Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, a souligné lors de la Réunion ministérielle de l'Alliance des Civilisations que le Maroc a adopté une démarche dynamique et innovante, basée sur le respect de la diversité culturelle
Intervenant lors de cette rencontre organisée sous le thème "Construire des ponts : utilisation du soft power pour la promotion de la culture de la paix" en marge de la 73éme session de l'assemblée générale des Nations Unies, Bourita a indiqué que le Royaume, membre fondateur de l’Alliance des civilisations, demeure attaché aux valeurs que véhicule cette Réunion.
Il a, dans ce sens, rappelé que le discours du Roi Mohammed VI à l’occasion de la Conférence Internationale sur le Dialogue des cultures et des religions, qui s’est tenue à Fès ce mois même, sous Haut Patronage Royal, a mis en avant le "rôle précurseur que notre pays a joué en tant que membre fondateur de l’Alliance des civilisations, organisme chargé de mobiliser les acteurs nationaux et internationaux autour de la paix et de porter ses valeurs".
Selon le ministre, un grand paradoxe pèse sur la raison du monde qui, certes, évolue, mais devient de plus en plus vulnérable à l’intolérance, à la division et à l’extrémisme. Cette vulnérabilité est le terreau des idéologies extrêmes, que beaucoup, malheureusement, exploitent pour répandre des discours de haine. La montée de la radicalisation et de l’extrémisme violent en sont l’illustration la plus probante, a-t-il dit.
Le Maroc, depuis l'intronisation du Roi, Commandeur des croyants, a engagé une stratégie courageuse, multidimensionnelle et proactive, prenant en charge les thématiques centrales de la réforme du champ religieux, de la promotion des valeurs d’ouverture et de modération, tout en accordant une attention particulière à la préservation des valeurs authentiques et spirituelles du Royaume.
Dès lors, le Royaume s’est attelé à former des imams, des morchidines et des morchidates, appelés à exercer leurs fonctions au Maroc, en Afrique et en Europe afin de contribuer à contrecarrer les discours de haine et prévenir la violence, l’exclusion, le radicalisme et l’extrémisme. C’est cela que le Maroc entend par construire des ponts. Il entend l’action concrète au service de la promotion des valeurs de paix, a-t-il fait savoir.
Le ministre a de même relevé qu’on assiste aujourd’hui à une instrumentalisation féroce du phénomène migratoire, que d’aucuns veulent appréhender comme défis et en capitaliser pour diviser, notant que le Maroc a mis en place une politique migratoire humaniste et volontariste, accueillant un nombre croissant de migrants subsahariens, de réfugiés et de leurs familles de diverses cultures, religions et confessions et procédant à deux campagnes de régularisation et d’intégration dans le respect total des droits fondamentaux.
"En effet, nous pensons que la promotion du pluralisme culturel contribuera indéniablement à garantir un impact positif de la migration", a dit Bourita, rappelant que le Maroc a toujours été un pont favorisant le dialogue et la compréhension.
"De par sa position géographique, le Maroc comprend l’Afrique et ses transitions vertueuses, écoute l’Europe et ses hésitations confirmées, donne sur la Méditerranée, qui cristallise les défis d’aujourd’hui, repense les tourmentes du monde arabe et brigue l’Atlantique et son potentiel inexploité", a fait observer le ministre.
C’est donc dans sa richesse géographique, culturelle et historique, que le Maroc s’affirme comme un véritable acteur de soft power, promouvant la culture de la paix, a dit le ministre tout en ajoutant qu’il se distingue par une véritable richesse, car le Royaume ne fait aucune distinction entre ses concitoyens, Musulmans ou juifs, comme l’a souligné Sa Majesté le Roi dans son discours à l’occasion de la Conférence Internationale de Fès : "Au Maroc, il n’y a pas de différence entre citoyens musulmans et citoyens juifs, qui célèbrent toujours ensemble leurs fêtes religieuses respectives. C’est, donc, en toute sécurité que Nos citoyens juifs assistent aux services des synagogues et accomplissent leurs pratiques cultuelles, notamment au cours des commémorations annuelles et des visites de sites religieux juifs. Ils travaillent aussi main dans la main avec leurs compatriotes de confession musulmane pour le bien de la mère-patrie".
Il a tenu à faire remarquer que la fusion des différences, le dialogue et le respect de l’altérité ne passent pas par les armes. Elles ne se conjuguent qu’à travers le soft power, lequel, s’il arrive à construire des ponts, devient un smart power.
"Par cela, nous n’entendons pas la négation des cultures pour n’en émerger qu’une seule. Non, nous entendons l’interactivité, le dialogue et la compréhension. Ces valeurs sont le moteur du progrès humain, et ne peuvent, en aucun cas, se substituer à d’autres, a dit le ministre.
Et de rappeler que le Souverain l’a souligné dans son discours à l’occasion du Colloque sur l’Alliance des civilisations en 2013 : "Nous sommes persuadé qu’il n’est de choc qu’entre les ignorances, alors que les civilisations, sont, par essence, interactives et s’influencent mutuellement, pour le bien de l’humanité toute entière et dans le respect des spécificités de chaque identité et de chaque culture".
Selon le ministre, le thème choisi pour cette rencontre est d’une pertinence certaine dans la mesure où le monde aujourd’hui voit une résurgence des clivages idéologiques, une montée des actes de discrimination et une prolifération des violences intercommunautaires, face auxquelles l’inertie n’est pas une option. L’action est ici essentielle, si l’on ne veut pas vivre dans un monde déchu, et si l’on souhaite léguer les valeurs de respect, d’acceptation et de dialogue aux générations à venir.
A ce titre, l’action de l’Alliance des civilisations, à travers ses manifestations diverses, ne peut qu’être un véritable vecteur de soft power. Ses priorités qui gravitent autour du dialogue des cultures et des religions, de l’éducation, de la jeunesse, de la migration et des médias et qui sont également celles du Royaume du Maroc, ne sont ni quantifiables ni qualifiables, a-t-il conclu.