Cette fois, plus aucun doute : le Maroc et l’Allemagne fument bien le calumet de la paix. Après avoir adopté une posture inamicale, hostile, voire irrévérencieuse envers le Royaume, qui a créé de vives tensions diplomatiques entre les deux pays, l’Allemagne joue à fond la carte de l’apaisement.
Résolument déterminé à tourner cette phase de tensions, qui a démarré officiellement début mars 2021 quand le Maroc a décidé de suspendre tout contact avec l'Ambassade d’Allemagne dans le Royaume, le pays du nouveau chancelier, Olaf Scholz, veut aujourd’hui remettre au centre des priorités les relations «fraternelles et amicales» entre les deux pays.
A la bonne heure ! Parce que, autant que l’on se souvienne, c’est l’Allemagne qui a sabordé ces relations et mis à mal la coopération bilatérale, en ayant une attitude négative sur la question du Sahara marocain et en combattant le rôle régional du Maroc, notamment sur le dossier libyen.
Aujourd’hui, plus de sujets qui fâchent. L’Allemagne a carrément changé de fusil d’épaule. Mi-décembre dernier, c’est sa diplomatie qui s’est signalée en déclarant dans un communiqué que le plan d’autonomie constitue «une contribution importante» de la part du Maroc pour résoudre le différend autour du Sahara.
Le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères a tout autant mis en exergue le «rôle majeur» que joue le Royaume «pour la stabilité et le développement durable dans la région. En témoigne notamment son engagement diplomatique en faveur du processus de paix libyen».
Ces annonces permettent d’envisager une relance de la coopération bilatérale et le retour à la normale du travail des représentations diplomatiques des deux pays à Rabat et à Berlin, avait alors rétorqué la diplomatie marocaine.
Le mercredi 5 janvier courant, c’est au plus haut sommet de l’Etat que tout s’est joué. Le président allemand a en effet apporté la dernière touche d’un processus de décrispation qui semble acté.
Dans un message adressé au Roi Mohammed VI, Frank-Walter Steinmeier précise que l’Allemagne «considère le plan d’autonomie présenté en 2007 comme un effort sérieux et crédible du Maroc et comme une bonne base pour parvenir à un accord» à ce différend régional.
Steinmeier souligne également la «contribution majeure» du Maroc «en faveur de la stabilité et du développement durable de la région», «l’engagement tout particulier du Maroc dans la lutte contre le terrorisme international (…)», «l’engagement actif» du Maroc «pour le processus de paix en Libye».
A l’évidence, c’est l’heure du réchauffement, après le vent frais qui a soufflé pendant plusieurs mois entre Rabat et Berlin. Et c’est un nouvel état d’esprit qui va vraisemblablement ponctuer les relations bilatérales. C’est sous ce prisme qu’il faut donc apprécier l’invitation adressée par le président allemand au Souverain, pour effectuer une «visite d’Etat en Allemagne», afin de «sceller un nouveau partenariat entre les deux pays».
F. Ouriaghli