Branle-bas de combat ces dernières semaines sur la frontière avec le Maroc.
Par Abdelhak Najib
Écrivain-Journaliste
L’Algérie renforce ses positions tout au long des lignes de démarcation avec le voisin de l’Ouest, en positionnant plus de contingents militaires, plus d’armes, plus de blindés, et ce, même au niveau des camps de Tindouf, où le pouvoir militaire algérien séquestre des milliers de personnes, en dehors des lois internationales sur la protection des populations des camps, qui vivent dans des conditions inhumaines depuis plusieurs décennies.
Ces manœuvres militaires suivent la logique du surarmement algérien avec des achats massifs de systèmes d'armes se chiffrant à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Une course effrénée à l’armement qui répond à l’augmentation des budgets de défense que le gouvernement algérien a décidé d’approuver avant la fin 2023. Il est question d’une augmentation de 130% des dépenses de défense. Autrement dit, on passe des 10 milliards de dollars US que l'Algérie a eu l’habitude d’investir au cours de la dernière décennie, à 23 milliards de dollars US.
C’est dans ce sens que le régime algérien a négocié avec la Russie un contrat militaire de 12 milliards de dollars. Les spécialistes parlent de l’acquisition par l’Algérie du chasseur de Sukhoi, le Su-75 Checkmate. L'Algérie envisage d’ailleurs, selon les déclarations de Saïd Chengriha, de devenir le premier acheteur international de ce chasseur furtif. Une arme certes sophistiquée mais qui accuse un retard curieux et un manque de tests probants qui viennent jeter un peu d’ombre sur l’efficacité de ce chasseur surtout après le camouflet commercial du Su-57. Pourtant, cette arme est, à la base, destinée et conçue pour rivaliser directement avec les F-22 et F-35 américains de Lockheed Martin.
Ces commandes à la Russie entrent également dans le projet de modernisation des armées algériennes souffrant de vieillissement du matériel et de la vétusté de presque tout l’arsenal militaire, stocké dans des étendues désertiques en proie au sable et à la rouille. Pour de nombreux observateurs, l’armée algérienne a besoin d'une modernisation générale. D’ailleurs, cela s’est montré avec clarté lors du défilé des forces armées algériennes pour les célébrations du 60e anniversaire de l'indépendance du pays. Un défilé qui a fait dire à plus d’un spécialiste qu’Alger manque de nouveaux systèmes d'armes, puisque l’Algérie utilise encore de vieux BMP-1 et 2, qui sont de véritables survivants de la guerre froide, utilisées aujourd’hui sur le sol ukrainien montrant toutes leurs limites.
Dans cette optique, les généraux algériens puisent dans les réserves monétaires du pays et multiplient les commandes à d’autres pays, comme la France, la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud… dans le but affiché de renouveler toutes les lignes de son armée, qui se déploie depuis quelques semaines sur les frontières avec le Maroc dans une escalade unilatérale d’un conflit larvé avec Rabat, qui tend toujours la main au voisin de l’Est pour venir au Maroc parler directement et jouer carte sur table pour régler tous les différends qui divisent les deux pays voisins.