Par C. Jaidani
L’activité de la location de voitures est parmi les secteurs les plus affectés par la crise sanitaire. Fortement dépendante du tourisme, cette branche était quasiment à l’arrêt, surtout dans les destinations phares du pays à l’image de Marrakech, Agadir, Tanger, Fès et Meknès.
Sous l’effet de l’endettement et de la perte de recettes, de nombreux opérateurs ont déclaré faillite. Ceux qui avaient une assise financière plus solide ont été contraints de réduire leur flotte pour pouvoir couvrir les charges, dans l’attente de jours meilleurs.
«Les informations véhiculant une indisponibilité de l’offre des véhicules sont infondées. Certes, il y a une baisse de la flotte, mais les véhicules disponibles peuvent répondre à toutes les demandes. Le niveau d’activité est inférieur de 25% si l’on compare avec 2019 ou 2018, et plusieurs confrères ont bradé les prix pour faire face à la concurrence et assurer des recettes pour maintenir le minimum vital», souligne Mohamed Alami, président de l’Association des loueurs de voitures sans chauffeur au Maroc (Alascam).
Avec la levée partielle des restrictions, la reprise des activités touristiques en cette période estivale marquée par le retour des MRE et des actions en faveur du tourisme interne, les professionnels du secteur espèrent une bouffée d’oxygène pour pouvoir entamer la relance tant escomptée. Mais le secteur est confronté à des contraintes de taille qui devraient être répercutées sur le marché.
«La reprise touristique n’est que partielle; le nombre de MRE et des voyageurs étrangers sera limité à cause des contraintes sur les déplacements et la hausse des coûts. A partir du 15 juillet et à l’approche de l’Aïd Al-Adha, il faut s’attendre à une certaine influence, mais qui sera insuffisante pour renverser la tendance», affirme Alami. En effet, les loueurs doivent faire face à des problématiques majeures. Ceux qui ont résisté à la crise sont actuellement dans la logique de survie pour assurer la continuité de leurs activités. Plus le secteur touristique tourne au ralenti, plus ils trouveront des difficultés pour réussir le redémarrage.
«Notre secteur est passé par des moments difficiles et il est toujours dans une situation inconfortable. Des centaines d’entreprises ont mis la clé sous le paillasson et plusieurs professionnels sont dans un état vulnérable. Le secteur est classé à risque par les organismes de financement, qui sont devenus très réticents pour accorder des crédits», témoigne Mostafa Saidi, responsable d’une agence de location de voitures à Casablanca. Regroupant plus de 10.000 entreprises déclarées en plus des loueurs informels, le secteur recense une flotte de près de 140.000 véhicules. Sous l’effet de la crise, des milliers de véhicules ont été écoulés sur le marché de l’occasion, soit suite à des saisies-arrêts par les banques ou par des ventes directes par les opérateurs pour réduire leur flotte et maîtriser les dépenses. La baisse de la flotte a eu un effet direct sur l’offre. Plusieurs voyageurs ont été surpris par l’inexistence de véhicules en quantité suffisante dans les points d’accès au Royaume, notamment les aéroports et les ports.
«Auparavant, je n’avais aucune difficulté pour louer une voiture à l’aéroport Mohammed V de Casablanca. Cette année, je n’avais pas cette possibilité. Pour la première fois, j’étais contraint de prendre un taxi pour retrouver mes proches. On m’a expliqué que face à l’indisponibilité des véhicules, les loueurs étaient dans l’incapacité de répondre à toutes les demandes», témoigne Hassan Azerghi, un MRE résidant en France. Il a aussi souligné qu’il a remarqué une prolifération des loueurs informels qui font une concurrence déloyale aux entreprises structurées. «Ces loueurs impactent sérieusement notre secteur qui est déjà au bord du gouffre. Il faut que les autorités interviennent pour mettre de l’ordre. Un risque de sécurité et même d’arnaque pour les usagers a été observé», commente Alami.