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Vacances et inflation : Les Marocains, cap ou pas cap de voyager cet été ?

Vacances et inflation : Les Marocains, cap ou pas cap de voyager cet été ?

Au regard du contexte économique actuel, les Marocains seront vraisemblablement confrontés à des défis pour financer leurs vacances d'été cette année.

 

Par M. Ait Ouaanna

Les Marocains ont-ils les ressources nécessaires pour s'offrir des vacances cet été ? Cette année encore, la question se pose avec acuité. Car oui, même si l’inflation est revenue à des taux faibles ces derniers mois, principalement tirée par l’atténuation des pressions d’origine externe et la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils, les niveaux des prix restent élevés. Et cela est particulièrement ressenti par les ménages à revenus modestes. De plus, la période estivale survient juste après un Aïd Al-Adha des plus pénibles pour le portefeuilles des citoyens, et juste avant une rentrée scolaire qui ne manquera certainement pas de grever le budget familial.

A cet égard, Ouadie Madih, président de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), nous affirme que les ménages marocains subissent de plein fouet les répercussions de cette crise qui persiste depuis 2020. Et de souligner que la situation des consommateurs ne s’améliore guère. «Nous avons observé qu’une grande partie des consommateurs marocains n’a pas pu acheter le mouton pour l'Aïd Al-Adha, ce qui est regrettable. Bien que les autorités publiques n’aient pas publié de chiffres officiels, les données que nous avons obtenues concernant le tonnage des déchets collectés montrent une nette diminution par rapport à l'année précédente. Cela indique clairement que le nombre de Marocains ayant célébré l’Aïd a significativement baissé cette année», révèle-t-il.

«À cela s'ajoutent de nombreuses autres dépenses telles que les frais de scolarité et celles liées à la santé, les dépenses du mois de Ramadan, etc., le tout sans aucune augmentation de salaire. La situation est morose et cette année s'annonce ardue», poursuit notre interlocuteur. En revanche, pour ce qui est des vacances d’été, Ouadie Madih estime qu’en dépit d’une situation économique difficile, les consommateurs marocains parviennent dans la plupart des cas à trouver des solutions pour profiter des vacances d’été. «Certains iront probablement vers le crédit, une solution à double tranchant, tandis que d'autres préféreront trouver d'autres moyens pour financer leurs vacances», précise-t-il. Dans le même ordre d'idées, le président de la FNAC relève que le consommateur marocain va certainement ressentir une pression accrue pour pouvoir se permettre des vacances d'été cette année et qu’en retour, l'économie nationale en subira les contrecoups.

«Les dépenses des consommateurs sont cruciales pour la croissance économique, mais l'absence de mesures concrètes visant à soutenir le pouvoir d’achat se traduira par un coup dur pour de nombreux secteurs», note-t-il. Dans cette même optique, Ouadie Madih rappelle qu’après la pandémie du Covid-19, de nombreuses campagnes de communication ont été lancées, avec pour objectif d’appeler les citoyens à soutenir le tourisme interne, mais qu’en contrepartie, rien n’a été fait pour que les prix soient abordables pour la clientèle marocaine.

«Les tarifs proposés, notamment par les hôtels, demeurent trop élevés pour les Marocains. Les décideurs manquent de vision à long terme et il est important d’avoir une approche anticipée pour aider les consommateurs à gérer leurs finances», insiste-t-il. Ouadie Madih attire également l’attention sur le fait que de nombreux marocains préfèrent passer leurs vacances à l'étranger plutôt que de rester au Maroc, car en comparant les dépenses, ils réalisent que cela leur coûte moins cher. Une problématique qui, d’après notre interlocuteur, doit être prise au sérieux par les instances gouvernementales. Il est à noter que sur les 5 premiers mois de 2024, l’Indice des prix à la consommation relatif à la catégorie «Restaurants et hôtels» s’est situé à 115,8 contre 111,9 au cours de la même période de 2023, soit une hausse de 3,5%.

Pour permettre aux consommateurs marocains de profiter de leurs vacances d’été en cette période de crise, Ouadie Madih recommande de s’inspirer des initiatives prises par d’autres pays. Il s’agit notamment de l’octroi aux citoyens de chèque-vacances, un titre de paiement qui permet de financer des dépenses liées aux vacances ou à des activités culturelles et de loisirs. Le président de la FNAC évoque également le déploiement d’offres promotionnelles spécialement dédiées à la clientèle marocaine. 

 

 

 

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