L'habitat insalubre reste l’un des défis majeurs auxquels se heurtent les gouvernements successifs au Maroc. Malgré les multiples programmes et politiques engagés, aucun n’a réussi à éradiquer durablement ce phénomène qui engendre de nombreux problèmes pour la collectivité, don notamment l’insécurité et le désordre urbanistique. La persistance de ces habitations précaires s’explique par plusieurs facteurs.
L’exode rural massif, la précarité et le faible pouvoir d’achat de larges franges de la population en sont les principaux. Ces réalités limitent considérablement l’accès des citoyens à un logement décent. A cela s’ajoute le coût élevé de production des habitats, qui agit comme une barrière supplémentaire et rend l’acquisition d’un logement inaccessible pour une grande partie de la population ciblée. Le gouvernement Akhannouch a fait de la lutte contre l’habitat insalubre l’un des axes de son mandat.
A la Chambre des représentants, Fatima Ezzahra El Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, a mis en exergue le bilan des réalisations dans ce domaine. Elle a noté «que le nombre de ménages ayant bénéficié du programme de lutte contre l’habitat insalubre s’élève en 2025 à 16.300. Les efforts fournis ont permis de réduire de 35% la prolifération des bidonvilles».
Dans le même ordre d’idées, Mohamed Alaoui, expert en immobilier, explique pour sa part qu’«il est primordial de lutter contre les facteurs ayant permis la croissance de l’habitat insalubre au lieu d’allouer de grosses sommes d’argent pour reloger la population. Dans le nouveau programme de recasement, il est budgétisé 40 milliards de DH. Cette somme aurait pu servir à soutenir d’autres secteurs plus prioritaires afin de créer de l’emploi ou de réduire des déficits dans des branches à caractère social», relève Alaoui.
Il poursuit que «la politique de lutte contre l’habitat anarchique a été conçue et finalisée au niveau central, alors qu’il aurait fallu qu’elle soit déployée dans un cadre régional et local, car chaque zone ou ville a ses propres spécificités et ses propres contraintes. On ne peut appliquer le même modèle à Casablanca, puis à Marrakech. Il est essentiel de prendre en considération de nombreux éléments déterminants. Parmi les facteurs pénalisants, figure le gonflement de la population éligible pour bénéficier du programme Villes sans bidonvilles (VSB). Cette pratique est devenue très fréquente. En cause, certains agents d’autorité, aidés par des élus locaux qui veulent élargir leur assise électorale et gagner de l’argent, participent activement à ce genre de trafic».
La ministre a reconnu que «ce genre de pratique retarde le programme VSB et engloutit des sommes énormes. Il est temps de redoubler de vigilance pour que le programme ne concerne que les personnes qui remplissent les conditions exigées». Par ailleurs, il est rappelé que l’exode rural figure parmi les facteurs qui participent à la prolifération de l’habitat clandestin. Pour fixer les paysans dans leurs lieux d’origine, il est utile de leur proposer des solutions d’habitat.
Cette solution devrait réduire la pression sur les villes et éviter plusieurs problèmes liés à l’urbanisation des métropoles d’une façon anarchique. De même, il est recommandé de doter les métropoles de nouveaux documents d’urbanisme afin de faire face à la limite de l’aménagement foncier. La plupart des projets de relogement ou de recasement ont bénéficé de mesures dérogatoires pour être réalisés. Afin de favoriser l’habitat rural, le département de tutelle a pris une série de mesures conjointement avec le ministère de l’Intérieur. Les communes et les agences urbaines accordent plus de facilités en matière d’autorisation de construire.