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Souveraineté sanitaire : Loin des déclarations d’intention, le Maroc pose des actes forts

Souveraineté sanitaire : Loin des déclarations d’intention, le Maroc pose des actes forts
  • Le Royaume construit progressivement sa souveraineté sanitaire, devenue un enjeu de développement majeur.
  • Muscler le système de santé national est plus que jamais une nécessité dans un monde appelé à connaitre d’autres pandémies.

 
Avec le lancement, à Benslimane, des travaux de réalisation d’une usine de fabrication de vaccins anti Covid-19 et autres vaccins, le Maroc franchit une nouvelle étape dans son ambition de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
 
Le Royaume construit progressivement sa souveraineté sanitaire, devenue un enjeu de développement majeur.

En l’espace de quelques heures, deux évènements majeurs se sont passés au Maroc. 

Commençons par le second : le jeudi 27 janvier, vers 22H30, le gouvernement annonçait la réouverture des frontières marocaines. Un évènement ponctuel et à impact économique et social immédiat. Dès le 7 février, l’espace aérien marocain reprendra vie. Actuellement, les agences de voyages sont prises d’assaut et les compagnies aériennes sont au taquet. Une nouvelle dynamique économique va être enclenchée si les conditions d’accès au territoire national sont  dissuasives pour capter les touristes étrangers. 
 
Les Marocains étaient tellement enthousiastes et soulagés à l’annonce de cette réouverture des frontières qu’ils ont vite «digéré» le premier évènement qui a eu lieu le même jour, vers 17h30. Le Roi Mohammed VI présidait, en effet, à Benslimane, la cérémonie de lancement des travaux de réalisation d’une usine de fabrication de vaccins anti Covid-19 et autres vaccins. Il s’agit d’un projet structurant, dont les impacts économiques et sociaux seront visibles, cette fois-ci, à moins et long terme. 
 
L’importance de ce projet mérite que l’on s’y attarde. Rappelons-en d’abord quelques chiffres :

-         Un investissement d’environ 400 à 500 millions d’euros à terme;
-         3 lignes industrielles à Benslimane, dont la capacité combinée de production atteindra 116 millions d’unités en 2024.
-         A moyen terme (2022-2025), il permettra le transfert du remplissage aseptique et de la fabrication de substance active de plus de 20 vaccins et produits bio-thérapeutiques, incluant 3 vaccins anti Covid-19, couvrant plus de 70% des besoins du Royaume et plus de 60% de ceux du continent africain.
 
La dimension stratégique de ce projet est à apprécier à l’aune des conséquences induites par la pandémie liée au coronavirus. Cette crise sanitaire a été, en effet, un puissant marqueur des défaillances des systèmes de santé partout dans le monde. Les tensions sur certains produits de santé, les pénuries en dispositifs médicaux et les guéguerres auxquelles se sont livrés les pays riches pour s’approvisionner en vaccins, ont montré l’impérieuse nécessité pour les Etats de viser la souveraineté économique et sanitaire afin de réduire leur dépendance vis-à-vis de l’extérieur, mais aussi de mieux protéger leurs citoyens.

Le Maroc, sous la conduite éclairée du Souverain, s’est inscrit dans cette voie. Dans son discours au Parlement le 8 octobre 2021, le Roi n’a pas dit autre chose. «(…) La crise pandémique a révélé le retour en force du thème de la Souveraineté. Qu’elle soit sanitaire, énergétique, industrielle, alimentaire ou autre, sa préservation est devenue l’enjeu d’une véritable compétition qui suscite des réactions fébriles chez certains», a-t-il fait savoir. Et ce, tout en appelant à «consolider la sécurité stratégique du pays», à travers notamment «la création d’un dispositif national intégré ayant pour objet la réserve stratégique de produits de première nécessité, notamment alimentaires, sanitaires et énergétiques et à la mise à jour continue des besoins nationaux en la matière».

Abdelmajid Belaïche, analyste des marchés pharmaceutiques et chercheur en économie de la santé, estime, lui aussi, que «la souveraineté sanitaire est un impératif. Celle-ci passe par l’approvisionnement régulier et durable du pays en produits de santé, et notamment en médicaments, et par la mobilisation des ressources humaines médicales et pharmaceutiques nécessaires».

 «S’il est difficile d’atteindre une autonomie à 100% en matière d’approvisionnement de produits de santé, il est essentiel d’aller le plus loin possible en matière d’autonomie et d’indépendance vis-à-vis de pays tiers. Cela passe par la substitution de l’essentiel des importations pharmaceutiques par la fabrication locale, pour se protéger au maximum des aléas et des incertitudes», poursuit-il.
 
Muscler le système de santé national est plus que jamais une nécessité dans un monde appelé à connaitre d’autres pandémies, peut-être encore plus virulentes. D’où la pertinence de la stratégie du Maroc, qui, loin des déclarations d’intention, a déjà posé des actes forts et concrets pour atteindre cette souveraineté sanitaire, devenue un enjeu de développement majeur.

Actuellement, en effet, grâce à la mobilisation des lignes de remplissage aseptiques disponibles localement ainsi qu’au transfert du remplissage de flacons en salle blanche du vaccin anti Covid-19 de Sinopharm vers le Maroc, le Royaume produit plus de 3 millions de doses localement par mois. Cette capacité de production augmentera à environ 5 millions de doses à partir du mois de février 2022 et à plus de 20 millions de doses par mois à fin 2022. A partir de 2025, le Maroc sera en capacité de produire plus de 2 milliards de doses de vaccins. 
 
Le processus est donc bel et bien lancé, avec un double objectif : sécuriser l’approvisionnement du Royaume, mais aussi fournir le continent africain dans le cadre d’une coopération sud-sud win-win et d’une solidarité renforcée. L’ambition finale étant de positionner le Maroc en tant que hub biotechnologique incontournable en Afrique, mais également dans le monde.
 
F. Ouriaghli

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