La campagne de vaccination a été lancée au Maroc par le Souverain le 28 janvier dernier. Le Roi a été le premier citoyen à recevoir une dose contre la Covid-19.
Depuis, la machine s’est mise en route et le Royaume compte au total 351.723 personnes vaccinées au 4 février.
Si les autorités ont été très critiquées ces derniers temps, en raison, entre autres, de leur mutisme autour du retard dans la réception des vaccins, il faut néanmoins reconnaître qu’en termes d’organisation de la campagne, tout semble nickel.
C’est du moins ce que nous affirment plusieurs personnes prioritaires, de professions et d'âges différents, dans plusieurs villes du Royaume. Elles confirment «que tout est parfaitement bien organisé pour la prise en charge des citoyens».
Les centres hospitaliers portent bien leur nom. Les citoyens sont bien accueillis, réconfortés et accompagnés du début à la fin. Les autorités publiques veillent au grain et vérifient les inscriptions. L'Intérieur a d'ailleurs relevé quelques cas de fraude, qui montrent que la vigilance est maximale.
Et «hormis de la fièvre pendant quelques heures», les personnes vaccinées n’ont par ailleurs «pas ressenti d’effets secondaires majeurs», témoignent-elles.
Cadence encore lente
Le Maroc a commandé 65 millions de doses, avec l’objectif d’assurer, en trois mois, un taux de couverture vaccinale de près de 80%, soit une population cible estimée à 25 millions de personnes.
Sauf qu’au rythme où vont les choses, nous sommes encore très loin du compte.
Pour l’instant, seul 0,014% de la population cible est vaccinée, avec une moyenne de 50.200 personnes par jour. Pour pouvoir atteindre les objectifs fixés dans le programme national d’immunisation et le boucler en 90 jours, il faut deux conditions importantes :
♣ Recevoir toutes les doses des vaccins commandés;
♣ Pouvoir vacciner quotidiennement en moyenne 555.555 personnes, avec l’hypothèse qu’elles reçoivent chacune deux doses, selon le schéma vaccinal retenu par le Maroc qui prévoit «2 doses à 21 jours d’intervalle».
Un pari impossible. D’autant plus impossible que le Maroc n’a reçu pour l’instant que 2,5 millions de doses des vaccins AstraZeneca et Sinopharm.
Dès lors, tout porte à croire qu’actuellement les autorités sont dans une logique de gestion des stocks, histoire de respecter les délais. Car, dans deux semaines, il faudra administrer la seconde dose aux citoyens déjà vaccinés.
Accélérer le rythme de la campagne, c’est prendre le risque d’être en rupture de stocks, avec pour conséquence le report de l’administration de la deuxième dose, comme l’ont fait des pays comme la Grande-Bretagne ou encore le Danemark.
En conclusion : faisons une croix sur le calendrier initialement annoncé. Au mieux, l’opération sera bouclée durant l’été, si tant est que l’on arrive à tirer notre épingle du jeu sur le marché très tendu des vaccins, où même les grandes puissances ont du mal à s’approvisionner.
Par Fatima Ouriaghli