Le 28 janvier dernier, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont officiellement annoncé leur retrait sans délai de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), marquant ainsi une rupture significative dans le paysage politique et économique de la région. Créée il y a près d'un demi-siècle par ces mêmes pays, la CEDEAO voit désormais trois de ses membres les plus stratégiques tourner le dos à l'organisation.
Les reproches formulés par le Mali, le Burkina Faso et le Niger à l'encontre de l’organisation vont des allégations d'éloignement des idéaux des pères fondateurs à l'influence de puissances étrangères, en passant par la non-assistance dans la lutte contre le terrorisme et l'insécurité.
De manière significative, la CEDEAO avait imposé des sanctions à ces pays en raison de coups d'État ayant conduit à l'ascension de leurs dirigeants actuels. Leur suspension des instances de l’organisation reflète ainsi sa ferme position contre les putschs militaires. Pour autant, la décision surprenante des leaders de ces trois Etats, bien que soumise à une période d'un an en vertu des traités de l'organisation sous-régionale, ne manque pas de susciter des inquiétudes quant à ses conséquences.
L'impact économique de ce retrait imminent est potentiellement dévastateur pour les populations de ces nations sahéliennes. Privés de l'accès aux avantages de la CEDEAO, ils risquent de subir des pénuries alimentaires, une hausse des prix des biens de première nécessité et une détérioration des conditions de vie de leurs citoyens. Le Niger, déjà asphyxié par cinq mois de sanctions économiques, pourrait être particulièrement vulnérable à ces conséquences.
Le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger réduit de fait la CEDEAO aux 12 États littoraux d'Afrique de l'Ouest, laissant un vide considérable dans cette organisation. Le départ de ces trois pays, qui ont ceci de commun qu’ils sont confrontés à des défis d'insécurité, de stabilité politique, de terrorisme et de pauvreté, affaiblit incontestablement la position de la CEDEAO en tant qu'acteur régional influent. Sur le plan politique, cette décision souligne la complexité des relations entre la CEDEAO et ses membres, mettant en lumière les conséquences des coups d'État sur la stabilité de la région.
Dans ce contexte, la CEDEAO se retrouve à un carrefour critique. La déclaration commune des trois pays laisse entrevoir des tensions profondes, et la quête d'une «solution négociée» s'annonce comme un défi diplomatique complexe, puisqu’il s’agit de restaurer la stabilité politique tout en sauvegardant les intérêts économiques des populations. Un véritable exercice d’équilibriste qui met à nu les fragilités d'une organisation sousrégionale confrontée à des défis et à des intérêts divergents. La CEDEAO parviendra-telle alors à préserver l'unité régionale tout en répondant aux préoccupations légitimes de ses membres ? C’est là toute la question.
Par D. William