- L’Instance prévoit la création d’un observatoire qui présentera périodiquement la situation de la corruption.
- De nouveaux indices seront conçus pour assurer une meilleure analyse du phénomène.
Le Maroc a inscrit la lutte contre la corruption au rang de ses priorités nationales. L’enjeu est évident : renforcer le développement économique, attirer davantage d’investisseurs étrangers et consolider la paix sociale. Dans cette perspective, d’importantes avancées ont été réalisées sur les plans législatif, réglementaire et institutionnel. Plusieurs textes ont ainsi été adoptés, dont la loi 46-19, qui donne corps et effectivité aux dispositions constitutionnelles relatives à l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC).
Dans le cadre de la présentation du budget de cette institution dans le PLF 2026 devant le Parlement, son secrétaire général, Ahmed Laamoumri, a annoncé que l’Instance est en train de préparer une nouvelle stratégie pour la période 2025-2030. Ses grands axes seront présentés prochainement.
«La concrétisation du contenu de la loi 46/19 est arrivée à un niveau d’avancement soutenu. Elle s’est manifestée par la création de l’INPPLC et l’établissement de ses organes. Une stratégie dédiée a été lancée dont le programme arrive à expiration cette année. Une nouvelle prendra le relais avec des dispositions plus développés et des objectifs plus ambitieux», souligne Laamoumri.
Malgré les efforts engagés, le classement du Maroc dans l’indice mondial de perception de la corruption demeure relativement stable, signe qu’un important chantier reste ouvert pour progresser davantage. Selon l’édition 2024 du rapport de Transparency International, le Royaume a obtenu un score de 37 sur 100 et se positionne au 99ᵉ rang sur 180 pays, soit une légère amélioration par rapport à 2023, où il occupait la 97ᵉ place.
Ce résultat demeure toutefois inférieur à la moyenne mondiale, fixée à 43, ainsi qu’à celle de la région MENA, qui s’établit à 39. «Pour améliorer ce classement, la lutte contre la corruption doit être menée de façon collective, en mobilisant l’ensemble des acteurs concernés. Elle exige l’engagement et la sensibilisation de tous, y compris des citoyens. Il ne s’agit pas seulement d’une question d’éthique ou de déontologie : c’est aussi une affaire de respect de l’Etat de droit. Pour y parvenir, une volonté politique affirmée et une implication institutionnelle pleine et entière sont indispensables», souligne Laamoumri.
La nouvelle stratégie envisagée ne se limite plus à la seule lutte contre la corruption : elle entend également renforcer la prévention. Dans cette perspective, plusieurs dispositifs seront déployés, notamment la promotion de la culture de la probité, la réalisation de nouvelles études et rapports sur la corruption, ainsi que l’exploration de moyens supplémentaires pour y faire face. Le programme prévoit aussi d’améliorer l’efficacité du traitement des réclamations par les institutions compétentes. De nouveaux mécanismes seront introduits afin de détecter plus aisément les cas de corruption.
La stratégie inclut en outre la création d’un observatoire dédié, chargé de présenter périodiquement l’évolution du phénomène de la corruption et d’évaluer les politiques publiques et les stratégies mises en œuvre dans ce domaine. Pour affiner l’analyse, de nouveaux indices seront également élaborés, permettant ainsi d’approfondir la compréhension du sujet sous toutes ses dimensions.
L’INPPLC élaborera cette nouvelle stratégie en concertation avec l’ensemble des institutions concernées, en particulier le ministère de la Justice, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, la Gendarmerie royale et la Direction générale de la sûreté nationale. Des partenaires issus de la société civile, notamment les associations de défense des droits de l’Homme, seront également associés au processus.
Charaf Jaidani
