Selon le ministre du Transport et de la Logistique, Mohammed Abdeljalil, le transport mixte ne constitue plus une solution adaptée à la mobilité dans les milieux ruraux.
Par M. Ait Ouaanna
Le 17 mars dernier, 11 personnes ont péri et 12 autres ont été grièvement blessées suite au renversement d’un véhicule de transport mixte dans la province d’Azilal. Ce qui est beaucoup plus alarmant, c’est qu’il ne s’agit pas d'un cas isolé, puisque des tragédies similaires se produisent souvent sur les routes du pays. Ce nouveau drame a remis sur le devant de la scène le débat sur les préoccupations liées à la mobilité rurale, notamment le transport mixte. Certes, ce moyen de transport, adopté pour la première fois au Maroc en 1982, offre aux habitants des régions reculées des solutions à certains problèmes de déplacement, mais il soulève toutefois des enjeux majeurs en termes de sécurité routière.
Au niveau des véhicules de transport mixte, où sont à la fois transportés des individus, des animaux et des marchandises, la capacité autorisée est souvent dépassée, ce qui met en péril la sécurité des usagers. Réagissant lors d’un récent point de presse aux accidents de la circulation causés par le transport mixte, le ministre du Transport et de la Logistique, Mohammed Abdeljalil, a affirmé que ce moyen de transport ne constitue plus une solution adaptée à la mobilité dans les milieux ruraux. Il a par ailleurs précisé que la plupart des accidents attribués au transport mixte sont en réalité dus à des véhicules n'ayant pas l'autorisation légale d'exercer en tant que transporteurs publics, appelant ainsi au renforcement du contrôle dans ce sens.
Dans le même ordre d’idées, le ministre a appelé les parties concernées à trouver des alternatives pour répondre aux besoins de transport dans ces régions, tout en soulignant l'importance de la formation des conducteurs professionnels pour améliorer la sécurité routière. Pour rappel, le ministre s’est réuni, quelques jours avant la tenue de ce point de presse, avec cinq représentations professionnelles du secteur du transport en milieu rural, afin d’échanger autour des problèmes relatifs au transport mixte. Mais ce que l’on retient le plus de cette rencontre, est que la tutelle n’envisage pas de supprimer ce moyen de transport. La preuve est l’annonce faite juste après par le ministère, indiquant la mise en œuvre dès ce mois d’avril du programme de renouvellement du parc de véhicules du transport mixte. Ce programme vise à encourager les professionnels du transport routier en milieu rural à renouveler leurs véhicules, notamment à travers l’augmentation de la valeur de la prime destinée à l’acquisition d’un véhicule.
Contacté par nos soins, Abdelilah Hifdi, président de la Fédération du transport et de la logistique (FTL), souligne l’urgence de trouver des solutions durables pour le transport en milieu régional et rural. «Il est indispensable de mettre en place des moyens de transport qui assurent avant tout le respect de la dignité de l’Homme rural, car le transport mixte implique souvent le transport simultané d'individus, d'animaux et de marchandises. Le citoyen doit figurer au cœur des politiques publiques nationales, régionales et locales», insiste-t-il. Par ailleurs, le président de la FTL pointe du doigt «un déficit» au niveau de la loi organique n°111- 14 relative aux régions.
«Cette loi organique énonce les compétences propres des collectivités territoriales, dont les questions liées au transport, mais ne les rend pas obligatoires. De ce fait, le Conseil provincial va certainement choisir la voie la plus simple en déléguant cette responsabilité à l’Etat, ce qui remet en cause la régionalisation avancée. Il faudrait à mon avis amender cette loi pour rendre obligatoire l’exercice de ces compétences propres», note-t-il. Dans ce même contexte, Abdelilah Hifdi relève qu’il est temps pour les régions de prendre la responsabilité de tout ce qui est local dans une optique d'harmonisation de l’ensemble des modes de transport. Et de noter que les infrastructures de transport sont aujourd’hui désarticulées par rapport à la réalité et aux besoins des citoyens.