Aziz Akhannouch a placé la barre très haut. Le chef de gouvernement ne s’est pas en effet contenté d’un discours cosmétique lors de son oral devant les parlementaires, lundi dernier. Il a pris de nombreux engagements et les a, surtout, chiffrés (www.laquotidienne. ma). Deux engagements très corrélés ont retenu notre attention : réaliser un taux de croissance moyen de 4% et créer au moins 1 million de postes d’emploi net au cours des cinq prochaines années. Ils suscitent néanmoins deux remarques :
• Primo : une croissance moyenne du PIB de 4% durant les 5 prochaines années est parfaitement réalisable. Mais l’histoire économique du Maroc nous apprend qu’un tel seuil n’est atteint que durant les bonnes années agricoles. Et dans un contexte où le PIB non agricole n’est pas suffisamment robuste, malgré le coup de fouet donné aux métiers mondiaux du Maroc, l’économie nationale prête toujours le flanc aux caprices de la pluviométrie, avec une croissance essentiellement drivée par l’agriculture.
• Secundo : Créer un million de postes d’emploi net durant le quinquennat (soit 200.000 par an) suppose un taux de croissance bien plus soutenu que 4%, surtout que la note de cadrage du projet de Loi de Finances 2022 table sur 3,2% en 2022.
Les économistes s’accordent d’ailleurs à dire qu’il faut une croissance de l’ordre 6 à 7% par an, durant plusieurs années, afin de pouvoir faire rempart au chômage structurel que traîne le Royaume. Selon les dernières données du haut-commissariat au Plan, le taux de chômage s'est accru de 0,5 point entre les deuxièmes trimestres de 2020 et de 2021, passant de 12,3% à 12,8% au niveau national.
Sur la période, le nombre de chômeurs a augmenté de 128.000 personnes, passant de 1.477.000 à 1.605.000 chômeurs. Le Royaume étant donc dans une trappe de croissance faible, il va falloir que la majorité gouvernementale trouve d’autres leviers susceptibles de prendre le relais en cas de mauvaise campagne agricole, si elle veut ne serait-ce qu’atteindre cet objectif de 4% de croissance moyenne durant son quinquennat. Un taux qui, de toute évidence, ne suffira pas à diminuer substantiellement celui du chômage.
Mais puisque Akhannouch s’est engagé, accordons-lui diantre le bénéfice du doute, même si ses promesses peuvent souffrir de cette conjoncture particulière marquée par la pandémie, et dont les conséquences risquent de se faire ressentir pendant encore longtemps ! A charge maintenant pour lui et son gouvernement de tenir leurs engagements envers la collectivité. Qui ne manquera pas de demander des comptes à l’heure du bilan.
Par D. William