Les opérateurs des métiers de bouche s’inquiètent des mesures sanitaires qui seront prises par les autorités durant le mois de Ramadan.
Le secteur appelle à l’application des accords signés avec le CVE dans le cadre du «contrat-programme exclusif».
Par B. Chaou
«Nous ne souhaitons pas, encore une fois, être mis au courant qu’à la toute dernière minute des mesures sanitaires qui seront prises à l’égard des restaurants et cafés durant la période du mois de Ramadan», nous confie d’emblée Mohamed Elfane, président de la Fédération marocaine de la franchise. A l’approche du mois sacré, les acteurs des métiers de bouche manifestent leurs inquiétudes quant aux mesures sanitaires qui seront prises par les autorités.
Déjà fortement impactés depuis le début de cette crise, certains professionnels ont subi une baisse de plus de 60% de leurs chiffres d’affaires, tandis que d’autres ont été obligés de «baisser le rideau». Les professionnels du secteur craignent aujourd’hui le pire, avec une perspective de fermeture des établissements pour une période d’un mois, et plaident pour une solution afin de permettre au secteur de survivre durant le mois de Ramadan.
«Avec l’ensemble des opérateurs représentés par les différentes fédérations affiliées à la Confédération marocaine des métiers de la bouche, nous avons envoyé une lettre au ministère de l’Industrie et du Commerce afin de tenir une réunion pour trouver des solutions et nous préparer à l’avance, mais nous n’avons malheureusement reçu aucun retour», nous confie Mohamed Elfane.
«Les préoccupations des différents acteurs du secteur sont grandissantes, car seules quelques semaines nous séparent du mois de Ramadan. Nous souhaitons être fixés sur notre sort, et trouver des solutions avec les autorités pour nous dédommager en cas de fermeture forcée qui provoquerait l’arrêt total de notre activité», ajoute-t-il.
Les scénarios envisageables
Plusieurs scénarios sont envisageables, et le plus pessimiste d’entre eux serait une fermeture complète des restaurants et cafés. Dans ce cas, pour le président de la Fédération marocaine de la franchise, il faut que l’Etat dédommage les patrons des établissements à travers des indemnités de salaires, d’activités, mais aussi de loyers. L’autre scénario, qui est celui défendu par les opérateurs, serait de leur permettre d’accueillir les clients durant la période de la rupture du jeûne avec fermeture à 21 H, tout en autorisant les livraisons jusqu’à minuit.
Cependant, tous les établissements ne sont pas en mesure d’assurer des livraisons. «Je tiens à signaler tout de même que près de 70% des opérateurs ne pourront pas réaliser de livraisons. Il faut donc des solutions qui soient équitables pour tous», explique Elfane.
En attente de mesures durables
Par ailleurs, il semble, selon les déclarations de notre interlocuteur, que le secteur soit complètement délaissé. Les entreprises des métiers de bouche n’ont bénéficié d’aucun abattement fiscal malgré la forte baisse de leurs activités. De même que les mesures prévues dans le «contrat-programme exclusif», dont celles relatives aux indemnités salariales et aides financières signées avec le Comité de veille économique (CVE) n’ont pas connu d’aboutissement.
D’après Elfane, «aucune des mesures figurant dans le contrat-programme exclusif n’est entrée en vigueur. Je cite parmi elles les indemnités salariales, qui devaient être versées à partir du mois de janvier et jusqu’à fin mars. Nous avons tenu le coup et avons payé les salaires avec nos propres moyens afin de préserver les emplois, mais cela ne peut durer encore longtemps. La majorité des professionnels est dans une mauvaise situation». «Nous nous réjouissons de la mise en place de ces contratsprogrammes qui doivent permettre aux entreprises de sortir la tête de l’eau, mais il faut qu’ils entrent en application. Et que le gouvernement fournisse encore plus d’efforts pour aider ce secteur qui est à l’agonie», conclut Elfane.