Dans le cadre des préparatifs de la CAN 2025 et du Mondial 2030, le ministère du Tourisme a signé plusieurs contrats visant la réouverture et la restructuration de certains hôtels fermés. Le Maroc prévoit d’augmenter sa capacité hôtelière à 340.000 lits à l’horizon 2026 et 500.000 lits d’ici 2030.
Par M. Ait Ouaanna
La crise provoquée par le Covid-19 a servi d’électrochoc pour le Maroc, qui a réellement pris conscience de l’importance du tourisme pour son économie. Depuis, le Royaume ne laisse passer aucune opportunité pour promouvoir ce secteur vital. Ainsi, l’organisation de la CAN 2025 et du Mondial 2030 fait partie de ces occasions en or qui vont inciter le pays à améliorer et renforcer son offre touristique. Dotée d’une enveloppe budgétaire de 6,1 milliards de dirhams, la feuille de route du tourisme 2023- 2026 va grandement contribuer à cette dynamique. Celle-ci vise, entre autres, à mettre à niveau le parc hôtelier existant, à créer de nouvelles capacités hôtelières et à diversifier les produits d’animations culturelles et de loisirs.
La tutelle s’attaque aux hôtels fermés
L’hôtellerie, force motrice du secteur, peine encore à se développer dans certaines régions du Royaume. Consciente de l’urgence de remédier à cette problématique, la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, Fatima Zahra Ammor, a récemment annoncé le déploiement d’un dispositif visant la réouverture progressive de l’ensemble des hôtels fermés du pays. Répondant à une question orale à la Chambre des représentants, la responsable a précisé que cette mesure concernera dans un premier temps Agadir et Ouarzazate, vu le grand nombre d’hôtels fermés dans ces villes du sud. La ministre a également révélé que des contrats ont été signés avec des investisseurs internationaux pour restructurer et rouvrir ces établissements.
Ouarzazate demeure délaissée !
Zoubir Bouhoute, expert en tourisme, estime qu’en dépit de cette annonce, la nécessité de réactiver la totalité de la capacité d'hébergement à Ouarzazate demeure un enjeu à adresser. Bouhoute a d’ailleurs fait savoir que l’annonce faite par la ministre ne survient qu’après «une pression exercée sur son département par des parlementaires, qui ont souligné son manque d'attention envers Ouarzazate, où la moitié de la capacité d'hébergement demeure toujours inactive». Dans le même ordre d’idées, l’expert relève que Ouarzazate attend toujours les résultats de l'appel à manifestation d'intérêt pour l'acquisition de deux unités hôtelières totalisant près de 340 lits, au moment où des contrats ont été signés pour la réouverture de plusieurs établissements à Agadir ainsi qu’à Marrakech. «Avant même l'annonce de la ministre, deux petites unités ont été reprises grâce aux efforts déployés par les responsables locaux, augmentant la capacité d'Ouarzazate d'environ 300 lits seulement, laissant toujours la moitié de la capacité d'hébergement inactive», précise-t-il.
Accroissement de la capacité litière
Par ailleurs, Bouhoute affirme qu’à l’échelle nationale, particulièrement au niveau des grandes villes, la Société marocaine d'ingénierie touristique (SMIT) a tout de même pu attirer en 2023 de nombreux investisseurs étrangers et des chaînes hôtelières internationales de renom telles que Westmont, Kasada et Barcelo. «Cela s'est traduit par l'ouverture de nouveaux établissements hôteliers avec un investissement de 8 milliards de dirhams, offrant 7.000 lits supplémentaires, notamment à Rabat, Casablanca, Tanger, Agadir et Dakhla», indique notre interlocuteur. Dans ce sens, il est opportun de noter que le Royaume prévoit d’augmenter sa capacité hôtelière à 500.000 lits à l’horizon 2030. Celleci s’élève actuellement à 300.000 lits, et devrait atteindre 340.000 lits d’ici 2026, soit 40.000 lits supplémentaires. Acteurs publics et privés sont résolument conscients de la nécessité de renforcer l’offre hôtelière du pays en préparation de ces événements sportifs d’envergure, mais comment procéder ? Zoubir Bouhoute considère que le Maroc devrait encourager les investissements dans les infrastructures hôtelières en mettant à contribution la nouvelle Charte d'investissement et le Fonds Mohammed VI pour l’investissement. «Ces mesures permettront d'augmenter la capacité d'accueil, aussi bien par la construction de nouveaux établissements que par la rénovation des hôtels existants. Les partenariats et collaborations public-privé, soutenus par des incitations fiscales et des partenariats stratégiques, peuvent stimuler les investissements et améliorer la gestion des établissements», précise-t-il. En parallèle à cela, Bouhoute indique que l'implication des Conseils régionaux par la création de fonds régionaux pour stimuler l'investissement à travers les sociétés régionales de développement touristiques, serait un atout majeur. Aussi, l’expert met en relief la nécessité de mettre en place des programmes de formation axés sur l'accueil, le service à la clientèle et la gestion des situations liées aux grands événements sportifs.