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Tourisme rural : L’autre visage du Maroc en quête de reconnaissance

Tourisme rural : L’autre visage du Maroc en quête de reconnaissance

Avec ses 11,6 millions de visiteurs enregistrés à fin juillet 2025, soit 16 % de plus que l’an dernier, le Maroc s’offre un été radieux sur le plan touristique. Plages ensoleillées, médinas animées, stations balnéaires prisées... et depuis peu un joyau encore méconnu qui s’invite dans les carnets de voyage qu’on nomme le tourisme rural.

Longtemps relégué au second plan, il s’impose sûrement, non seulement comme une échappée authentique, loin des circuits classiques, mais aussi comme une réponse aux défis économiques et sociaux des régions reculées du Royaume.

Les autorités l’ont bien compris. Ainsi, dans le cadre d’une vision royale d’intégration territoriale, et suivant la feuille de route du tourisme 2023-2026, le ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, en partenariat avec la Société marocaine de l’ingénierie touristique (SMIT), conduit un programme de 188 millions de dirhams pour redonner vie à 16 villages répartis aux quatre coins du pays. Ceci dans l’optique d’offrir aux voyageurs un goût d’authenticité à la marocaine tout en créant des emplois durables et en dynamisant des régions longtemps cantonnées à l’agriculture et à l’élevage.

« Le tourisme rural génère de nombreux emplois directs et indirects. Il crée des opportunités professionnelles dans l’accueil, la restauration, la médiation culturelle ou les activités de plein air. Cette dynamique permet de fixer les jeunes en milieu rural et d’encourager l’entrepreneuriat local, en particulier chez les femmes et les jeunes diplômés », explique Zoubir Bouhoute, expert en tourisme, qui voit dans cette tendance un formidable levier pour l’avenir.

Dans cette décentralisation de l’activité touristique, certaines collectivités territoriales ont fait du tourisme rural un pan entier de leur stratégie d’attraction pour cette période estivale mais aussi pour les grands événements sportifs à venir. C’est le cas du Conseil régional de tourisme de Casablanca qui a décidé de se mettre au vert en lançant une opération d’attraction basée sur la digitalisation des trésors cachés de sa campagne. En effet, plus de 200 points d’intérêt ont été repérés. Des barrages aux vallées verdoyantes, en passant par des forêts, lacs, cavernes, sites archéologiques et marchés de produits du terroir, tous ont désormais leur vitrine en ligne. De quoi donner envie de troquer l'agitation urbaine pour des congés paisibles à la campagne.

Car ce tourisme de proximité ne se limite pas au paysage, il permet de préserver et de valoriser un riche patrimoine immatériel, favorisant ainsi sa transmission aux générations futures. On y savoure des recettes ancestrales, on écoute des musiques régionales, on admire des architectures traditionnelles, on échange avec des artisans passionnés. « Ce lien renouvelé entre les communautés rurales et leur histoire renforce l’identité locale et nourrit une véritable fierté territoriale », confie Bouhoute.

L’investissement dans le tourisme rural dépasse largement la saison touristique. Il entraîne également l’amélioration des infrastructures. Routes rénovées, réseaux d’assainissement modernisés, hébergements améliorés ou encore services numériques accessibles, etc., profitent directement à la qualité de vie des habitants. Les villages gagnent en confort tout en conservant leur âme. L’artisanat et les produits du terroir profitent aussi de cette nouvelle visibilité, stimulant les coopératives et sauvegardant des savoir-faire menacés de disparition.

Sur le plan environnemental, le tourisme rural s’inscrit dans une logique de durabilité. Il sensibilise les voyageurs à la préservation des paysages, des écosystèmes et de la biodiversité, tout en favorisant une relation plus respectueuse avec la nature. En impliquant directement les communautés locales dans la conception et la gestion des projets, il incarne un modèle inclusif et participatif, renforçant la cohésion sociale.

Dans un Maroc où les espaces ruraux couvrent 75 % du territoire, le potentiel est immense, mais reste largement sous-exploité. En reconnaissant et en intégrant davantage cette dimension dans la stratégie touristique nationale, le pays a l’opportunité de proposer une offre diversifiée, unique et durable, tout en renforçant la résilience de ses territoires face aux défis climatiques, économiques et sociaux.

Désy M

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