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«Guerre et paix»

«Guerre et paix»

Aux passionnés de littérature russe, je suis triste de vous apprendre qu’il ne sera pas ici question d’une analyse critique de l’œuvre majeure de Tolstoï, mais bien de diplomatie et de relations internationales, quoique l’œuvre n’en soit pas dénuée non plus.

Mercredi dernier, Benny Gantz, le ministre israélien de la Défense ou de la Guerre, c’est selon, a été accueilli en grandes pompes à Rabat.
L’occasion pour les deux pays de signer un protocole d’entente, devant servir de cadre, comme l’a précisé Gantz à la presse marocaine, pour «le développement de la coopération contre le terrorisme, le partage de renseignements, la formation de groupes de travail professionnels et la collaboration industrielle».

Et oui, disons-le d’emblée, car je vois venir de loin avec leurs gros sabots les moralisateurs de tout bord, et parce que certaines précautions sont effectivement de mise dans ce cas particulier, qu’Israël est un Etat occupant et colonisateur, sauvé systématiquement de toutes sanctions internationales par le véto américain.

Et oui, Israël fut et demeure un facteur d’instabilité majeure dans le Proche et Moyen-Orient. 

Mais la géographie étant ce qu’elle est, il se trouve que malgré un certain imaginaire idéologique hérité d’un passé révolu, le Maroc est un Etat du Maghreb, qui certes milite avec les moyens du bord pour résoudre la question israélo-palestinienne, mais qui doit avant tout veiller à défendre ses intérêts nationaux. 

Dans un monde idéal, autrement dit dans un monde qui n’existe pas, on aurait aimé avoir des alliés moins embarrassants. Mais c’est le propre du réalisme dans les relations internationales que de ne point nier le réel, tout en cherchant à en tirer le meilleur.

Car rares sont les puissances capables de choisir librement leurs alliés et de désigner leurs ennemis.

Puisque rappelons que «le politique», en tant que dimension, qu’il s’agit de ne pas confondre avec «la politique» en tant qu’exercice, c’est avant tout la «discrimination ami/ennemi» comme nous l’enseigne Carl Schmitt, autant en politique intérieure qu’étrangère. Cette discrimination ou désignation ne se fait ni sur le terrain de la morale, ni sur celui de l’esthétique. Elle se déploie et s’exprime autour des intérêts nationaux objectifs.

Menacé de manière récurrente par le voisin à l’Est, mais aussi par certains «partenaires» au Nord, le Maroc, en tant que puissance intermédiaire et régionale, avec toutes les limites inhérentes à ce statut, choisit ses alliés en fonction de ses ennemis, et non l’inverse, qui demeure l’apanage des grandes puissances de ce monde.

Le leitmotiv du Maroc demeure le développement économique, la stabilité et la paix régionale, comme évoqué à plusieurs reprises par le Roi Mohammed VI à l’occasion de différents discours.

 

Par Rachid Achachi, Chroniqueur et DG d'Arkhé Consulting

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