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Souveraineté alimentaire : Quel modèle agricole pour le Maroc ?

Souveraineté alimentaire : Quel modèle agricole pour le Maroc ?

L'opposition parlementaire à la Chambre des représentants a appelé, lundi, à une "véritable évaluation" des politiques agricoles, alors que les groupes de la majorité ont salué les acquis accomplis et appelé à poursuivre les réformes pour réaliser l’essor du secteur.



Intervenant lors de la séance des questions orales au Chef du Gouvernement, sur la thématique de la "souveraineté alimentaire", le président du groupe socialiste, Abderrahim Chahid, a appelé à reconsidérer la politique alimentaire du pays et à rompre avec le modèle agricole actuel à travers une véritable évaluation des différents plans stratégiques, notamment le Plan Maroc Vert.



Il a souligné dans ce sillage la nécessité d'établir un nouveau modèle agricole pour consolider la souveraineté alimentaire, à travers la révision de la carte agricole et l’augmentation de la production agricole nationale, tout en garantissant les réserves alimentaires.



Faisant observant que le modèle agricole tourné vers l'exportation a engrangé des résultats remarquables qui "devraient être développés et encadrés juridiquement et fiscalement", Chahid a exprimé, en revanche, son "insatisfaction quant à la marginalisation du modèle agricole destiné à la consommation intérieure et la mise à l'écart de l'agriculture de subsistance, qui était un gage de sécurité pour l'alimentation et la stabilité", appelant à une réforme institutionnelle globale qui reconsidère les missions et les prérogatives des différents acteurs pour atteindre la cohésion dans la mise en œuvre des politiques publiques en matière agricole, renforcer la concurrence et lutter contre la spéculation et le monopole.



Pour sa part, le député Mohamed Ouzzine, du groupe Haraki (Mouvement populaire), a évoqué les récents rapports du Haut-Commissariat au Plan relatifs au niveau de vie des citoyens, appelant à réévaluer le Plan Maroc Vert.

Ouzzine a attiré l'attention sur ce qu'il a décrit comme " la flambée des prix des produits alimentaires et des produits agricoles qui ont bouleversé les chaînes de production et ecarsé le maillon faible qui n’est autre que le petit agriculteur et le simple consommateur".



Pour sa part, Rachid Hamouni, président du groupe du Progrès et du socialisme, a souligné les succès de la politique agricole au Maroc, notamment en termes d'intensification et de diversification de la production, d'augmentation des exportations, de développement de la recherche scientifique agricole, d'utilisation des technologies modernes et de développement des performances de plusieurs coopératives. Toutefois, a-t-il souligné, cette "abondance dans certains produits", est accompagné d'une " hausse sans précédent des prix qui dépassent le pouvoir d'achat des citoyens".



Après s'être interrogé sur les pré-requis de la sécurité et de l'autosuffisance alimentaires, Hamouni a souligné que la souveraineté alimentaire passe par la création d'un système national intégré axé sur un stock stratégique de matières premières, appelant le gouvernement à préserver le droit des générations futures en matière de ressources naturelles, d’équilibre entre les marchés intérieur et extérieur et d'autosuffisance de base, sans oublier l'amélioration des conditions de vie des agriculteurs et des petits éleveurs, l'investissement dans une agriculture durable et la réforme des marchés de gros.



Pour sa part, Mohamed Ghiat, président du groupe du Rassemblement national des indépendants (majorité), a affirmé que "la souveraineté alimentaire est tributaire d'un effort immédiat et à long terme pour permettre aux citoyens d’avoir confiance dans les institutions étatiques qui garantissent leurs droits fondamentaux à l'alimentation et les encadrer à travers des politiques publiques et des programmes ayant une portée stratégique, ce qui requiert une vigilance de tous les instants pour renforcer les alliances, les partenariats et le positionnement selon l'intérêt suprême de l'État marocain".



Mohamed Ghiat a relevé que les politiques agricoles du Maroc depuis l'indépendance ont toujours été un moteur principal du développement économique et social, ce qui a permis au pays de faire face à l'inflation alimentaire qui déferle sur le monde entier, ajoutant que "le Plan Maroc Vert a permis au Royaume de réaliser un véritable essor agricole à travers l’amélioration de la productivité et de la compétitivité", notant que "la responsabilité politique nationale nous oblige à aller de l'avant et à poursuivre la réforme en ayant un seul objectif, celui de la souveraineté alimentaire du Maroc".



Pour sa part, le parlementaire Salah-Eddine Chenguiti, du groupe Authenticité et Modernité, s'est félicité de la récente baisse des prix des produits agricoles, notamment des légumes, saluant "le gouvernement pour les mesures qu’il a prises avec courage malgré le coût financier engendré avec la suppression des taxes douanières et la TVA pour nombre de produits de consommation et de produits agricoles"

Pour assurer la souveraineté alimentaire, les lacunes des politiques publiques liées à la sécurité alimentaire doivent être comblées, notamment en ce qui concerne l'accélération de la mise en œuvre de la stratégie nationale de l'eau, et plus particulièrement le raccordement des bassins versants, le dessalement de l'eau de mer, le traitement des eaux usées et la mise en réseau des canaux du nord au sud, a-t-il recommandé.



Le pari, a-t-il dit, porte désormais sur les énergies alternatives et les énergies nucléaires pour réduire le coût de l'eau. Il faut aussi réfléchir à la mécanisation du secteur agricole, à la réhabilitation de la main d'œuvre, au soutien financier à l'agriculteur pour assurer son autonomie, ainsi que d'autres mesures qui exigent une "haute vigilance" afin de développer la production agricole et atteindre la sécurité alimentaire.



De son côté, Mohamed El Hafed, du groupe istiqlalien de l'unité et de l'égalitarisme, a affirmé que le pari sur la souveraineté alimentaire n'est plus seulement un pari stratégique, mais un choix politique à dimensions sociales, économiques et géostratégiques, soulignant que la crise de la pandémie et les fluctuations mondiales ont montré la nécessité de renforcer la souveraineté alimentaire à travers la réforme des politiques publiques et sectorielles, notamment dans le domaine agricole, citant "le plan Génération verte dont les priorités sont à revoir", selon lui.


El Hafed a estimé que pour relever le défi de la sécurité alimentaire, il ne s’agit pas seulement de garantir la disponibilité des matières premières dans les marchés nationaux, mais aussi et surtout de permettre aux citoyens d'y accéder à des prix adaptés et accessibles à leur pouvoir d’achat, dans le cadre d'une politique alimentaire qui contribue au renforcement de l'Etat social et la réalisation d'un l'équilibre qui garantit la consolidation de la paix sociale.



Pour sa part, Belassal Chaoui, du groupe constitutionnel démocratique et social, s’est félicité du succès de nombre de programmes sectoriels, dont le Plan Maroc vert, qui ont permis la transformation, la modernisation et la diversification de la production et des exportations alimentaires, ainsi que la revitalisation des zones qui étaient presque mortes, comme les oasis en plus de l’intégration d’activités qui étaient hors du cycle productif, économique et financier national.



Et d’attribuer la crise alimentaire actuelle à "la hausse de la demande et aux prix élevés des matières premières de base et des intrants pour les processus de production, de distribution et de transport", appelant à résoudre le problème lié à la sécurité hydrique, en tenant compte des conditions climatiques et de l'environnement, de la lutte contre la sécheresse, la rareté des précipitations, le développement de l'élevage et la promotion de projets manufacturiers pour la transformation des produits locaux.

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