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Majorité gouvernementale : Séance d’autocongratulation

Majorité gouvernementale : Séance d’autocongratulation

Les partis de la majorité gouvernementale ont rencontré la presse à l'issue d'une réunion élargie, jeudi soir à Rabat. Réunion qui, selon le chef de gouvernement et président du Rassemblement national des indépendants, Aziz Akhannouch, a permis d’examiner plusieurs sujets, dont notamment les programmes gouvernementaux qui intéressent les citoyens, et de passer en revue les différents enjeux de la conjoncture actuelle.

L’on se doutait bien qu’ils n’allaient pas s’auto-flageller. Ils se sont plutôt montrés dithyrambiques vis-à-vis des actions gouvernementales, Akhannouch louant les avancées réalisées dans l’exécution des chantiers structurels.

Surtout, ils se sont employés à mettre en surbrillance l’entente cordiale au sein de la coalition. Et les mots choisis sont savoureux.  

La majorité gouvernementale est «harmonieuse et forte», lâche Abdellatif Ouahbi, secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM). Le gouvernement, poursuit-il, est «plus fort qu'avant», va de l'avant et s’acquitte pleinement de ses responsabilités pour répondre aux aspirations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et des citoyens.

La majorité gouvernementale, «forte et harmonieuse», est nourrie d’une forte volonté de surmonter tous les problèmes, notamment les aléas climatiques et les chocs inhérents aux crises internationales, renchérit pour sa part Nizar Baraka, secrétaire général du parti de l'Istiqlal.

Lequel reconnaît toutefois qu’il y a un retard à rattraper au niveau d'un certain nombre de réformes et de projets importants, et que la conjoncture actuelle est… difficile. Et ça, c’est un truisme que de l’affirmer. 

 

Quelles réponses gouvernementales ?
Face à cette conjoncture défavorable, les mesures adoptées jusqu’à présent par le gouvernement, comme le soutien aux professionnels du transport ou la suppression du droit d'importation des bovins, semblent inefficaces. Ou du moins, ne sont pas perceptibles par les citoyens lambda, particulièrement les ménages les plus pauvres, premières victimes des tensions inflationnistes, eux qui consacrent une grande partie de leur budget à l’alimentation.

Selon la Banque mondiale, l’inflation moyenne des produits alimentaires dans 16 économies de la région MENA entre mars et décembre 2022 était de 29% en glissement annuel.

Jeudi dernier, une nouvelle mesure fiscale est venue enrichir la panoplie de dispositifs déployés pour lutter contre l’inflation : l'exonération des équipements et des intrants agricoles de la taxe sur la valeur ajoutée.

Elle concerne les produits relatifs à la préservation de la santé des végétaux, les équipements utilisés pour la reproduction des végétaux et des animaux importés et destinés exclusivement à l'usage agricole, en plus d'autres équipements spécialement réservés à l'usage agricole.

Sauf qu’aujourd’hui les citoyens attendent du gouvernement des réponses urgentes, à effet immédiat.

A savoir des aides directes pour soutenir les plus pauvres, dont le pouvoir d’achat a été dangereusement laminé par la flambée des prix des denrées alimentaires.

Car, confirme Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA, «la hausse des prix des produits alimentaires a des effets dévastateurs sur les familles pauvres. L’insécurité alimentaire aura des conséquences à long terme sur plusieurs générations qui limiteront malheureusement les perspectives de beaucoup, jeunes».

Un soutien financier direct pour prévenir cette insécurité alimentaire ? Ce cap, le gouvernement n’arrive pas à le franchir. Pour le moment.

Pourtant, même la Banque mondiale, très à cheval sur l’orthodoxie financière, propose, entre autres solutions, la mise en place sans tarder de transferts ciblés en espèces et en nature pour endiguer les situations d’insécurité alimentaire aiguë, avant qu’elles ne dégénèrent en une véritable crise.

 

F. Ouriaghli

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