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Mardi 2 décembre à Sidi El Aïdi, aux portes de Settat, un morceau du futur économique du Maroc a été dévoilé. Le ruban de l'inauguration officielle de la première zone industrielle et logistique privée entièrement intégrée du pays «Logintek» a été coupé en présence de Mohamed Ali Habouha, gouverneur de la province de Settat, ainsi que de représentants institutionnels, d'investisseurs nationaux et internationaux et des premiers industriels installés dans la zone.

En effet, cet événement ne constitue pas seulement la mise en service d’une nouvelle zone industrielle. Elle marque un basculement structurel, démontrant la capacité croissante du secteur privé marocain à investir dans des infrastructures productives, à créer des écosystèmes intégrés et à attirer des entreprises étrangères dans des chaînes de valeur locales.  

«Cette zone industrielle n'est pas un simple espace d'accueil pour les entreprises, c'est une opportunité pour toute une population, une chance pour notre jeunesse, une porte ouverte sur l'innovation, l'investissement et la création de richesses», a déclaré le gouverneur de la province de Settat.

À travers ce projet porté par ZinaAfrik Développement, le Maroc donne à voir une mutation silencieuse mais déterminante de sa stratégie industrielle. Samir Filali, président de ZinaAfrik Développement, a tenu a préciser qu’«un tel projet n'aurait pas pu voir le jour sans la position du Maroc en tant que hub industriel majeur, doté d'infrastructures innovantes et d'un environnement attractif pour l'investissement et d'une stabilité économique reconnue».

Logintek concentre les attributs d’un modèle émergent, d’une zone entièrement pilotée par un investisseur privé, dont la logique n’est plus seulement immobilière mais économique. Sur 123 hectares, et pour un investissement de 2,3 milliards de dirhams, la zone combine unités industrielles, plateformes logistiques, port sec sous douane, technopole et guichet unique. Un assemblage conçu pour répondre aux frustrations exprimées depuis des années par les industriels, à savoir la fragmentation des services, les lourdeurs administratives, la lenteur logistique ainsi que les insuffisances de connectivité. 

Un projet porté par le privé mais soutenu par le public

Le projet illustre également une nouvelle dynamique de partenariat public-privé. Si la conception et l’investissement relèvent entièrement de Zinafrik Développement, les autorités, la province de Settat, l’AMDIE, le CRI, ont joué un rôle déterminant dans la facilitation administrative et l’accompagnement des investisseurs. Ce modèle collaboratif, plus fluide que par le passé, pourrait devenir une référence pour les futures zones industrielles du pays.

«Nous avons œuvré en silo pour voir le rêve de l’existence de cette zone industrielle se concrétiser et c’est chose faite aujourd’hui. Notre objectif à présent, c’est de la remplir et d’y créer de la valeur», a affirmé Salmane Belayachi, président du Centre régional de l’investissement de la région de Casablanca-Settat. Et d’ajouter que «cette collaboration réussie avec un acteur privé surtout dans un timing où l’objectif économique du Maroc est d’inverser la tendance d’investissement public-privé est un signal fort. Et par le déploiement du nouveau dispositif de soutien aux TPME, cette zone industrielle peut servir de hub pour en concentrer le maximum, offrant un environnement intégré et un accompagnement structuré pour le développement de leurs activités». 

Pensée pour 2050 dans son plein potentiel, la zone est déjà opérationnelle dès aujourd’hui. Près de 50% des superficies ont été commercialisées avant même l’inauguration, attirant des groupes espagnols, autrichiens, coréens, français, suisses, russes, égyptiens et marocains. La variété de ces investisseurs témoigne de la capacité du site à couvrir plusieurs segments industriels tout en répondant aux standards opérationnels des multinationales. À l’heure où les chaînes d’approvisionnement se recomposent, ce type de zone offre un positionnement compétitif rare dans la région. 

«La présence parmi nous, d’investisseurs nationaux et internationaux prouve que notre territoire est attractif, compétitif, et capable de répondre aux exigences industrielles les plus pointues. Leur présence parmi nous est une preuve de l'ouverture de notre région sur le monde et une promesse d'échange, de transfert de compétences et de nouvelles connaissances», a renchéri le gouverneur.

Un positionnement optimal et intégré

La localisation constitue un autre levier majeur de compétitivité pour la zone industrielle. À 30 km de l’aéroport Mohammed V, 50 km du port de Casablanca, avec une connexion directe à l’autoroute A7 et d’une future ligne ferroviaire privative, la zone offre un accès direct aux principaux marchés mondiaux. Par cette approche, Logintek optimise les flux dans un contexte où la compétitivité logistique figure parmi les premiers facteurs d’arbitrage des entreprises. En intégrant un port sec sous douane, la zone internalise même une partie des procédures portuaires, réduisant coûts et délais d’exportation. Cette approche, longtemps attendue, s’inscrit dans les orientations nationales visant à fluidifier la logistique et à renforcer l’intégration industrielle.

Mais l’enjeu dépasse l’infrastructure; il s’agit aussi d’un modèle de développement territorial. Les 12.000 à 15.000 emplois directs attendus, auxquels s’ajouteront les emplois indirects générés dans les services, la sous-traitance et le transport, positionnent Logintek comme un outil d’aménagement économique régional. L’implication de l’Anapec dans la préparation de la main-d’œuvre locale constitue un autre indicateur de cette approche intégrée.

L’intégration de services à forte valeur ajoutée comme un data center, des centres d’appels, centre d’affaires, polyclinique, hôtel, espaces verts, énergies renouvelables, traduit par ailleurs une évolution vers des environnements industriels «complets», où les questions de qualité de vie, de connectivité numérique et de durabilité ne sont plus accessoires. 

Avec Logintek, le Maroc n’ajoute donc pas une zone industrielle supplémentaire, il amorce un changement d’échelle dans la manière dont le secteur privé participe à la construction de la compétitivité nationale. Si les prochaines phases confirment cette dynamique, la zone pourrait devenir une référence régionale et un signal fort envoyé aux investisseurs : celui d’un pays où l’initiative privée est désormais capable de porter des projets structurants, alignés avec les ambitions industrielles nationales.

Les chiffres clés de la zone industrielle Logintek