• Elle présente des perspectives prometteuses en matière d’investissement, de création de valeur ajoutée et d’emploi.
• Elle contribue aussi à la protection de l’environnement.
L’activité du recyclage connaît un intérêt de plus en plus grandissant. Elle touche de nombreux produits notamment les déchets ménagers, les matériaux métalliques, le plastique, le carton, le papier, le verre… De par sa transformation, cette industrie donne une nouvelle vie aux produits traités permettant une préservation des ressources et une protection de l’environnement.
Certes les professionnels du secteur travaillent en majorité dans l’informel, mais la filière est marquée également par l’implantation d’entreprises organisées dont certaines sont étrangères ayant une renommée internationale. C’est le cas du groupe indien Samta Metals & Alloys qui a lancé dernièrement un complexe à Kenitra spécialisé dans le traitement des résidus métallurgiques.
Alliant dynamique économique et durabilité, le projet a nécessité une enveloppe de 70 millions de dollars. Un investissement jugé colossal pour ce type d’activité. Et tout laisse présager que ce genre de projet devrait se multiplier. Selon les données du ministère de l’Industrie et du Commerce, la filière regroupe pas moins de 10.000 collecteurs. Elle réalise un chiffre d’affaires estimé à près de 370 millions de DH pour les grossistes et de plus de 170 millions de DH/an pour les récupérateurs.
«Ces chiffres ne reflètent pas la réalité, car les personnes qui travaillent dans cette activité opèrent en majorité dans l’informel. Le potentiel de la filière est encore plus important. Elle contribue à renforcer l’économie circulaire et a des effets notables sur le plan écologique. Certes, le Royaume a lancé une stratégie pour mieux valoriser les déchets mais elle n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière comme cela existe dans les pays développés. Il est donc nécessaire de renforcer les dispositions législatives et réglementaires pour séduire les investisseurs et organiser le secteur. Le programme national de gestion des déchets ménagers (PNDM) visait un taux de recyclage de 20% à l’horizon 2020, mais les résultats sont loin de cet objectif», souligne Youssef Idrissi, professeur universitaire d’économie industrielle.
Il poursuit qu’il «faut promouvoir l’esprit écologique et la pratique du recyclage chez les entreprises particulièrement celles qui sont polluantes. La fiscalité a un rôle important à jouer dans ce sens. Il faut la reconfigurer pour qu’elle soit plus incitative pour les investisseurs et répressive pour les pollueurs».
Dans ce cadre, de nombreuses activités dépendent partiellement ou totalement de produits recyclés, c’est le cas de la sidérurgie. Considéré comme le premier recycleur du Royaume, le groupe Sonasid a besoin de la ferraille pour la fabrication du fer à béton. Le sidérurgiste consomme près de 30% de ce marché. L’industrie du papier et carton est également fortement concernée par le recyclage.
«Nous importons la quasi-totalité de la matière première destinée à la fabrication du papier et carton de l’étranger. Les prix de ces produits sont très fluctuants et perturbent fortement notre filière. Lors de la guerre en Ukraine, ils ont atteint des sommets. Si nous pouvons réduire cette dépendance en se basant de plus en plus sur le recyclage de produits traités localement, nous serons moins impactés par ces aléas», a affirmé Mohamed Iraqui, président de l’Association des fabricants d’emballage.
Charaf Jaidani