Ce que j’adore chez les hommes politiques, les ministres en particulier, c’est qu’ils sont tous très motivés et ambitieux. Lorsqu’ils viennent d’être nommés. Car, avec le temps, les ambitions se perdent dans les méandres des calculs politiques et dans la routine.
Au Maroc, il faut souvent un rappel à l’ordre du Roi pour qu’ils sortent de leur zone de confort. Ou, à défaut, une piqûre de rappel (parfois douloureuse) de la Cour des comptes et de ses enquêteurs.
Il faut, à ce titre, noter que depuis le fameux rapport de la Cour des comptes où les hommes de Driss Jettou ont évalué le système de la fonction publique, le ministre chargé de la Réforme de l'administration et de la Fonction publique est devenu particulièrement visible, pour ne pas dire disert.
Malgré sa bonne volonté affichée quand il a été nommé, Mohamed Ben Abdelkader n’arrive toujours pas à débarrasser l’administration publique de ses tares. «Le léopard ne se promène jamais sans ses taches», dit-on.
Difficile, en effet, de donner à l’administration marocaine un visage plus reluisant. Tous les ministres qui s’y sont essayés, depuis des décennies, ont échoué.
Mais Ben Abdelkader ne veut pas s’avouer vaincu. En mai dernier, plus d’un mois après sa nomination, il avait dévoilé un plan d’action agressif. Avec pour objectif : promouvoir les valeurs de probité, œuvrer pour la réforme de l’administration, améliorer les services publics en les rapprochant du citoyen et consolider les valeurs de gouvernance.
Ces mesures concernent l'élaboration du projet de loi relatif au droit d’accès à l’information, l’adoption de la charte de la déconcentration administrative et l’amélioration de l’accueil des usagers.
Si l’on a rien vu de bien concret pour l’instant, il faut reconnaître qu’il a au moins avancé sur une chose : le portail national de traitement et de gestion des réclamations des usagers du service public (Chikaya.ma) sera opérationnel à partir du 9 janvier prochain.
Grâce à cette nouvelle plateforme, le citoyen peut transmettre sa réclamation pour traitement et suivre à tout moment son avancement en ligne. Il faut seulement espérer que leurs doléances soient prises en compte. Ben Abdelkader a en tout cas promis, sur la base des réclamations, d’engager les réformes nécessaires et d'établir les responsabilités. On verra.
C’est un premier pas certes. Mais loin d’être suffisant pour hisser l’Administration au niveau des attentes des citoyens et apaiser leurs frustrations quotidiennes.
L’année 2018 nous édifiera sur la capacité du ministre à réformer l’Administration. On attend, entre autres, la charte de la déconcentration administrative, la révision du cadre organisationnel fixant les règles de gestion des administrations des départements ministériels et l'adoption d'un système unifié pour l’accueil dans les services publics.■
D. W.