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Paiement mobile et inclusion financière au Maroc

Paiement mobile et inclusion financière au Maroc
 
La stratégie d’inclusion financière du Maroc contribue à faire passer une grande partie de l’économie informelle du pays à l’économie formelle, explique Azzedine El Mountassir Billah, ex-DG de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications.
 
 
Depuis 30 ans, le Maroc a utilisé l'inclusion financière, parmi d’autres leviers, pour favoriser le développement économique et social des femmes, des jeunes, des familles à faibles revenus, de la population rurale et des micro-entreprises.
 
Cela a commencé au milieu des années 90 avec le lancement de programmes de microcrédit, donnant aux personnes sans compte bancaire un accès au crédit. 
 
Cela s'est avéré être un grand succès avec 13 acteurs offrant actuellement des services de microfinance à environ un million de clients actifs, avec des encours de crédit d'environ 600 millions d'euros sur des centaines de milliers de nouveaux prêts chaque année.
 
Une stratégie nationale pour l'inclusion financière a été lancée en 2019, visant à améliorer encore l'accès aux services financiers et à faire passer le taux de pénétration des comptes financiers de 34% à 47% de la population adulte d'ici cinq ans.
 
Cette stratégie compte capitaliser sur le succès des services de microfinance et les développer davantage et accélérer le développement des services financiers mobiles, en particulier les services de paiement mobile.
 
La conception de l'écosystème de paiement mobile a été lancée en 2016 dans le but d'augmenter l'inclusion financière ainsi que de diminuer la circulation des liquidités, en s'appuyant sur des réseaux de services alternatifs adaptés à la population non bancarisée.
 
En s'appuyant sur les téléphones mobiles, qui ont une très forte pénétration au Maroc, les services financiers mobiles sont accessibles à la population non bancarisée et ont le potentiel d'accélérer l'inclusion financière. De plus, le paiement par téléphone mobile permet de réduire la circulation des espèces en dématérialisant les dépôts et la collecte d'argent.
 
L'écosystème marocain du paiement mobile compte désormais plus de 20 acteurs du marché (établissements de paiement) qui ont mis en place des solutions de paiement permettant des encaissements et des retraits, des paiements en point de vente, des transferts d'argent et des paiements de factures. Ces solutions techniques sont interopérables et permettent un traitement en temps réel, avec un switch permettant des transactions entre les plateformes des différents acteurs.
 
Parallèlement, les autorités marocaines ont mis en œuvre une série de mesures pour promouvoir l'utilisation du paiement mobile. Il s'agit notamment de procédures d'ouverture numérique pour les comptes plafonnés à 500 € pour améliorer et faciliter l'accès des utilisateurs, et les prestations sociales du gouvernement, fournies à l'aide du système de paiement mobile.
 
Des subventions à environ 1,2 million de ménages qui encouragent la scolarisation des enfants des zones défavorisées, par exemple, devraient être progressivement accordées sur des comptes financiers mobiles. 
 
Des exemptions pour les transactions de paiement mobile sur une période de cinq ans pour les petits magasins ont également été introduites.
 
Les entreprises de distribution de biens de consommation en évolution rapide ont également été invitées à accepter les paiements mobiles des magasins de détail; tandis que les établissements de paiement ont également été sollicités pour développer leur réseau de points d'accès, avec l'ambition de livrer 35 000 points de service d'ici cinq ans.
 
Une campagne marketing va également être lancée début 2021 pour promouvoir l'utilisation des services de paiement mobile par le Groupement d'intérêt économique regroupant tous les acteurs de l'écosystème de paiement mobile.
 
Il y a actuellement 1,5 million de clients des services de paiement mobile, c'est-à-dire des personnes qui ont ouvert un compte de paiement mobile. 
 
D'ici cinq ans, le nombre de comptes financiers mobiles actifs devrait atteindre 5 millions, les dépôts sur ces comptes devraient atteindre 6 milliards d'euros et les flux financiers devraient être d'environ 40 milliards d'euros.
 
Parmi les services actuellement proposés, il y a le paiement de factures de services publics qui s'ajoute au transfert d'argent et aux transactions au point de vente, tous livrés via les téléphones portables des clients. 
 
Ces services sont accessibles via toutes sortes de téléphones mobiles, même les téléphones basiques et fonctionnels et ne se limitent pas aux smartphones. 
 
Au cours des mois et des années à venir, des services financiers supplémentaires devraient être offerts par le biais des téléphones mobiles par les établissements de paiement.
 
En conclusion, le déploiement des services financiers mobiles avec une utilisation intensive des canaux numériques devrait représenter une grande partie de l'augmentation de l'inclusion financière et de la réduction de l'utilisation des liquidités au Maroc, et contribuera à ouvrir la voie à un changement d'inclusion sociale à part entière d’une grande partie de l'économie informelle à l'économie formelle.
 
 
 
Traduit de l’anglais par Wassim Azizi
(Source : Revue du Parlement européen)

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