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Maroc-Espagne: Gare à la déflagration économique !

Maroc-Espagne: Gare à la déflagration économique !

La brouille diplomatique pourrait porter un sacré coup aux relations économiques entre les deux pays.

Le Maroc initiera-t-il des représailles contre son premier partenaire commercial ?

 

Par D. William

 

C’est de la confiance que naît la trahison. Le Maroc l’a désormais bien compris, au vu des actes posés par son «partenaire» et voisin, l’Espagne. Car cette décision d’accueillir sous une fausse identité le chef du polisario, Brahim Ghali, sans en informer le Royaume, est, disons-le, un acte de trahison qu’il sera difficile d’enterrer dans la trappe de l’histoire et des relations historiques entre les deux pays.

Mais le plus grave dans cette crise diplomatique majeure, est que l’Espagne est toujours dans un déni outrancier, n’avançant comme seule argutie que des «raisons humanitaires» pour justifier son acte. Mais le paradoxe est bien là : des «raisons humanitaires» peuvent-elles légitimer d’accueillir en Espagne un individu qui y est poursuivi pour… crimes contre l’humanité, tout en bâillonnant la justice ? Evidemment non.

Ce prétexte fallacieux et irrecevable traduit bien l’embarras de la diplomatie espagnole, coupable d’un véritable geste d’inimitié envers le Maroc, et qui a naïvement cru, un moment, que sa basse manœuvre n’aurait pas d’incidence sur le partenariat qui lie les deux pays.

Enjeux économiques

Premier client et premier fournisseur du Royaume, l’Espagne est ainsi, devant la France,  le premier partenaire commercial du Maroc, quand bien même la balance est en défaveur du Royaume. Lequel accueille sur son sol près de 1.500 entreprises à capitaux espagnols et reste également la première destination pour les investissements espagnols en Afrique. Cette connexion économique étroite est liée, entre autres, à la proximité géographique, mais aussi à certaines similarités, étant tous les deux des pays à vocation touristique et agricole et très présents dans des industries comme l’agroalimentaire, l’automobile, l’énergie ou encore l’aéronautique.

Et cette convergence d’intérêts économiques milite davantage pour renforcer leur cadre de partenariat que pour se voir en concurrents. C’est dans ce cadre d’ailleurs, qu’en février 2019, le Roi Mohammed VI et le Souverain d'Espagne, le Roi Don Felipe VI, ont présidé à Rabat la cérémonie de signature de 11 accords de coopération bilatérale dans plusieurs domaines. L’objectif est de donner une nouvelle impulsion aux relations de coopération maroco-espagnoles, avec la volonté des deux Souverains de consolider le partenariat stratégique multidimensionnel qui lie les deux pays.

La stratégie commerciale et financière pour l’Afrique, Horizonte África, mise en place par le gouvernement espagnol, s’inscrit dans la même veine. Son ambition  : soutenir l'internationalisation des entreprises espagnoles sur le marché africain et promouvoir une présence espagnole croissante et solide sur le continent. Elle s’accompagne de mesures concrètes de soutien institutionnel et financier pour contribuer à renforcer la compétitivité des exportations et des investissements espagnols dans la région.

Le Maroc figure à ce titre parmi les pays prioritaires identifiés. Mieux encore, à travers l’ouverture par la Société espagnole de financement du développement (Cofides) d’une délégation à Casablanca, la métropole économique devrait servir de plateforme espagnole pour couvrir les opérations en Afrique subsaharienne. Ce qui témoigne de la centralité du Maroc dans cette stratégie Horizonte África.

Sauf qu’au moment où ces deux pays s’attèlent à faire redécoller leur économie respective après la crise sanitaire, cette brouille diplomatique risque de rouiller considérablement le partenariat bilatéral. L’économique ne saurait, en effet, faire fi du politique, surtout lorsque, en toile de fond, il y a en jeu l’intégrité territoriale du Maroc. La question est donc de savoir jusqu’où ira le Royaume et est-ce qu’il y aura des représailles économiques ?

Certains médias espagnols s’avancent, à cet égard, pour dire que le Maroc pourrait, par exemple, restreindre les investissements espagnols dans le Royaume dans les grands projets d’infrastructures et de tourisme, notamment. De même, rappelons que l’objectif du gouvernement marocain est de faire passer de 183 à 100 Mds de DH les importations, afin de produire pour une valeur de 83 Mds de DH dans le Royaume.

En gros, la production locale est désormais privilégiée lorsqu'elle peut se substituer à l’import. L’Espagne pourrait donc faire les frais de la mise en œuvre de la préférence nationale et l'encouragement des produits marocains, dans le cadre des marchés publics. L’avenir nous dira l’impact économique de cette crise diplomatique. Mais une chose est sûre, cette dernière laissera des traces, car le Maroc ne pourra renouveler sa confiance à un partenaire qui manigance et traficote derrière son dos. 

 

 

 

 

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