La MAP a inauguré ce mercredi à Rabat un nouveau format de rencontre baptisé «MAP Town Hall», remplaçant son ancien Forum, avec pour objectif de favoriser un dialogue direct et participatif entre responsables publics, élus et société civile.
Par Reda Mouhsine
Cette première édition, organisée autour du thème «Un développement territorial intégré pour un Maroc émergent», a réuni trois figures de premier plan : Jelloul Samsseme, Mbarka Bouaida et Abderrahim Ksiri.
En ouverture, le Directeur général de la MAP, Fouad Arif, a expliqué que ce nouveau format vise à instaurer «un dialogue continu, constructif et ancré dans la réalité du terrain». L’idée, selon lui, est de faire du MAP Town Hall un espace où l’on discute des défis concrets du Maroc émergent, avec une approche d’écoute et d’échange.
«Il faut passer d’une logique de moyens à une logique d’impact»
Premier à intervenir, Jelloul Samsseme, wali et Directeur général des collectivités territoriales, a insisté sur la nécessité de repenser la manière d’aborder le développement territorial. «Nous disposons désormais d’un cadre solide avec la régionalisation avancée et la déconcentration administrative», a-t-il souligné.
«L’enjeu aujourd’hui n’est plus de créer de nouveaux programmes, mais de faire en sorte que chaque Dirham investi se traduise par un impact réel et mesurable sur la vie du citoyen.» Il a également plaidé pour une meilleure coordination entre les différents niveaux de gouvernance : «L’État, les régions et les communes doivent travailler en complémentarité, pas en concurrence».
«Donner plus de moyens et de libertés aux régions»
La présidente de l’Association des régions du Maroc, Mbarka Bouaida, a rappelé les avancées des douze régions du Royaume, tout en soulignant les défis à venir. «Les régions investissent massivement, mais elles ont besoin de davantage de moyens financiers et d’autonomie de décision», a-t-elle affirmé. «Pour réussir la régionalisation avancée, il faut accélérer la déconcentration et renforcer les ressources propres des collectivités».
Elle a cité en exemple les provinces du Sud, dont le modèle de développement «illustre la pertinence d’une approche intégrée, basée sur la valorisation des ressources locales et la participation des citoyens». «Le Maroc doit passer d’un pays désenclavé à un pays productif, compétitif et inclusif», a-t-elle insisté.
«Le développement ne se mesure pas qu’en infrastructures»
Pour Abderrahim Ksiri, membre du CESE, le développement territorial ne peut être réduit aux routes ou aux bâtiments : «Le véritable indicateur du développement, c’est la qualité de vie dans la commune, c’est la confiance des citoyens dans leurs institutions.»
Il a appelé à «institutionnaliser la participation citoyenne» et à «rendre les données publiques sur les projets, leurs budgets et leurs résultats». Selon lui, il faut aussi «écouter les jeunes et les femmes, qui sont souvent les premiers acteurs du changement local». «Le Maroc de demain se construira à partir de la commune, pas seulement dans les grandes métropoles.»
Vers une nouvelle culture de la gouvernance territoriale
Tous les intervenants ont convergé vers une même vision : le Maroc doit désormais bâtir un modèle de développement fondé sur l’équité, la convergence et la transparence. Le MAP Town Hall se veut ainsi un espace permanent d’écoute et d’évaluation, où les politiques publiques pourront être débattues, ajustées et évaluées publiquement.
«Le Maroc a les outils, les institutions et les talents. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est une culture commune de la performance publique», a conclu Jelloul Samsseme.