Le Conseil de Bank Al-Maghrib a tenu le mardi 25 juin sa deuxième réunion trimestrielle de l’année 2024.
Lors de cette rencontre, il a d’abord examiné et approuvé le rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière du pays ainsi que sur les activités de la Banque au titre de l’exercice 2023. Il a analysé par la suite l’évolution de la conjoncture nationale et internationale, ainsi que les projections macroéconomiques à moyen terme de Bank Al-Maghrib.
Sur le plan international, le Conseil a noté la relative résilience de l’activité économique et la baisse des pressions inflationnistes qui devrait se poursuivre, bien qu’à un rythme moins rapide que prévu en mars dernier. Ces perspectives restent toutefois entourées d’un niveau élevé d’incertitudes, en lien notamment avec la persistance des tensions géopolitiques et des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient.
Au niveau interne, les comptes nationaux annuels publiés par le HCP au titre de 2023 indiquent, comparativement aux données trimestrielles relatives à la même année, un rythme plus rapide des activités non agricoles ainsi qu’une nette amélioration de la consommation des ménages. En prenant en compte les indicateurs infra-annuels disponibles, ces informations laissent présager une trajectoire relativement plus élevée pour la croissance non agricole qui devrait être soutenue à moyen terme particulièrement par l’élan attendu de l’investissement public et privé.
S’agissant de l’inflation domestique, après des taux de 6,6% en2022 et de 6,1% en 2023, elle est revenue à des taux faibles ces derniers mois, principalement tirée par l’atténuation des pressions d’origine externe et la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils. Tenant compte de ces réalisations et de la reprise du processus de décompensation, elle devrait terminer l’année en cours sur un taux moyen de 1,5% et s’élever en 2025 à 2,7%. Sa composante sous-jacente, qui traduit la tendance fondamentale des prix, est ressortie à 2,1% en moyenne sur les cinq premiers mois de l’année et devrait rester proche de ce niveau d’ici fin 2025.
Le Conseil a également pris note du bon ancrage des anticipations d’inflation telles qu’elles ressortent de l’enquête trimestrielle de Bank Al-Maghrib auprès des experts du secteur financier. Celles-ci ont enregistré un repli significatif, revenant au deuxième trimestre de l’année à 2,7% pour l’horizon de 8 trimestres et à 2,8% pour celui de 12 trimestres.
Quant à la transmission des précédentes décisions de politique monétaire aux conditions financières, les taux débiteurs des banques sont restés quasi-stables pour le deuxième trimestre consécutif, leur augmentation cumulée entre l’amorce du resserrement monétaire en septembre 2022 et le premier trimestre 2024 se situant ainsi à 116 pb. La hausse des taux a concerné davantage les entreprises que les particuliers et a été moins importante pour les TPME que pour les grandes entreprises.
Sur la base de l’ensemble de ces considérations, le Conseil a jugé que le resserrement calibré de la politique monétaire, le suivi régulier de la transmission de ses décisions, ainsi que les mesures mises en place par le Gouvernement pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages et certaines activités économiques ont permis des progrès très notables en matière de retour de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix et de préservation de la reprise post-covid de l’activité économique. Dans ces conditions, et après avoir maintenu le taux directeur inchangé pendant quatre réunions consécutives, il a décidé de le réduire de 25 points de base à 2,75%.
Ceci étant, le Conseil continuera de suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et de l’inflation aussi bien au niveau national qu’international.
Croissance économique
Au niveau national, la croissance économique a connu une accélération de 1,5% en 2022 à 3,4% en 2023, résultat d’une amélioration de 3,5%, après 3,4%, de la valeur ajoutée non agricole, et d’un léger redressement de 1,4%, après une contraction de 11,3%, de celle agricole. A moyen terme, les activités non agricoles devraient se raffermir à des rythmes de 3,8% en 2024 et de 4,1% en 2025, à la faveur notamment des différents chantiers lancés et programmés, de la poursuite de la dynamique des activités liées au tourisme et de la consolidation de la consommation des ménages en relation avec le repli de l’inflation et les revalorisations salariales.
En revanche, la production agricole resterait tributaire des conditions climatiques.
Ainsi, tenant compte d’une récolte céréalière estimée par le Département de l’Agriculture à 31,2 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole reculerait de 6,9% cette année, avant de rebondir de 8,6% en 2025 sous l’hypothèse d’un retour à une récolte céréalière moyenne de 55 millions de quintaux. Au total, la croissance de l’économie nationale devrait revenir à 2,8% en 2024 avant de s’accélérer à 4,5% en 2025.