Zouhair Chorfi : c’est un homme affable, relativement discret.
C’est l’image qu’il a toujours donnée en tout cas. Jusqu’aux Assises de la fiscalité tenues les 3 et 4 mai à Skhirat, lors desquelles il a révélé une autre facette de sa personnalité.
Celle d’un homme qui parle sans filtre, sans ce langage feutré pour faire passer un message de façon diplomatique.
Non, le secrétaire général du ministère de l’Economie et des Finances a foncé dans le tas et l’a joué franco, très irrité suite à des propos tenus lors d’un panel et qui, dit-il, l’ont «choqué».
Sur sa ligne de mire : les pratiques malsaines de certaines cliniques privées, pour ne pas dire de certains médecins.
«C’est le moment de nous dire les choses avec responsabilité et d’arrêter de dire une chose et de faire son contraire», a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité «de commencer à avoir un peu d’humilité et une dose d’autocritique».
«Je ne veux pas attaquer une profession, mais aujourd’hui les données sont connues, profession par profession. Personne n’aime payer l’impôt.
Que les gens minorent leurs déclarations d’impôt de 10 ou 20% n’est pas le problème. Mais quand on les minore de 90%, j’ai un problème», s’est indigné Chorfi.
«Quand je vais dans une clinique et qu’on me dit "Je n’accepte pas de chèque", qu’est-ce que cela veut dire ?
Maintenant, ça suffit ! La corruption, ça suffit ! Le noir, ça suffit !», a-t-il martelé. Non sans s’en prendre aux Ordres qui doivent veiller à faire cesser certains agissements de leurs membres.
Car, pour Chorfi, «chacun doit balayer devant sa porte; et la moralisation de la vie publique n’est pas que l’affaire de l’Etat».
Surtout que «pour la nouvelle citoyenneté à laquelle nous voulons accéder», nous devons «changer de posture, de comportement, notre attitude collective au quotidien», poursuit-il.
Pour ce coup de gueule mémorable, Chorfi a recueilli une salve d’applaudissements nourris de la part de l’auditoire, à tel point qu’il a dû écourter son intervention.
S’il a été, l’espace de quelques minutes, le porte-voix des citoyens victimes de ces pratiques dans certaines cliniques, l’on se doute bien qu’il s’est attiré l’inimitié de cette profession mise sur la sellette.
Mais son message, on n’en doute guère, est bien passé.■
D. W.