Mohamed Benchaâboun, ministre de l’Economie, Finances et de la Réforme de l’Administration, a fait un exposé devant les deux commissions des deux chambres du Parlement sur la situation économique à fin juin 2020 ainsi que les perspectives d’avenir.
Il ressort de son intervention que l’économie nationale sera confrontée à trois chocs.
Le premier est relatif à la contraction de l’économie mondiale, surtout chez les partenaires européens du Maroc.
Le deuxième est interne et causé par l’arrêt des activités sous l’effet de la crise sanitaire, et le troisième a trait à l’impact néfaste de la sécheresse, avec récoltes limitées à 30 millions de quintaux, soit l’une de saisons les plus faibles de ces dix dernières années.
Face à cette conjoncture, le Maroc devrait enregistrer sa première récession depuis la fin des années 90, entraînant au passage une dégradation des indicateurs macroéconomiques, notamment le déficit budgétaire, le déficit commercial et la balance des paiements. Le taux de croissance devrait régresser de 5%.
Toutefois, force est de constater que les conditions de financement de l’économie se sont améliorées.
En effet, le crédit bancaire a enregistré au cours des 5 premiers mois de l’année une hausse 19,7 milliards de DH, soit une progression de 2,5%. Les facilités de caisse ont augmenté de 14,8 milliards de DH, soit une hausse de 7,8%, et ce grâce aux produits de garanties, dont «Damane Oxygène».
Ces conditions de financement favorables ont bénéficié de la faiblesse des taux de crédit, et ce malgré un problème de liquidité.
Il est prévu que les banques soient plus flexibles en matière de financement de l’économie sous l’effet de la baisse du taux d’intérêt directeur. Une initiative qui permettra aux entreprises d’accéder plus facilement aux crédits et d’assurer la reprise.
Benchaâboun note également une accentuation du déficit de liquidité estimée en moyenne à 93,8 milliards de DH au cours du deuxième trimestre 2020. Les interventions de Bank Al-Maghrib ont permis d’injecter 97,4 milliards de DH au cours de cette période contre 72,6 milliards de DH au cours du premier trimestre 2020.
Au niveau de l’emploi, le taux de chômage s’est établi à fin juin 2020 à 10,5%.
Il est prévu la perte de 227.000 emplois dans le secteur non-agricole et 78.000 dans le secteur agricole. Cela devrait augmenter le taux de chômage qui atteindrait 13% en 2020 contre 9,2% en 2019.
S’agissant des échanges extérieurs, le déficit commercial devrait baisser au cours du premier semestre de 13% à 13,2 milliards de DH par rapport à la même période de 2019, à cause de la baisse des exportations à hauteur de 33,4 milliards de DH et une régression des importations de 46,6 milliards de DH. Le taux de couverture commerciale devrait chuter à 57,6% contre 63,1% durant la période de 2019.
Les recettes voyages devraient reculer de 28,9% et celles des MRE de 11,4%.
Pour ce qui est des finances publiques, Benchaâboun fait état d’une baisse des recettes de 12,5 milliards de DH, soit 10,5% comparativement au premier semestre 2019.
Pour leur part, les dépenses ont augmenté de 7,1% à 8 milliards de DH.
Le déficit budgétaire atteint 29,1 milliards de DH contre 17,6 milliards de DH au cours de la même période de 2019. A la lumière de ces résultats, le déficit devrait atteindre 82,4 milliards de DH, soit un taux de 7,5% du PIB.