L’annonce de la réélection d'Abdelmadjid Tebboune à la présidence de l’Algérie ne surprend guère, mais elle pose à nouveau la question épineuse des relations entre le Maroc et son voisin de l'Est. Son maintien au pouvoir semble peu susceptible d’apaiser les tensions actuelles.
Par D. William
Le 8 septembre 2024, Abdelmadjid Tebboune a, sans surprise, remporté un second mandat à la présidence de l'Algérie, s’adjugeant presque 95% des suffrages. Cette victoire, loin de représenter un triomphe démocratique, symbolise plutôt un échec criant du système politique algérien à se renouveler et à répondre aux aspirations profondes de sa population. Elle semble sceller, également, pour l'avenir proche, la perpétuation d'une politique étrangère rigide, voire hostile vis-à-vis du Royaume chérifien qui, loin de pacifier, pourrait exacerber les frictions entre les deux pays. Lorsque que Tebboune a pris les rênes de l’Algérie en décembre 2019, succédant à un mouvement de protestation populaire qui a ébranlé les fondations même de l’autoritarisme vieillissant du pays, l’espoir fleurissait timidement. Mais si l’on en juge par ses politiques et sa véhémence envers le Royaume, ce nouvel espoir s'est rapidement mué en un froid réalisme.
Son mandat n'a pas brillé par des avancées significatives en matière de réformes internes, ni par un assouplissement dans le ton employé à l'égard du Maroc. Bien au contraire. Tebboune, loin de s’ériger en constructeur de ponts, semble préférer le rôle de pyromane régional, attisant les flammes d’une querelle artificielle autour du Sahara marocain avec vice et un aplomb irresponsable. Sa ligne dure avec le Royaume et son soutien indéfectible au Polisario le prouvent, tant s’en faut, quand bien même il défend faussement et honteusement l’idée que l’Algérie n’est pas partie prenante à ce conflit. Cette posture, loin d'être un simple dossier diplomatique, est devenue un axe central de la politique étrangère algérienne, affectant toutes les sphères de ses relations internationales, mais surtout avec Rabat, perçu comme rival géopolitique. Pour autant, cette fixation obsessionnelle à contrer le Maroc et à vouloir saper son intégrité territoriale ne fait qu'aliéner davantage l'Algérie, isolant le pays sur la scène africaine et internationale où nombreux sont ceux qui, aspirant à plus de stabilité et de coopération, le voient en trouble-fête et facteur d’instabilité qui plombe les opportunités en termes de développement économique, de sécurité collective et d'intégration régionale.
La décision unilatérale de Tebboune de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc s’inscrit dans cette veine. Un geste déplorable, qui souligne une préférence pour la confrontation et non le dialogue. Ce n'est pas simplement une question de politique étrangère, mais un reflet alarmant de la manière dont Tebboune voit le monde : un espace où l'Algérie doit constamment lutter contre des ennemis, réels ou imaginés, plutôt que de chercher des alliances ou des compromis.
Victimisation à outrance Sa rhétorique, empreinte d'un nationalisme exacerbé, ne fait qu’alimenter les tensions. Ses discours sont truffés d'accusations et de théories du complot, peignant le Maroc comme l'antagoniste de service dans un jeu politique où l'Algérie serait perpétuellement la victime. Or, le développement de l'Algérie et sa stabilité ne se trouvent pas dans la confrontation perpétuelle avec le Maroc. Car ce narratif annihile non seulement les possibilités de réconciliation, mais dessert également les intérêts à long terme de l'Algérie, qui gagnerait beaucoup à stabiliser sa périphérie pour se concentrer sur ses nombreux défis internes.
L'ironie de cette posture est d'autant plus frappante que Tebboune a pris le pouvoir suite à un mouvement qui réclamait des réformes profondes et une ouverture politique. Pourtant, sous son administration, l'Algérie semble repliée sur elle-même, isolée, engagée dans des querelles de voisinage plutôt qu'en route vers le développement promis. Les citoyens, qui avaient espéré des changements substantiels, se retrouvent spectateurs d’une politique étrangère qui ressemble plus à une fuite en avant qu’à une stratégie réfléchie. D’autant que cette diplomatie de l’absurde ne sert finalement que les intérêts mesquins d’une élite étroite qui se maintient au pouvoir en agitant tantôt le Maroc comme épouvantail, tantôt la France et le poids du passé colonial.