En Turquie, deux députés du parti démocratique des peuples (HDP, pro Kurde) ont été déchus, jeudi, de leur mandat parlementaire. La députée de ce parti de l’opposition de la province de Van (Est), Tugba Hezer Ozturk, et le député Faysal Sariyildiz, élu dans la province de Sirnak (Sud-est), ont été concernés par une procédure de déchéance pour cause "d’absences répétées" aux travaux du Parlement. Les deux députés HDP, troisième formation politique au Parlement avec 59 parlementaires, n’ont pas participé aux séances d’octobre, novembre et décembre 2016.
Cette décision ne vous inspire-t-elle rien ? Certes, on ne doute pas qu’elle a des soubassements purement politiques, compte tenu notamment de la situation particulièrement tendue qui prévaut dans ce pays actuellement. Mais si l’on en arrive à adopter de telles mesures au Maroc, ce ne serait franchement pas scandaleux. Quand ceux qui représentent le peuple et doivent défendre ses intérêts sont des adeptes de l’école buissonnière, à quoi bon les maintenir en poste ? A quoi bon les payer… pour être absents ? Ces fantômes de l’hémicycle, prompts à y faire des apparitions remarquées lorsque le Souverain doit y prononcer un discours, pourraient bien être déchus, d’autant qu’ils n’effectuent pas leur travail parlementaire.
C’est une piste que peut explorer le président de l’hémicycle, Habib El Malki, qui envisage déjà de taper sur le portefeuille des députés qui s’absentent sans justification, en ponctionnant sur leur salaire. Personne ne lui en voudra. Au contraire, une telle décision serait dans l’esprit de ce qu’a affirmé le Roi dans son discours du 20 août 2015, à l'occasion du 62ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple. «(…)Il faut donc rappeler avec force que l’élu, au même titre que le médecin, l’avocat, l’instituteur, le fonctionnaire, et d’autres encore, se doit de travailler chaque jour. Il devrait même travailler plus qu’eux, car il est responsable des intérêts des gens, et n’exerce pas pour son propre compte.
Or, il y a des élus qui s’imaginent que leur rôle se limite à se porter candidats et non à travailler. Et lorsqu’ils remportent les suffrages, ils s’éclipsent pour cinq ou six ans, et ne réapparaissent qu’à l’occasion du scrutin suivant», avait notamment déploré le Souverain.■
D. W.