Voici comment est définie l’expression «vache à lait» : cela revient à dire que l'on peut exploiter quelqu’un ou quelque chose à volonté pour obtenir des avantages (surtout financiers).
Autrement dit, il s'agit tout simplement d'une image faisant référence à la vache à qui l'on soutire le lait sans que celle-ci ne se plaigne.
Néanmoins, comme l’affirme l’auteur dramatique et dialoguiste français Henri Jeanson, «en trayant sans cesse la vache à lait, on tue la poule aux œufs d’or».
Peut-être que le gouvernement devrait s’inspirer de cette assertion.
Car, à défaut de pouvoir élargir l’assiette fiscale, il trait souvent les mêmes secteurs, usant parfois abusivement de son arme favorite, la taxe intérieure de consommation (TIC).
Encore une fois, le secteur agroalimentaire va faire les frais des dispositions fiscales contenues dans le projet de Loi de Finances 2019.
En particulier, les boissons gazeuses et non gazeuses voient la TIC qui leur est appliquée augmenter, de même que les cigarettes et le tabac de chicha.
C’est… malin. Car ils ne manquent pas d’arguments, notamment en ce qui concerne la cigarette.
Elle pose un sérieux problème de santé publique. Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’épidémie du tabac tue plus de 7 millions de personnes par an à travers le monde, dont près de 900.000 sont des non-fumeurs, exposés au tabagisme passif.
Les mots sont bien choisis : utiliser le terme «épidémie» tend notamment à calmer toute velléité de contestation contre la hausse de la TIC sur les cigarettes.
D’ailleurs, hormis un lobbying discret, l’industrie du tabac au Maroc ne s’est jamais plainte ouvertement des hausses successives de la TIC.
Les fumeurs non plus, sur lesquels vont évidemment être répercutées les hausses.
D’ores et déjà, on parle d’un prix qui pourrait atteindre 40 DH, soit 7 DH de plus, pour le paquet des cigarettes premium.
A ce prix, il y a évidemment de quoi être moins généreux avec son paquet de cigarettes. Quoiqu’il y a une forme de solidarité assez particulière entre tous ceux qui ont en partage les choses nocives, comme la cigarette.
Mais si, comme en France, augmenter les prix des cigarettes peut contribuer à diminuer le nombre de fumeurs, il n’en demeure pas moins vrai que cela favorise, en parallèle, le phénomène de contrebande.
Et cela, au grand détriment des buralistes dont la plupart, pour se rattraper, font de leurs boutiques de tabac des fourre-tout.
Pour autant, les buveurs, eux, peuvent dire un grand merci au gouvernement : il semble qu’il a renoncé à augmenter la TIC sur l’alcool.■
D. W.