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Investissements climatiques : Le Maroc devra investir 78 milliards de dollars d’ici 2050

Investissements climatiques : Le Maroc devra investir 78 milliards de dollars d’ici 2050

Le rapport sur le climat et le développement (CCDR) publié le jeudi 3 novembre 2022 par la Banque mondiale est porteur de plusieurs enseigenements pour le Maroc.

 

Investir maintenant dans l’action climatique procurera d’importants bénéfices au Maroc, en permettant de créer de nouveaux emplois, de redynamiser les zones rurales et de transformer le pays en un pôle industriel «vert» tout en l’aidant à atteindre plus largement ses objectifs de développement.

C’est le message clé du rapport sur le climat et le développement (CCDR) publié le jeudi 3 novembre 2022 par la Banque mondiale. La nouvelle documentation chiffre à environ 78 milliards de dollars en valeur actuelle le montant total des investissements nécessaires pour ancrer solidement le Maroc sur une trajectoire de résilience et bas carbone à l’horizon 2050. La réalisation de ces investissements sera progressive, mais leur rentabilité est considérable, faisant du Maroc un environnement attractif pour les investissements étrangers directs et un centre d’exportations, en plus de stimuler la croissance économique.

«Au vu des effets du changement climatique, le Maroc avance déjà à vive allure vers un avenir sobre en carbone, souligne Axel van Trotsenburg, Directeur général des opérations de la Banque mondiale. Le nouveau rapport met en évidence les axes prioritaires à mettre en œuvre pour mieux gérer l’eau et les autres ressources et décarboner l'économie de manière à servir en même temps les objectifs climatiques et ceux du développement.»

Les CCDR sont un nouvel outil de diagnostic de la Banque mondiale ayant pour objectif d'étudier les liens entre climat et développement et de cerner les interventions prioritaires pour renforcer la résilience et atténuer les émissions de carbone tout en soutenant la croissance économique et en réduisant la pauvreté. Le rapport consacré au Maroc est le premier publié pour un pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA).

Le rapport identifie trois enjeux prioritaires en soutien à une action climatique urgente : lutter contre la pénurie d’eau et les sécheresses; améliorer la résilience aux inondations; et décarboner l’économie. Le document se penche également sur les enjeux transversaux que constituent le financement, la gouvernance et l’équité.

Par ailleurs, afin de décarboner l’économie à l’horizon 2050, la publication met l'accent sur la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles et le déploiement massif de l’énergie solaire et éolienne. Selon ses projections, plus de 85% de l’électricité pourraient être produites à partir d’énergies renouvelables d’ici 2050, contre 20% en 2021.

Le rapport évalue à environ 53 milliards de dollars le coût de la décarbonation au cours des trois prochaines décennies, sachant que ces investissements seront en grande partie pris en charge par le secteur privé, sous réserve de la mise en œuvre de politiques sectorielles adaptées.

Les besoins d’investissement en matière d’atténuation et d’adaptation nécessiteraient environ 23,3 milliards de dollars d’ici 2030 (dont les deux tiers consacrés à l’adaptation), 25 milliards de dollars entre 2031 et 2040, et 29,5 milliards de dollars entre 2041 et 2050. Les investissements pour les besoins d’adaptation sont particulièrement importants dans les zones rurales, où les changements induits par le climat (baisse de la quantité d'eau disponible et des rendements agricoles) pourraient conduire à l’exode de plus de 1,9 million d’habitants (soit environ 5,4% de la population totale du pays) d’ici 2050. Si les mesures d’adaptation peuvent contribuer à limiter le nombre de ces migrants climatiques, le Maroc devra s’attacher à agir pour offrir des opportunités d’emploi plus nombreuses et diversifiées en milieu rural.

Notons que le Maroc a lancé plusieurs plans et stratégies visant à relever les défis climatiques : le Plan Maroc Vert en faveur d’une agriculture climato-intelligente, la Stratégie énergétique nationale, axée sur le déploiement des énergies renouvelables, la Stratégie nationale de développement durable 2030 et le Plan national pour le climat 2030.

«Le CCDR montre comment le Maroc peut capitaliser sur les efforts déjà déployés pour passer à la vitesse supérieure et s’engager dans une transition ambitieuse vers un avenir résilient et sobre en carbone qui ne laissera personne au bord du chemin. Les avantages potentiels d’un modèle de croissance durable en termes de création d’emplois et d’inclusion sont importants. Dans le même temps, les besoins d’investissement pour une telle transition seront également importants, et la création d’un environnement favorable pour le secteur privé sera vitale», conclut Jesko Hentschel, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte.

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