’indice n’a pas évolué, comme la Jordanie, le Koweït ou la Tunisie.
Globalement, et à niveaux de revenu identiques, les pays MENA obtiennent de moins bons résultats sur le plan du capital humain que les pays d’autres régions.
« Alors que la pandémie risque d’anéantir les fragiles progrès du développement humain, les pays MENA doivent se mobiliser davantage pour améliorer l’efficacité des investissements dans leurs populations », souligne Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.
Selon le rapport, l’utilisation du capital humain existant reste problématique dans la région MENA, les pays ne parvenant pas à traduire les compétences et le potentiel productif de pans entiers de leur population en croissance économique.
La valeur moyenne du HCI pour la région MENA baisse de plus d’un tiers (de 0,57 à 0,32) lorsque l’indice prend en compte la part de la population d’âge actif effectivement employée.
À cause du faible taux de participation des femmes à la population active, en particulier parmi les diplômées de l’enseignement supérieur, les pays MENA et notamment ceux du CCG, affichent le plus grand écart de taux d’utilisation hommes/femmes.
Le fort taux de chômage des jeunes explique la sous-utilisation du capital humain et les tensions sociales en de nombreux points de la région.
Dans certains pays, les écarts hommes-femmes restent importants. L’indice de capital humain pour les hommes (0,55) est plus faible que pour les femmes (0,59) au niveau régional et dans la plupart des pays MENA.
Ces différences sont à imputer essentiellement aux moins bons résultats éducatifs des garçons, les filles accomplissant plus de la moitié d’une année supplémentaire de scolarité ajustée en fonction de l’apprentissage par rapport aux garçons (8,0 contre 7,4).
«Malgré les progrès obtenus depuis dix ans, les résultats de l’indice de capital humain 2020 montrent que les pays MENA ont encore beaucoup à faire pour améliorer leur niveau de capital humain, son utilisation et l’égalité entre les sexes», indique Keiko Miwa, directrice régionale pour le développement humain à la Banque mondiale.
L’indice de capital humain mesure et compare les principales composantes du capital humain à l’échelle de la planète — à savoir la somme de connaissances et de compétences et la santé qu’un individu accumule tout au long de sa vie.
Un capital humain plus élevé est corrélé à des revenus supérieurs, pour les individus comme pour les pays, et à une plus forte cohésion sociale.
C’est un levier essentiel pour installer une croissance durable et réduire la pauvreté.
Cette mise à jour 2020 de l’indice de capital humain intègre les toutes dernières données disponibles pour 174 pays, soit 17 pays de plus que dans l’édition 2018.
Elle s’appuie sur des séries de données nouvelles et enrichies pour chacune des dimensions de l’indice disponibles en mars 2020.
Comme dans l’édition de 2018, ces données sont tirées de sources officielles et ont fait l’objet d’un processus minutieux d’analyse et de traitement.