La pandémie du Covid-19 a remis en scène la nécessité criante de booster la production locale. Afin d’assurer la reprise de l’économie marocaine, le gouvernement actuel s’engage dans son programme 2021 - 2026 à soutenir le label «Made in Morocco».
Dans le cadre des «Moroccan Consumer Days 2022», le magazine Consonews a donné lundi 27 juin à Casablanca, le coup d’envoi de la première édition des «RDV du Made in Morocco», un évènement essentiellement dédié à la promotion des marques marocaines.
Placée sous l’égide du ministère de l’Industrie et du Commerce, cette première rencontre tenue sous le thème «Les marques marocaines, pilier de la souveraineté économique» était l’occasion de lancer le débat autour de l’importance du Made in Morocco, à travers un cycle de conférences-débats animés par des officiels, des chefs d’entreprise ainsi que des experts en la matière.
Dans son allocution d’ouverture, Nabil Taoufik, directeur de publication de Consonews, a mis en exergue l’importance de renforcer la résilience économique en s’appuyant sur les acteurs nationaux.
«Aujourd’hui, le Maroc est engagé sur une nouvelle voie, celle de la souveraineté. D’un point de vue économique, cela se traduit par l’ambition d’avoir la main sur son destin économique, c'est-à-dire arriver à une certaine autosuffisance au niveau national et atteindre un certain degré de compétitivité au niveau régional et international. Cette ambition ne peut être réalisable et réaliste que si le pays dispose d’un tissu productif à la hauteur des objectifs assignés et c’est à ce niveau-là qu’apparaît l’importance du Made in Morocco».
Et de poursuivre : «Le Covid nous a appris qu’il faut localiser un certain nombre d’activités stratégiques et vitales. De ce fait, cette première édition des RDV du Made in Morocco se fixe comme devoir de porter la bonne parole du produit national auprès des consommateurs. Mais nos efforts, aussi louables soient-ils, resteront limités si cette ambition n’est pas partagée par tout le monde».
S'exprimant lors de cet évènement, Ryad Mezzour, ministre du Commerce et de l’Industrie, a appelé les Marocains à investir et à lancer leurs propres marques afin de contribuer à la promotion du Made in Morocco.
«Durant les 20 dernières années, le Maroc a connu une transformation incroyable que ce soit au niveau de la qualité, de la compétence ou de la créativité. Cela ne fait plus aucun doute, au Maroc, nous fabriquons de la qualité mondiale. En revanche, le problème aujourd’hui réside au niveau de l’ambition. Avec leurs marques, les Marocains ont toutes les cartes en main pour conquérir le monde, mais la plupart se cantonnent à un marché de 36 millions d’habitants avec un pouvoir d’achat moyen».
Dans le même ordre d’idées, le ministre a souligné que «le Made in Morocco a un énorme avenir devant lui. Les attributs d’une marque du moment où c’est un nom commercial sont au nombre de trois. Premièrement, la compétence de la marque. Aujourd’hui, les compétences du Maroc sont prouvées partout dans le monde. Nous n’avons plus besoin de montrer que ce qu’on fait mérite d’être commercialisé. Le deuxième attribut c’est la potentialité. En effet, le Maroc est en train de connaître une évolution extrêmement intéressante dans l’esprit des gens du monde entier, notamment grâce à sa stabilité, son ouverture, son authenticité, sa créativité et sa qualité. Troisièmement, la légitimité, et c’est ce qui manque et c’est ce qui s’attribue à l’ambition», a-t-il détaillé.
En se basant sur les résultats d’une étude réalisée en 2018 par Kantar Maroc, filiale du leader mondial du conseil et des études marketing, Siham Malek, Directrice générale de ladite entreprise, a affirmé que les Marocains consomment, majoritairement, des produits locaux. «Au niveau global, 60% de la consommation des ménages est de marques locales. De plus, 6 parmi les 10 marques les plus consommées par les ménages marocains sont des marques marocaines», révèle-t-elle.
Convaincue de la nécessité de privilégier le Made in Morocco, Siham Malek a mis la lumière sur les avantages qu’offrent les marques marocaines aux investisseurs. «D’abord, il s’agit de la proximité culturelle puisque celles-ci sont très proches du consommateur marocain et comprennent les différentes nuances culturelles et traditionnelles. Le deuxième avantage est la montée de la classe sociale moyenne. Aujourd’hui, le monde entier connaît une ascension de cette classe demandeuse de plus de choix et de qualité et les études ont prouvé que c’est plutôt les marques locales qui arrivent à répondre le mieux à cette opportunité. Troisièmement, il s’agit du soutien gouvernemental, puisque nous remarquons dans différents pays que les gouvernements soutiennent de plus en plus la production locale et que le Maroc n’en fait pas l’exception. Enfin, le quatrième avantage c’est la montée du digital».
De son côté, Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC), a indiqué que la pandémie a dévoilé les futurs défis auxquels feront face les nations, et qui portent particulièrement sur la souveraineté dans les domaines énergétique, alimentaire, sanitaire et numérique.
Il a également rappelé que certaines marques marocaines ont résisté au choc de la pandémie grâce à leur persévérance dans la production et à la résilience de la chaîne de l’amont à l’aval, ajoutant toutefois que la résilience d’une marque nationale ne pourrait jamais avoir lieu sans une appropriation par le consommateur.
Selon le président de la FMDC, le marché est constitué de trois pivots essentiels à savoir, l’administration régulatrice, le fournisseur entrepreneur et un consommateur averti, qui constituent le trépied de la Fédération. «Ce qui nous amène à la mise en exergue d’un nouveau dogme sur la protection du consommateur. Il vise la protection du marché par la protection du trépied dans son ensemble», a-t-il expliqué.
M. A. O.
