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Justice - Santé - Education : Le gouvernement face au tumulte social

Justice - Santé - Education : Le gouvernement face au tumulte social

Le Maroc traverse actuellement une période de tumulte social marquée par des grèves et des mouvements de protestation à répétition. Greffiers, huissiers, avocats, étudiants en médecine … descendent régulièrement dans la rue, affirmant leur mécontentement et exposant les faiblesses d'un système qui semble ne pas être en phase avec leurs aspirations.

Au-delà de leur impact, ces mouvements sociaux révèlent un malaise plus profond : une frustration croissante face aux réformes jugées inadéquates, un manque de dialogue sincère avec les autorités et une confiance érodée dans les institutions publiques. Alors que certains voient dans ces mouvements une prise de conscience nécessaire pour défendre des droits bafoués, d’autres craignent qu’ils ne soient les symptômes d’un ordre établi qui peine à se réformer. Mais une question essentielle se pose : comment un pays peut-il maintenir la stabilité, lorsque les institutions mêmes sur lesquelles il repose sont paralysées par des grèves ?

Dialogue de sourd D’un côté, la justice est à l’arrêt. Le mouvement d’humeur des greffiers, des huissiers ainsi que des avocats est symptomatique d'un dysfonctionnement persistant dans le secteur judiciaire. Les tribunaux, déjà perçus comme engorgés et lents, sont actuellement paralysés par des revendications sociales qui perturbent le traitement des affaires en cours. Les audiences sont reportées et les dossiers s’empilent. In fine, ce sont les justiciables, ces citoyens ordinaires à la recherche de solutions à leurs conflits, qui en pâtissent le plus.

Cette situation «entraîne une accumulation des dossiers déjà en attente, auxquels s'ajoutent de nouvelles affaires. En conséquence, les audiences deviennent encombrées, avec potentiellement entre 100 et 500 dossiers à traiter par seulement trois magistrats. Ces derniers se retrouvent dans l'impossibilité d'instruire et de juger correctement les dossiers, ce qui nuit à la qualité des décisions rendues», nous confiait dans un précédent article Omar Azougar, avocat au barreau d’Agadir, Paris et Montréal et docteur en droit.

Pour les citoyens, chaque audience reportée représente ainsi un retard supplémentaire dans la résolution de leurs litiges, qu’ils soient de nature commerciale, familiale ou criminelle. Cette paralysie des tribunaux entraîne donc non seulement des coûts émotionnels et financiers pour les justiciables, mais elle menace aussi la crédibilité du système judiciaire tout entier. Pendant ce temps, dans les facultés de médecine, la révolte gronde également. La grève des étudiants dure depuis pratiquement 10 mois. Elle est l’expression d’une colère et d’une profonde exaspération face à un système éducatif et de santé qui, selon eux, ne respecte pas leurs droits et leurs aspirations professionnelles.

Malgré le dialogue engagé avec le gouvernement, le bras de fer continue toujours et l’on se rapproche de plus en plus d’une année blanche. Avec de futures blouses blanches se retrouvant à défiler dans les rues pancartes à la main au lieu de manier des stéthoscopes. Ce qui unit ces différents mouvements, au-delà de leurs revendications spécifiques, ce n’est pas tant l'absence de dialogue avec les autorités, mais plutôt le fait d’en sortir avec des compromis. Les différentes grèves révèlent ainsi un schéma préoccupant : à chaque revendication, la réponse du gouvernement est souvent perçue comme non dialogique et guidée par une forme d’entêtement à vouloir coûte que coûte faire passer des réformes jugées inacceptables.

L'un des effets les plus pernicieux de ce dialogue de sourd est la perte de confiance dans les institutions, avec un gouvernement qui voit de plus en plus son autorité minée. Alors, comment un Etat peut-il gouverner efficacement lorsque la confiance de ses citoyens est érodée ? Aujourd’hui, force est de constater que ces grèves des acteurs de la justice et des étudiants en médecine s’inscrivent dans un climat de méfiance généralisée, qui ne cesse de croître. Car rappelons-nous qu’avant eux, il y a eu les enseignants qui ont observé pas moins de 3 mois de grève l’année dernière, paralysant le système éducatif.

Et jusqu’à présent, ce secteur est sous haute tension, confronté à des appels à la grève sporadique de certains syndicats. Dernier acte posé par la Coordination nationale du secteur de l’éducation : une grève organisée le 5 octobre courant pour dénoncer la «non-application» des accords signés avec le gouvernement.

Alors, face à ce climat social tendu, pesant et qui, surtout, perdure, on peut légitimement se poser une question : le gouvernement est-il incapable d’apporter des réponses définitives à ces crises sociales ou mise-t-il sur la lassitude et l’essoufflement des protestataires en espérant que tout va rentrer dans l’ordre ? En tout cas, quand ceux qui soignent, ceux qui éduquent et ceux qui défendent se mettent à déserter leurs postes, ce n’est peut-être pas eux qui abandonnent la nation…, mais la nation qui les a, en premier, abandonnés. 

 

Par D. William

 

 

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