À l’ère du tout-connecté, partir en vacances ne signifie plus se déconnecter complètement. Réservations en ligne, navigation GPS, partages sur les réseaux sociaux, paiements mobiles : le smartphone est devenu un compagnon incontournable du voyageur moderne. Mais cette omniprésence numérique expose aussi à de nouveaux risques, souvent sous-estimés.
Vols, piratages, fuites de données… Chaque été, les cybermenaces liées aux déplacements augmentent sensiblement. Selon un rapport de Check Point Research, les attaques contre les utilisateurs mobiles ont augmenté de 37% en 2024, notamment pendant la période estivale. Réseaux ouverts dans les aéroports, hôtels, cafés, gares…
Ces connexions gratuites séduisent par leur praticité mais recèlent de nombreux pièges. Dans les aéroports, les cafés ou les hôtels, se connecter à un réseau Wi-Fi gratuit est devenu un réflexe quasi automatique. Pourtant, ces connexions représentent un terrain de chasse idéal pour les pirates. «Le Wi-Fi public est l’équivalent numérique d’une porte ouverte. Sans protection, toute donnée qui transite peut être interceptée», nous explique Youssef El Haddad, expert en cybersécurité et consultant pour plusieurs institutions publiques. Les techniques d’attaque sont nombreuses : man-in-the-middle, usurpation de réseau ou encore sniffing des données non chiffrées. Le remède ?
L’utilisation systématique d’un VPN (réseau privé virtuel), qui chiffre les échanges et protège l’utilisateur, même sur un réseau compromis. «Aujourd’hui, un bon VPN est aussi important que sa ceinture de sécurité en voiture. Il faut que ça devienne une habitude», insiste El Haddad. Selon Driss Zeriouh, également consultant en cybersécurité, « les réseaux publics non protégés fonctionnent comme une rue sans surveillance où n’importe qui peut écouter, intercepter ou manipuler les échanges de données ». Une technique fréquemment employée est celle du man-in-the-middle : le pirate s’intercale entre l’utilisateur et le réseau, récupérant ainsi mots de passe, données bancaires ou informations personnelles.
La solution la plus efficace reste l’utilisation d’un VPN (Virtual Private Network), qui chiffre l’ensemble du trafic internet. « Un VPN fiable crée un tunnel sécurisé, rendant impossible l’interception de données, même sur un réseau compromis », explique Driss Zeriouh. Il est donc vivement conseillé de l’activer systématiquement dès que vous vous connectez à un réseau public.
Par ailleurs, les téléphones portables d’aujourd’hui concentrent une quantité impressionnante de données personnelles : photos, messages, informations bancaires, accès aux réseaux sociaux et aux emails. En cas de perte ou de vol, ces données peuvent tomber entre de mauvaises mains. Selon une étude de Kaspersky, 30 % des utilisateurs ayant subi le vol ou la perte de leur smartphone ont vu leurs données personnelles compromises.
«Sécuriser son smartphone est devenu un impératif», nous précise D. Zeriouh. Il recommande plusieurs mesures essentielles : « activer le verrouillage par code fort ou biométrie, activer la localisation à distance, sauvegarder ses données régulièrement et, si possible, configurer un effacement à distance. Ces simples gestes peuvent limiter considérablement les dégâts». En cas de vol, il est également primordial de bloquer rapidement la carte SIM auprès de son opérateur afin d’éviter une usurpation d’identité ou l’envoi de SMS frauduleux.
Les arnaques ciblées, un fléau en pleine croissance
Avec la montée en puissance du numérique, les cybercriminels diversifient leurs méthodes. Les tentatives de phishing -mails ou SMS frauduleux imitant des services officiels- augmentent nettement en période de vacances. « Les cybercriminels exploitent la moindre distraction liée au contexte des vacances pour piéger les utilisateurs », explique Youssef Farid, responsable sécurité chez SecureMaroc. Il conseille la vigilance maximale : « Ne jamais cliquer sur un lien douteux, vérifier l’expéditeur, et privilégier les accès directs aux sites officiels plutôt que par les liens reçus. »
En bref, les vacances sont synonymes de détente et de déconnexion, mais dans un monde ultra-connecté, la prudence numérique doit rester une priorité. Comme le rappelle Driss Zeriouh, « la sécurité digitale en voyage ne doit pas être un luxe réservé aux experts, mais une routine accessible à tous».
Certaines personnalités (journalistes, diplomates, cadres) optent pour un smartphone secondaire, spécialement configuré pour le voyage. Il ne contient que les applications essentielles et limite les accès aux données sensibles. Cette démarche, bien qu’exigeante, réduit drastiquement les risques en cas de perte ou de piratage.