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Campagne agricole : Vigilance économique

Campagne agricole : Vigilance économique

Les pluies tombées ces derniers jours ont redonné un souffle d’optimisme au monde rural, après plusieurs campagnes marquées par une pluviométrie faible et irrégulière. Cette accalmie hydrique arrive à un moment où l’agriculture, affaiblie par 6 années successives de sécheresse, s’apprête à entamer une nouvelle saison décisive.

Le lancement officiel de la campagne 2025/2026 dans la région Tanger–Tétouan–Al Hoceima illustre d’ailleurs l’importance accordée à cette séquence, tant sur le plan économique que social. Les attentes sont fortes parce que la Loi de Finances 2026 associe une grande partie de ses prévisions à la performance du secteur.

Pour atteindre une croissance annoncée de 4,6% et ramener le déficit budgétaire à 3% du PIB, le gouvernement retient une hypothèse de production céréalière de 70 millions de quintaux et un prix du gaz butane stabilisé autour de 500 dollars la tonne. Autant de paramètres sensibles, tributaires du climat et d’une conjoncture internationale encore marquée par les incertitudes chez les principaux partenaires commerciaux du Maroc.

Sur le terrain, l'Etat a déployé un arsenal complet pour accompagner la nouvelle campagne : 1,5 million de quintaux de semences certifiées, vendues à des prix subventionnés et étendues à de nouvelles espèces; plus de 650.000 tonnes d’engrais phosphatés disponibles aux mêmes niveaux tarifaires que l’année précédente; et un programme de semis direct qui couvre déjà 400.600 hectares, avec un objectif d’un million d’hectares à horizon 2030.

A cela s’ajoutent la poursuite de l’irrigation de complément, une assurance multirisque couvrant près d’un million d’hectares, ainsi que des incitations du Fonds de développement agricole pour encourager l’investissement dans un secteur qui demeure l’un des principaux amortisseurs sociaux du pays. Le gouvernement mise également sur la reconstruction du cheptel national, un chantier doté de 12,8 milliards de dirhams.

L’aide directe aux éleveurs, la prime pour les femelles ovines et caprines, le rééchelonnement des dettes et les campagnes de vaccination doivent permettre de stabiliser une activité qui soutient des centaines de milliers de ménages ruraux. Malgré ces efforts et l’amélioration récente des conditions climatiques, l’équation reste fragile.

Les premières pluies ne suffisent pas à effacer les déficits accumulés, et la réussite de la campagne dépendra autant de la quantité de précipitations que de leur régularité dans les mois à venir. Une météo capricieuse et des pluies mal réparties dans le temps et dans l’espace pourraient influencer les rendements, et par conséquent l’ensemble du scénario macroéconomique sur lequel repose la trajectoire budgétaire de 2026.

Il y a ainsi de l’appréhension dans l’air. Car même si le Maroc n’a pas fait d’économie dans l’effort pour booster le PIB non agricole afin de réduire la dépendance historique de l’économie au cycle hydrique, la saison qui s’ouvre rappelle que la résilience du secteur agricole reste un chantier en construction et que la consolidation d’un modèle moins vulnérable nécessitera encore du temps et de la cohérence dans les politiques publiques.

A l’évidence donc, pour cette campagne, rien n’est écrit. Les champs reverdiront peut-être. Les rendements suivront peut-être aussi. En clair, soit la pluie permettra à l’économie de tenir son cap en 2026, soit elle chahutera les prévisions gouvernementales.

 

Par D. William

 

 

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