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Fintech au Maroc : L’écosystème est en pleine croissance, mais des efforts restent à faire

Fintech au Maroc : L’écosystème est en pleine croissance, mais des efforts restent à faire

Accélération de l’inclusion financière, stimulation de l’innovation, automatisation des processus et réduction des coûts…, les fintech jouent un rôle crucial en matière de transformation du secteur financier et de renforcement de sa compétitivité. Au Maroc, l’évolution des fintech a connu une croissance rapide au fil de ces dernières années. En revanche, le Royaume accuse un net retard par rapport aux autres pays du continent. 

En vue d’échanger autour des perspectives d’évolution de l’écosystème des fintech au Maroc, Visa a tenu, jeudi 25 janvier 2024 à Casablanca, la première édition du Visa Fintech Day. Organisé en partenariat avec l'Agence de développement du digital (ADD), le Technopark et le Centre monétaire international (CMI), cet événement s’est articulé sur plusieurs thématiques telles que le rôle des technologies, la régulation du marché ou encore les infrastructures liées au secteur. 

Dans son mot d’ouverture, Leila Serhan, vice-présidente et Directrice régionale de Visa pour l'Afrique du Nord, le Levant et le Pakistan, a souligné : «En matière de fintech, le Maroc est aujourd’hui un marché prometteur et émergent. La population est très jeune et ultra connectée et le secteur bancaire est très important. Par conséquent, tous ces éléments contribuent au développement du secteur. En effet, les consommateurs souhaitent avoir plus d’alternatives concernant le paiement digital. Nous avions mené il y a quelques mois une enquête dans le cadre de laquelle 6 consommateurs marocains sur 10 ont déclaré qu’ils n'hésiteront pas à payer avec des moyens digitaux si l’occasion se présente. Cela offre à Visa et à nos partenaires énormément d'opportunités dans ce secteur».

Par ailleurs, Leila Serhan a relevé que les fintech sont un véritable moteur de croissance économique, notant que celles-ci peuvent contribuer fortement à la création d’emplois, au soutien de l’entrepreneuriat ainsi qu’à la transformation numérique qui, de nos jours, constitue une priorité pour plusieurs pays.

«Fondée depuis plus de 65 ans, Visa est peut-être la première fintech au monde. Dee Hock, l’initiateur de Visa, avait pour ambition d’utiliser la technologie pour aider les banques, et les clients à payer et à être payés de manière plus pratique et sécurisée. C’est dans cette même perspective que nous voulons aujourd’hui continuer à construire cet écosystème qui est très diversifié et qui s'adapte aux besoins des consommateurs qui sont en perpétuelle évolution», déclare-t-elle.

En effet, Visa participe à l’évolution des fintech au Maroc et ailleurs à travers de nombreuses initiatives. Il s’agit notamment du concours «Visa Everywhere Initiative» qui permet aux startups de présenter leurs solutions innovantes visant à résoudre les défis de demain relatifs au paiement et au commerce. L’entreprise a également mis en place le Visa Fintech Partner Connect, «un programme qui aide les fintech à avoir accès à notre réseau Visa et à travers lequel nous travaillons avec ces startups sur des sujets de co-création et en leur permettant justement de commercialiser leurs solutions», détaille Leila Serhan. 

Dans le même ordre d’idées, la vice-présidente a annoncé le lancement des candidatures pour la 2ème cohorte du programme Visa Africa Fintech accelerator qui offre aux fintech africaines des formations, des technologies, des opportunités d’investissement ainsi que des mises en relation. Elle a dans ce sens rappelé qu’à l’horizon 2027, Visa prévoit d’investir 1 milliard de dollars dans les services financiers en Afrique en vue de faire progresser l’économie de la région et promouvoir la croissance inclusive. «Pour la première cohorte, Visa avait sélectionné 23 startups, dont 3 sont marocaines. Il s’agit de Chari, Weego et PayTic Connect. Nous sommes convaincus que toutes ces fintech ont le potentiel d’apporter de nouvelles idées et de nouvelles perspectives au paysage des fintech en Afrique», se réjouit-elle. 

Intervenant lors d’un panel intitulé «Régulateurs et infrastructures: Accélérateur clé pour l'expansion des fintechs», Mehdi Alaoui, chef du département écosystèmes des startups à l’Agence de développement du digita,l a mis l’accent sur l’évolution des fintech au Maroc. «Au sein de l’ADD, nous observons constamment l’évolution de l’écosystème des fintech. Entre 2020 et 2021, nous avons observé une croissance fulgurante suite à la pandémie du Covid-19. De manière globale, le secteur est en évolution puisque le nombre de startups augmente significativement. Selon un rapport publié par McKinsey en 2022, le nombre de startups au Maroc a triplé entre 2020 et 2021 pour atteindre environ 5.200, dont la moitié sont des fintech», précise-t-il.

Par ailleurs, Mehdi Alaoui a mis la lumière sur le label Jeune entreprise innovante (JEI) en nouvelles technologies. Cette initiative de soutien et d’appui aux JEI dans le numérique a été introduite en 2019, afin d’opérationnaliser la mesure instruite par l’Office des changes. Ladite mesure permet aux entreprises labellisées JEI en nouvelles technologies de régler par cartes de paiement internationales, à hauteur de 1.000.000 dirhams par année civile, les importations de services liés à leurs activités au titre du «commerce électronique». 

«Le label JEI permet d'asseoir le caractère innovant d’une startup. Parmi la population labellisée, plus de 40% sont des fintech et une grande majorité opère dans le secteur du retail», indique-t-il. 

D’un autre côté, Mehdi Alaoui a affirmé que l’environnement technologique est très favorable à l’émergence de nouveaux services innovants des fintech, citant à ce propos le développement de l’intelligence artificielle générative, l’analyse poussée de la data ainsi que la blockchain. 

Pour ce qui est de la régulation, Alaoui estime qu’elle est en plein mouvement au niveau national. A cet égard, l’intervenant a donné l’exemple du portail dédié aux fintech, lancé en 2022 par l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC). Ce site permet aux fintech d’«entrer en contact avec les experts du secteur qui vont leur donner les informations nécessaires en ce qui concerne la régulation», précise Alaoui. Ce dernier a donné également l’exemple du One Stop Shop Fintech, introduit par Bank Al-Maghrib en 2019. «Ce guichet unique a pu recevoir jusqu’en 2022 plus de 70 fintech, dont 3 proposent des solutions en rapport avec le crowdfunding», mentionne-t-il. 

Dans la même veine, Hakima El Alami, directrice de la Supervision bancaire chez Bank Al-Maghrib, a relevé : «Il y avait une certaine méconnaissance de la réglementation marocaine et le One Stop Shop Fintech a permis d’avoir un dialogue direct avec les fintech. Cela permet à la fois d’expliquer et d’écouter les attentes des fintech par rapport aux freins liés au financement ou encore à l’accompagnement. BAM a par ce biais amené d’autres régulateurs à mettre en place des cellules similaires».

Par ailleurs, elle a affirmé que les fintech peuvent jouer un rôle crucial en matière de digitalisation de l’ensemble des secteurs. Même si elle estime que les moyens de paiement électroniques sont aujourd’hui en pleine évolution au Maroc, Hakima El Alami considère que sur le terrain beaucoup d'efforts restent à faire. 

Cette responsable au sein de BAM a également stipulé que le développement du secteur s’appuie grandement sur l’évolution réglementaire. Dans ce sens, elle a précisé que la loi sur le crowdfunding va permettre aux fintech de créer un lien entre le consommateur et les sociétés de financement. 

De son côté, Hanae Ben Driss, Directrice générale de HPS Switch, a d’abord mis en relief le rôle de l’entreprise qu’elle dirige, notant que celle-ci interconnecte l’ensemble des acteurs de l’écosystème, notamment les banques et les établissements de paiement. «L’objectif étant de pouvoir assurer l’interopérabilité nationale des moyens de paiement digitaux, en l'occurrence la carte et le Wallet». 

Dans le dessein de promouvoir le secteur des fintech au Maroc, HPS Switch accompagne ces startups en matière de formation. «Nous avons une académie qui propose un catalogue de formations au profit des fintech. Ces formations couvrent l’ensemble de l’activité de paiement et nous serons ravis de l’enrichir davantage afin de pouvoir répondre de plus près aux besoins de ces fintech», dixit Hanae Ben Driss. 

In fine, la DG de HPS Switch a souligné l’importance du paiement wallet indiquant que cette instantanéité des règlements est très importante pour les fintech dans la mesure où elle permet d’avoir plus d’intérêt pour ces moyens de paiement et plus d’innovation.

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