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Stress hydrique : Un été au compte-gouttes ?

Stress hydrique : Un été au compte-gouttes ?

Le soleil brille, les plages se remplissent, les terrasses sont bondées de touristes, l’été bat son plein au Maroc. Mais derrière cette carte postale estivale, une réalité vitale est à prendre en compte : l’eau se fait rare. Le pays est dans une situation hydrique préoccupante, qui ne doit en aucun cas échapper à la conscience de tous. 

Les données officielles publiées au cours de l’été font apparaître un taux de remplissage des barrages oscillant autour de 35 et 37%. Au 7 juillet 2025, la retenue des barrages était estimée à environ 4,3 milliards de m³ (37,4%), tandis que le bilan du 4 août faisait état d’environ 5,92 milliards de m³ (35,3%). C’est mieux que l’année dernière, mais encore loin de la sérénité. Certaines régions sont plus touchées que d’autres, avec des retenues qui peinent à se remplir, malgré quelques pluies printanières.

Dans le dernier rapport de l’IMIS sur la situation hydrique dans le Royaume, les experts ont été formels. La crise de l’eau n’est plus seulement une mauvaise passe, c’est une situation structurelle. Avec moins de pluies, plus de chaleur, une évaporation rapide et des usages souvent peu économes, il est crucial d’apprendre à vivre avec moins.

Et pour éviter les coupures et sécuriser l’avenir, les autorités accélèrent plusieurs chantiers. Sur les côtes, des usines de dessalement produisent déjà de l’eau potable, à l’instar de celle de l’OCP à travers sa filiale OCP Green Water inaugurée en juillet dernier. En mettant en service le pipeline de Jorf-Khouribga, la filiale entend non seulement transporter jusqu’à 80 millions de m3 d’eau par an pour des besoins industriels, mais aussi d’alimenter la ville de Khouribga en eau potable. D’autres stations sont en construction, avec l’objectif de dépasser 1,7 milliard de m3 par an d’ici 2030.

De plus, dans certaines villes, les eaux usées traitées commencent à être réutilisées pour arroser les espaces verts ou irriguer certaines cultures, au lieu de puiser dans les nappes phréatiques. Le secteur agricole, grand consommateur d’eau, est invité à moderniser ses méthodes, notamment en généralisant l’irrigation goutte-à-goutte et en réduisant les cultures les plus gourmandes.

Des activités estivales aussi gourmandes

Au-delà de l’agriculture; certaines activités estivales plébiscitées par les vacanciers sont toutes aussi très demandeuses de ressources hydriques, précisément dans un contexte de chaleur extrême qui frappe plusieurs villes touristiques du pays. 

Il s’agit notamment des piscines d’hôtels, clubs et villas privées, etc. En effet, ces établissements touristiques, sportifs, de loisirs comme les particuliers ont une fréquence d’utilisation d’eau assez conséquente. De ce fait, dès le début de l’année 2025, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, avait mis en place des mesures interdisant le remplissage des piscines privées et publiques plus d’une fois par an. 

Il avait assuré que les Walis des régions et les gouverneurs des préfectures et provinces devraient veiller au respect strict des mesures visant à rationner l’eau à ce niveau. Ces établissements devraient en plus disposer de systèmes de recyclage et de filtration de l’eau, sous peine de sanctions coercitives établies par les autorités compétentes, avait-il ajouté. Reste à savoir si ces mesures sont réellement appliquées sur le terrain en cette période de grande affluence dans lesdits établissements.

Toutefois, au-delà des grands projets et des prescriptions réglementaires, la sensibilisation de la population demeure une action primordiale, surtout en cette période où le Royaume reçoit des touristes étrangers n’ayant pas toujours connaissance de la situation hydrique du pays. 

Le gouvernement insiste sur l’importance de rationaliser l’utilisation de l’eau au niveau du citoyen, précisément dans les gestes quotidiens. Il s’agit notamment de fermer le robinet en se brossant les dents, réparer une fuite, arroser les plantes tôt le matin ou en soirée, ne pas prendre de longues douches, etc. Autant de petites habitudes qui, multipliées par des millions de Marocains, peuvent faire la différence.

Cet été, le Maroc vit des journées lumineuses mais aussi déterminantes pour son apport en eau. Car derrière chaque verre servi au café ou chaque douche après la plage, il y a un défi national: celui de préserver cette ressource précieuse pour aujourd’hui et demain.

Désy M.

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